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Chaos pour l’avenir
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Churchill, en bordure de la baie d’Hudson – Quelque 1200 ours polaires vivent en permanence dans cette région. Le chercheur Ian Stirling, du Service canadien de la faune, les fréquente depuis 30 ans. Ce qu’il constate le laisse perplexe. Non seulement l’indice de gras relevé sur les bêtes est trop faible, mais leur natalité a chuté de 15 %. Les ours polaires de cette région, comme leurs congénères du sud-ouest de la baie d’Hudson, ne mangent pas à leur faim. La graisse dont les ours ont besoin pour survivre l’hiver et mettre bas provient des jeunes phoques et des jeunes morses qui voient le jour sur la banquise. Le problème, c’est que cette banquise est en train de disparaître.

Voici à quoi elle ressemblait, le 1er juillet, il y a une dizaine d’années. Elle commençait tout juste à fondre. Sur cette autre photo-satellite, prise au début de juillet 1999, il n’y a plus de glace, plus de banquise, que de l’eau sur toute l’étendue de la baie d’Hudson. Depuis, la tendance se maintient.

À ce rythme, la banquise de la baie d’Hudson aura effectivement disparu d’ici 40 ans.

« Alors, s’il y a de moins en moins de glace et que le climat continue à se réchauffer, je ne veux pas faire de sensationnalisme, mais il n’y aura plus d’ours polaires dans cette partie du monde », conclut Ian Stirling. À ce rythme, la banquise de la baie d’Hudson aura effectivement disparu d’ici 40 ans. Même la grande banquise arctique, que l’on croyait indestructible, est menacée. Le couvert de glace qui coiffe cet immense écosystème fait 15 millions de kilomètres carrés en hiver, et 7 millions de kilomètres carrés en été. Mais depuis 1978, ce couvert de glace estival s’est réduit de 18 %. D’ailleurs, en septembre dernier, même les grandes plates-formes de glace, comme celle de Ward Hunt sur les côtes de l’île d’Ellesmere, ont commencé à se désagréger.

L’épaisseur de la banquise aussi en prend un coup. « La banquise est un film très mince. En fait, toute proportion gardée, [elle ne dépasse pas] 2 ou 3 mètres d'épaisseur. Et cette épaisseur est peut-être réduite de 40 ou 42 % depuis une trentaine d'années », a noté Louis Fortier, océanographe.

Ce professeur en biologie à l’Université Laval de Québec, navigue dans les eaux du Grand Nord depuis 25 ans. Son champ d’étude : la chaîne alimentaire, appelée « chaîne trophique » puisque ce sont les algues qui sont l’ingrédient de base. Avec la réduction de la banquise, ces algues prolifèrent et viennent augmenter les réserves nutritives de la région. Dans son laboratoire, l’équipe de Louis Fortier travaille à identifier toutes les espèces qui viennent brouter ses algues. En tête de liste, les copépodes, un groupe de crustacés dont sont très friandes les morues arctiques. « Ce poisson-là est vraiment au cœur de la chaîne trophique. Il va nourrir les oiseaux, les baleines, les phoques, etc. Donc, la faune unique de vertébrés carnivores qui caractérise l'Arctique, qui est vraiment l'étiquette de l'océan Arctique, va se nourrir de cette morue arctique, qui elle dépend des copépodes. »

Cette abondance de copépodes, est-ce une bonne nouvelle pour la morue arctique? Attention! Rien n’est jamais simple dans le Grand Nord. Avec le réchauffement climatique, l’océan Arctique n’est plus une mer close. Le passage du Nord-Ouest, avant de faciliter le transit des bateaux par le pôle Nord, permet déjà l’introduction du saumon du Pacifique et de la morue franche de l’Atlantique. Deux espèces agressives qui feront la vie dure à la morue de l’Arctique. Ce n’est que le début d’intrusions qui pourraient s’avérer beaucoup plus pernicieuses pour les Inuits, qui consomment de grandes quantités d’aliments tirés de la mer. « On pense en particulier à des espèces de dinoflagellés, qui sont des micro-algues toxiques, comme l’alexandrium tamarence. [Cette algue se retrouve], par exemple, dans l'estuaire et dans le golfe du Saint-Laurent. [En raison de sa toxicité], les mollusques disponibles dans l'estuaire et dans le golfe ne peuvent pas être mis en marché, ne peuvent pas être consommés. »

Journaliste : Mario Masson     Réalisatrice : Jeannita Richard
Adaptation pour Internet : Karine Boucher et Caroline Paulhus
Correction : Josée Bilodeau

© Radio-Canada.ca 2003

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