Les Inuits, qui sont sur la ligne
de feu, vivent durement ces changements. C’est tout leur
univers qui bascule. Des millénaires de savoir traditionnel
ne servent plus à rien.
«
Ce qui fait peur, c’est l’incertitude, parce que nous
ne savons plus quand voyager sur la banquise. Notre nourriture
est de plus en plus éloignée. Nous ne pouvons plus
décoder la météo comme avant. Toute notre
façon de vivre s’en trouve transformée »,
témoigne Rosemary Kuptana, une citoyenne du Grand Nord.
John Keogap ajoute : « Nous sommes très
bons quand vient le temps de nous adapter aux changements, mais
là, qui sait ce qu’il va arriver. »
Ce climat d’incertitude plane
maintenant sur tous les habitants del’hémisphère
Nord, et pas seulement sur les communautés nordiques. «
Le problème des changements climatiques n’est d’aucun
intérêt pour la planète; ça ne concerne
que les gens, prétend David Barber. Ce sont les gens et
l’économie qu’ils font rouler qui sont importants.
Un producteur de blé de l’ouest, ce qu’il veut,
c’est une période de croissance stable avec la bonne
quantité d’eau distribuée tout au long de
l’année. Le problème avec les changements
climatiques, c’est l’incertitude qui vient avec l’instabilité
du système climatique. C’est ça qui est important!
»
Si la machine climatique s’emballe
et que les ruptures d’équilibre sont brutales, aurons-nous
le temps de nous adapter? Serons-nous les petits écureuils
roux du Yukon capables d’évoluer en quelques années,
ou les ours polaires du sud-ouest de la baie d’Hudson dont
les jours semblent comptés?
Les
chercheurs sont curieux, et inquiets. En septembre dernier,
sous la direction de Louis Fortier, un des chercheurs qu’on
a vus dans le reportage, le bateau de recherche Amundsen a
pris la direction de la mer de Beaufort, où il s’installera
pendant 12 mois, dont 7 au cours desquels il demeurera pris
dans les glaces de la banquise. Cette expédition scientifique
est la plus complète à ce jour à être
effectuée dans l’Arctique pour y observer les
impacts du réchauffement planétaire. Découverte
suivra l’affaire de près. |
Journaliste : Mario Masson Réalisatrice
: Jeannita Richard
Adaptation pour Internet : Karine Boucher et Caroline Paulhus
Correction : Josée Bilodeau
© Radio-Canada.ca 2003