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Anick Lemay | Photo : KOTV

La comédienne Anick Lemay a lancé il y a quelques jours un appel à l’aide sur son compte Instagram, en y partageant une campagne de sociofinancement GoFundMe. L’objectif : récolter de l’argent pour son restaurant Mam’zelle Pub, à Magog, qu’elle a ouvert en 2014 avec sa sœur et sa mère.

Le 18 janvier prochain, on doit rembourser le 40K que le gouvernement nous avait donné pour rester à flots. On ne l’a pas, peut-on lire sur la page de sociofinancement GoFundMe publiée par l’actrice.

Elle y explique que le restaurant a connu de nombreuses difficultés depuis 2019, quand la ville de Magog a "éventré" le centre-ville, une catastrophe pour les commerces selon elle. A suivi la pandémie qui a fortement secoué le milieu de la restauration, et depuis, les difficultés à trouver du personnel et à faire face à l’inflation.

Au moment d’écrire ces lignes, elle avait récolté 7000 $, en quatre jours. Elle souhaite amasser 100 000 $, dont 40 000 $ pour rembourser une partie d’un prêt du gouvernement fédéral et avoir droit à une remise de prêt(Nouvelle fenêtre). Les 60 000 $ restant serviraient à payer leurs fournisseurs et le personnel – parce que Magog, l’hiver, c’est tranquille, indique-t-on – et à s’assurer de pouvoir offrir un salaire digne de ce nom à notre prochain.e chef.fe.

Le Mam’zelle Pub est loin d’être le seul restaurant à se retrouver dans des eaux troubles à quelques jours de l’échéance du 18 janvier. Sans qu’elles soient nécessairement liées au remboursement du prêt fédéral, les fermetures se sont enchaînées ces dernières semaines.

Il y a une inquiétude dans l’industrie pour [les restaurants] qui ne pensent pas arriver à l’échéance, selon Martin Vézina, porte-parole de l’Association Restauration Québec (ARQ).

L’organisation, qui continue de réclamer un autre report de la date limite de paiement pour avoir droit à une remise de prêt, encourage ses membres à évaluer les options de refinancement existantes pour y avoir droit.

Une initiative controversée

L'initiative d’Anick Lemay s’est transformée en controverse sur les réseaux sociaux, suscitant de multiples réactions. Le restaurant a reçu de nombreux messages de soutien, provenant entre autres de fans de la comédienne. J’aime beaucoup cette comédienne, elle le mérite grandement, a notamment écrit une personne qui a fait un don à la campagne GoFundMe.

Mais d’autres se demandent pourquoi le public devrait être mis à contribution pour sauver le restaurant. Une publication sur X (anciennement Twitter) où l’entrepreneur François Lambert affirme qu’un GoFund Me ne devrait jamais être utilisé pour sauver une entreprise, a beaucoup circulé, suscitant de vifs débats.

Martin Vézina, de l’ARQ, dit avoir été surpris par la campagne de sociofinancement lancée par Annick Lemay pour sauver son établissement. Ça peut être une solution, tout comme de demander un prêt à une banque, avance-t-il, en affirmant qu’il a rarement vu des initiatives du genre en restauration. Le restaurant a décliné notre demande d’entrevue à ce sujet.

Avant de se lancer dans cette avenue, il faut bien connaître le niveau d’engagement de sa clientèle, selon Martin Vézina. Dans ce cas, comme la campagne est menée par une artiste reconnue, cela pourrait favoriser une adhésion plus rapide des consommateurs.

Mais c’est une arme à double tranchant, selon lui. Ça peut fonctionner, ou ça peut être dépeint négativement par certains commentateurs, qui ont par exemple dit : "Pourquoi contribuer à une entreprise qui ne fonctionne pas?" Il faut faire toute cette réflexion avant de se lancer dans le sociofinancement.

Anick Lemay | Photo : KOTV