Faribanks,
Alaska – À l’autre extrémité
du spectre polaire, on retrouve les glaciers. Ces monstres, dont
certains sont grands comme l’île du Prince-Édouard,
parlent aussi du réchauffement. Ils sont en retraite pratiquement
partout dans le monde. C’est ce qu’a constaté
Anthony Arendt, du Geological Institute à Fairbanks, en
Alaska. Ce Canadien d’origine avait travaillé auparavant
sur les glaciers du Haut Arctique canadien et des Rocheuses. Comme
le glacier Peyto. En 100 ans, ce glacier a régressé
d’un kilomètre.
« Qu’un glacier
grandisse ou rapetisse dépend de la quantité de
neige qu’il reçoit pendant l’hiver et de la
température pendant l’été. Donc, le
fait que les glaciers se transforment indique un changement, peut-être
des étés plus chauds ou moins de précipitations
pendant l’hiver », explique Anthony
Arendt. Des Rocheuses aux Andes, en passant par les Alpes et l’Himalaya,
non seulement les glaciers régressent-ils, mais ils maigrissent.
En
Alaska, on a utilisé une caméra montée sous
un avion pour mesurer le relief des glaciers. L’analyse
de ces données a démontré qu’ils ont
perdu jusqu’à 30 % de leur masse depuis 50 ans. «
Nous devons identifier les glaciers, leur emplacement et leur
nombre. On n’en sait pas grand-chose maintenant. Nous devons
être capables de répondre aux questions : combien
y a-t-il de glaciers, et où sont-ils? Car un grand nombre
de glaciers auront disparu d’ici 10 ou 20 ans, et nous ne
serons plus capables d’en déterminer l’exacte
position », précise M. Arendt.
À peine une centaine de glaciers
sont suivis sur une base régulière, parmi les quelque
200 000 glaciers de la planète. C’est un sujet négligé,
et pourtant ils occupent 10 % de tout le territoire. Les glaciers
sont la source de nombreuses rivières partout dans le monde.
Sans eux, pas d’eau potable ni d’eau pour l’agriculture.
Ceux qui seraient les premiers à en souffrir sont les centaines
de millions de pauvres de la planète.
Déjà, deux villages côtiers, Shishmaref
et Kivalina, doivent être relocalisés. |
Bien
sûr, ce n’est pas la même chose en Alaska. Par
contre, la fonte des glaciers cause d’autres problèmes,
comme la hausse locale du niveau de la mer. «
Nous estimons entre un et trois millimètres la contribution
annuelle de la fonte des glaciers de l’Alaska à la
hausse du niveau de la mer, ajoute M. Arendt. Ça a l’air
de rien, mais même de petits changements peuvent avoir de
grands effets sur les régions côtières. Beaucoup
de ces régions côtières sont faites de longues
pentes douces. Une petite hausse du niveau de la mer, et c’est
assez pour faire avancer l’eau à l’intérieur
des terres et détruire ces régions. Votre propriété
pourrait bien commencer à se désintégrer
à certains endroits. » Déjà,
deux villages côtiers, Shishmaref et Kivalina, doivent être
relocalisés. Et ils ne sont pas des cas d’exception.
Beaucoup d’autres villages nordiques sont justement construits
sur de telles pentes douces, car elles permettent un accès
facile à la mer.
Journaliste : Mario Masson Réalisatrice
: Jeannita Richard
Adaptation pour Internet : Karine Boucher et Caroline Paulhus
Correction : Josée Bilodeau
© Radio-Canada.ca 2003