À l'heure actuelle, n'importe qui peut inscrire sur
n'importe quoi le mot terroir. On peut très bien faire
comme madame Bougon : prendre une confiture commerciale,
la mettre dans un joli contenant, prétendre qu'elle
est maison et la vendre plus cher! Une chose est certaine
: pour ne pas se faire avoir, il faut d'abord savoir ce que
veut dire terroir.
Le terroir à la façon de madame Bougon
Depuis
quelques années, on voit apparaître bien des
produits dit du terroir. Mais il n'y a aucun contrôle
sur ces appellations, de quoi confondre le consommateur, et
même, d'en rire.
Dans la populaire série Les Bougons, madame
Bougon a bien du succès avec ses produits dits du terroir.
On la voit en train de préparer ses fameuse confitures.
« Ce qui donne le goût du terroir, c'est
le poivre qu'on ajoute », dira madame Bougon.
Une scène qui fait sourire Anne Desjardins, chef de
L'Eau à la bouche : « C'est
la caricature extrême de ce qui pourrait arriver. »
Quant à Suzanne Bergeron, co-propriétaire du
Marché des saveurs, cette même scène lui
rappelle des souvenirs: « Ça m'est
déjà arrivé. Le produit était
bon, la personne me disait qu'il venait de son jardin, qu'elle
faisait la transformation. Finalement, elle n'avait pas de
jardin! Mais elle transformait pas si mal que ça! »
Un vrai produit du terroir
Comment reconnaître un produit du terroir? Quelles
sont les caractéristiques d'un tel produit? Anne Desjardins : « On
peut bien dire que ça vient de telle ferme, mais qu'est-ce
qui me prouve que c'est vrai? »
Suzanne
Bergeron, co-propriétaire du Marché des saveurs
se pose des question sur un « ragoût de boulette
traditionnel, recette du terroir québécois » : « Premièrement,
il faudrait peut-être définir ce qu'est cette
recette du terroir. Et puis il n'y a pas vraiment la provenance.
[...] D'où viennent le porc, le buf et les oignons?
En tous cas, ma grand-mère ne mettait pas de protéines
de soya dans son ragoût. »
Anne Desjardins donne son avis sur un autre ragoût
du même genre : « Recette du
terroir québécois
On a été
chercher un mot savant. [
] Il faudrait presque que le
porc vienne d'une région bien spécifique. [
]
Il y a beaucoup de charge émotive dans ces mots. C'est
sûr que les gens du marketing l'ont bien compris. »
À quand la réglementation des produits du
terroir?
Anne Desjardins est la présidente du groupe de travail
sur les appellations réservées et les produits
du terroir. Le mandat du groupe est d'élaborer des
normes afin d'obtenir un système de certification.
Anne Desjardins : « On demande au
gouvernement d'être plus spécifique [...]. [Quand
un produit] va porter sur son étiquette le mot terroir,
artisanal ou fermier, il faudrait que ce soit défini.
Qu'est-ce que ça veut dire? »
Selon le rapport du groupe de travail, un produit fermier
se définit comme cultivé, ou élevé
et transformé à la ferme. Le rapport définit
un produit artisanal comme étant le résultat
d'un mode de production non industrialisé. Dans le
même document, on dit que le produit du terroir implique
nécessairement la notion de territoire et de tradition.
Suzanne Bergeron : « La seule chose
qui pourrait nous rassurer est justement une étiquette,
une dénomination. » Anne Desjardins : « Ce
n'est pas tout le monde qui va aller directement chez le producteur
pour vérifier si les fraises qu'il est en train de
mettre dans son petit pot sont bien des fraises du Québec. »
Selon Suzanne Bergeron, il n'y a présentement pas
grand-chose pour rassurer les consommateurs de produits du
terroir. Anne Desjardins : « En 96,
le gouvernement avait fait une loi sur les appellations réservées.
Mais depuis 96, seuls les produits bio les ont utilisées.
[
] L'appellation réservée ou contrôlée
veut dire que tu as un contrôle, que tu vas vérifier. »
Suzanne Bergeron croit qu'il est « important
de réglementer, d'avoir des étiquettes pour
que tout le monde puisse s'y retrouver. » Anne
Desjardins : « On veut juste clarifier
la situation. Je pense qu'on est rendu à un point où
tant les acheteurs venant des restaurants et des hôtels
que les consommateurs qui vont au marché public veulent
s'y reconnaître. »
En conclusion
À la suite du rapport du groupe de travail sur les
appellations réservées et les produits du terroir,
la ministre Françoise Gauthier, responsable du dossier,
a fait savoir jeudi dernier son intention de mettre en place,
dès l'automne prochain, un programme d'enregistrement
des produits qui encadrera l'utilisation des dénominations
« terroir », « fermier »
et « artisanal ».
Hyperliens :
Terroir
en ligne
Portail qui propose une liste de produits et de producteurs
oeuvrant dans la province de Québec.
Rapport
du groupe de travail sur les appellations réservées
et les produits du terroir
Rapport présenté à la ministre Gauthier
en octobre 2003. Format PDF.
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