Le miel, cet or délicieux élaboré
par de grandes alchimistes, les abeilles, se décline
en plusieurs variétés sur les tablettes de
l'épicerie. Il est malheureusement, toutefois, de
plus en plus cher.
Le
miel provient de l'évaporation du nectar, le sucre
naturel des fleurs. Les abeilles recueillent ce nectar au
moment de la floraison. Pour fabriquer un pot de miel de 500 g,
les abeilles auront parcouru l'équivalent de deux fois
le tour de la Terre et butiné deux millions de fleurs.
Le goût du miel dépend justement de la source
de nectar.
Jean-Marc
Labonté, de Capilano Labonté, nous donne
plus d'information : « On reçoit beaucoup
de questions, notamment par Internet, nous demandant comment
on fait du miel de bleuet. On nous demande si on met de l'essence
de bleuet. Bien non! Les abeilles sont tout simplement transportées
dans les bleuetières du Saguenay-Lac-Saint-Jean. C'est
comme ça qu'on peut dire qu'on récolte du miel
de bleuet. Ce n'est jamais 100 % pur, mais c'est à
prédominance de miel de bleuet. Même chose pour
le miel de sarrazin. Dans la région de Louiseville,
les gens sèment du sarrazin pour enrichir leur terrain.
Ils ont besoin d'abeilles pour féconder les fleurs
de sarrasin. Après la pollinisation, nous ramassons
le miel. »
La
fertilisation des cultures par les abeilles est devenue un
sous-produit important pour cette industrie. En plus de vendre
son miel, l'apiculteur loue ses ruches, ce qui lui assure
deux sources de revenu. Trois quarts du miel canadien provient
de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba, où
on retrouve de grandes cultures céréalières
et fruitières. Le Québec en produit à
peine 5 %.
Une
entreprise comme Miel Labonté, le principal emballeur
de l'est du pays, doit donc en importer des Prairies, mais
aussi d'Asie ou d'Argentine.
Josée Michaud,
superviseure de production chez Capilano Labonté, nous
explique les différentes étapes qui suivent
l'importation : « Lorsque le miel arrive dans
notre usine, quand nous n'avons pas de certificat d'analyse
des fournisseurs de miel, nous les faisons analyser par des
laboratoires externes. Ils analysent la pureté du miel
ainsi que les résidus d'antibiotiques et de pesticides.
À l'interne, nous analysons la couleur, le goût
et l'humidité de nos miels. »
Le
miel arrive sous forme solide dans ces barils. On le fait
fondre lentement dans une chambre, juste assez chaude pour
ne pas altérer ses propriétés lors de
l'opération. Il est ensuite filtré et classé
par catégories. On trouve le miel blanc, le doré,
l'ambré et le foncé.
Les
catégories de miel
Mme Michaud nous explique
la différence entre les miels : « Le
miel blanc (le premier à gauche),
est plus doux au goût. Ceux qui aiment un
miel douxdevraient toujours choisir un
miel pâle. Le deuxième à gauche
est le miel doré. La différence
entre les miels blanc et doré, c'est vraiment
la couleur, pas nécessairement le goût.
Plus on monte dans l'échelle des couleurs,
plus le goût devient corsé. Le miel
ambré est souvent plus utile dans les
recettes alors que le miel foncé,
de sarrasin ici, va plaire à ceux qui aiment
les galettes de sarrasin, puisque c'est un goût
vraiment corsé. »
Il
existe plus de 300 sortes de miel en Amérique
du Nord. Selon la couleur, mais aussi selon l'essence des
fleurs butinées. Quelles que soient les variétés,
le miel est toujours composé à 80 % de
sucres, le fructose et le glucose, d'un peu d'eau, de vitamines
et de minéraux.
« Le miel, c'est un produit 100 % pur, dit
M. Labonté, très bon pour la santé,
qui remplace le sucre à tous les égards. Les
gens mettent une cuillérée de miel pour remplacer
une cuillérée de sucre. Il ne faut jamais faire
ça. Il faut mettre un quart de cuillérée
de miel pour remplacer une cuillérée à
thé de sucre parce que le miel est beaucoup plus riche
que le sucre. »
Les
qualités antiseptiques du miel
Des études et l'expérience
ont prouvé que le peroxyde d'hydrogène
que contient le miel agit sur les ulcères
et les brûlures.
