Cuisiner dans un service de garde
[reportage du 4 mars 2004]
L'épicerie a rencontré à
Jonquière une jeune chef bien particulière.
Elle s'appelle Caroline Deschênes et a à coeur
la santé et l'éducation alimentaire de ses
très jeunes convives.
« Il
y a beaucoup de monde ce matin, c'est complet! Et ce sont
des clients très difficiles, qui savent ce qu'ils veulent
et ce qu'ils veulent pas! », rigole Caroline en
accueillant l'équipe de L'épicerie.
Les
clients de Caroline, ce sont les 60 enfants du centre
de la petite enfance La Souris verte, à Jonquière.
De fines bouches qui savent apprécier poulet forestier,
tartinade de la mer, baguettes italiennes et coquille de poissons...
En fait, des enfants qu'on a habitués à bien
manger!
« Les
enfants souffrent de plus en plus de diabète juvénile
et d'obésité, souligne Caroline. Pour enrayer
cela, je trouve vraiment important que les enfants apprennent
dès la petite enfance à manger santé. »
Que leur a-t-elle préparé aujourd'hui? « Comme
entrée, je fais une salade avec vinaigrette de framboises,
et comme plat principal, un pavé de saumon frais accompagné
de riz, d'un coulis de poivrons rouges et d'une jardinière
de légumes. »
« Dans
une alimentation santé, poursuit Caroline, ce qui est
aussi important, ce sont les techniques de cuisson. Par exemple,
j'utilise de l'huile d'olive. Je vais aussi souvent cuire
les viandes au four ou les pocher dans un bouillon pour éliminer
toute cuisson dans le gras ou toute friture. »
Caroline
cuisine et décide seule de la rotation des menus sur
une base de sept semaines. Pour le reste, elle peut compter
sur l'appui des éducatrices de la garderie, comme Kathy Dallaire :
« Si un enfant me dit : "Je ne veux pas
de ça", je pense que c'est important de lui dire :
"Écoute, si Caroline l'a fait, c'est que c'est
bon pour la santé. Je veux juste que tu y goûtes.
Je ne te force pas à le manger, mais goûtes-y."
Et ça fonctionne, il y goûte. »
L'une des particularités les plus surprenantes à
la Souris verte, c'est qu'après l'entrée, le
plat principal et le verre de lait, c'est fini! Pas de dessert!
« On
ne voulait vraiment pas survaloriser le sucre, explique Caroline.
Même si c'est un dessert santé, comme un yogourt
ou un fruit. Dans la tête de l'enfant, le dessert va
quand même toujours rester meilleur que la salade, le
potage, le poisson ou la viande. »
Des
enfants qui se nourrissent bien, à partir d'aliments
frais du jour... vous vous attendez sûrement à
ce que la facture soit salée? La réponse de
Louise Tremblay, directrice générale de la garderie,
va vous étonner : « Un pavé
de saumon avec coulis de poivron rouge avec les accompagnements
nous coûte 1,66 $ par portion. Pour l'année,
en moyenne, le coût du repas du midi et des deux collations
est d'environ 1,78 $ à 2 $ par jour par enfant.
Par contre, je peux vous dire qu'au départ, nous pensions
que ça nous coûterait plus cher. »
C'est
l'heure de la collation! Caroline a préparé
des bananes glacées. « Le secret est dans
la recherche et le travail, dit-elle. J'essaie aussi de me
mettre à la place d'un enfant et de me dire :
"Moi, si j'avais quatre ans, est-ce que j'aimerais manger
ça?". »
Le vrai secret du succès, c'est que dans la cuisine
de Caroline comme dans le bureau de la direction, l'alimentation
est réellement perçue comme une valeur éducative.
« Si pour le parent, c'est une sortie et un moment
privilégié d'aller chez McDonald avec son enfant,
ça appartient au parent, pas à nous!»
estime Mme Tremblay.
« Si
les enfants quittent la garderie en ayant les goûts
très développés, qu'ils sont capables
de tout manger, du poisson aux légumes en passant par
les produits laitiers, moi, j'ai réussi, lance Caroline.
J'ai suivi un cours en cuisine d'établissement et fait
un certificat en service de garde. Je n'ai pas eu à
choisir entre la cuisine et être éducatrice :
je suis comblée, je fais les deux! »
Caroline a bien des chapeaux
pour faire rire les petits!
Note
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