« Quand on se coupe un
doigt, habituellement on met dessus du peroxyde,
par exemple, raconte M. Labonté. Mettez
juste du miel sur le bobo et vous allez voir qu'en
quelques jours, il est guéri. Le miel est
en lui-même un antiseptique. »
Comment doit-on conserver le miel? « Gardez votre
miel au réfrigérateur, répond M. Labonté.
Il se conservera des centaines d'années. Celui que
vous utilisez à tous les jours, vous pouvez le garder
dans votre armoire de cuisine, dans un contenant bien fermé.
Toujours bien fermé, parce que le miel est un produit
hydrofuge qui attire l'humidité. Si vous laissez le
couvercle enlevé, il va attirer l'humidité.
Il peut même fermenter. »
Il arrive toutefois que le miel se cristallise avec le temps.
Sachez que, paradoxalement, c'est un signe de sa qualité.
Pourquoi le miel coûte-t-il plus cher qu'auparavant?
Depuis
un an, ce plaisir sucré a un prix plutôt... salé!
Il est deux fois plus cher sur les tablettes. C'est que, pendant
longtemps, les emballeurs canadiens importaient du miel de
Chine. Or, depuis un an, ce miel est interdit au Canada parce
qu'on y a décelé des traces d'antibiotiques
néfastes pour la santé humaine. Des entreprises
comme Miel Labonté ont dû retirer certains produits
des tablettes.
André
Pettigrew, agronome pour le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec,
explique l'état de la situation : « Quelque
40 % du miel produit au monde provient du miel chinois.
Actuellement, il est banni autant au Canada qu'aux États-Unis.
Tout dépendra des autorisations qui seront prises d'importer
ou non du miel chinois à l'avenir. Mais tant que le
miel chinois ne sera pas disponible pour des raisons sanitaires,
je ne pense pas que le prix baissera. »
Miel
Labonté ne pourra pas compter non plus sur la récolte
québécoise. Plus de la moitié des ruches
ont été décimées en 2003 par un
redoutable petit vampire, le varroa, un parasite de l'abeille.
Pour assurer ses réserves, l'entreprise de Victoriaville
s'est associée récemment avec Capilano, un géant
australien, ce qui fera passer sa production de deux à
cinq millions de livres par année.
« Nous avons ainsi assuré nos approvisionnements,
indique M. Labonté. Ça va aussi empêcher
des augmentations de prix qui pourraient être très
importantes dans le futur. Les réserves mondiales en
miel ont en effet diminué de façon appréciable
en raison du varroa qui a fait des ravages énormes
dans le monde entier. »
L'entreprise
importera donc du miel provenant de l'autre bout du globe.
Mais tout compte fait, l'Australie, ce n'est pas si loin quand
on compare aux 100 000 kilomètres parcourus
par les abeilles pour donner un petit pot de miel de 500 g.!
Encore
d'autres types de miels
Le
miel pasteurisé est un miel qui a été
chauffé et qui a un taux d'humidité
plus élevé. C'est également
un miel qui demeurera liquide plus longtemps.
Quant au miel crémeux,
c'est un mélange de miel liquide et de
miel qui a commencé à cristalliser.
« Nous sommes les abeilles
de l'Univers.
Nous butinons éperdument le miel du visible
pour l'accumuler dans la grande ruche d'or de
l'invisible. »
La
varroase des abeilles Article écrit par deux agronomes
sur le dépistage de la varroase et la lutte
(entre autres écologique et biologique)
contre le parasite. Site des projets d'agriculture
écologique de l'Université McGill.
La
varroase : autre point de vue scientifique Article scientifique sur la varroase
écrit par un vétérinaire
du Laboratoire de pathologie animale du ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
du Québec (document en format pdf).
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en compagnie de l'animatrice Madeleine Roy
et de l'animateur Denis Gagné.