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Le Bon Délire attire une clientèle diverse adepte des dive bars.  | Photo : Gracieuseté : Madeleine Plamondon

Les dive bars sont réputés pour leurs soirées arrosées dans des ambiances plutôt glauques, mais toujours sans prétention. La nourriture n’y est généralement pas la vedette, mais les bières pas chères, oui. Ce style, qui n'a jamais vraiment disparu, semble connaître une seconde vie. Avez-vous un de ces bars de quartier près de chez vous?

Des dive bars montréalais nouveau genre comme le Double’s Late Night, le Bon Délire et le Turbo Haüs s’ajoutent à l’offre traditionnelle d’institutions telles que le Barfly et les Verres stérilisés, aussi à Montréal. Les plus récents bars s’inspirent des décors plutôt ringards associés à ces endroits avec des motifs léopards quadrillés et des éclairages aux couleurs rétro.

On y retrouve une clientèle régulière avec une boisson pas chère à la main. Oubliez la piètre réputation longtemps associée aux tavernes! Ces espaces se veulent plus inclusifs que jamais.

Le décor du Bon Délire a été imaginé par ses propriétaires et la firme Gauley Brothers.
Le décor du Bon Délire a été imaginé par ses propriétaires et la firme Gauley Brothers. | Photo : Gracieuseté : Madeleine Plamondon

Ces nouveaux venus ressemblent à s’y méprendre à d’authentiques dive bars. Selon Thomas Yeo, copropriétaire du Bon Délire, cette renaissance ressemble à la montée en popularité des bars à cocktail du début des années 2000 à 2010.

« Le public veut retourner à une ambiance plus décontractée où les boissons sont moins chères et où on peut rencontrer des gens en ayant du fun. »

— Une citation de  Thomas Yeo

Le décor du Bon Délire, dans le quartier Saint-Henri, a été imaginé par les propriétaires du Groupe Barroco et la firme Gauley Brothers. Ouvert en 2023, le bar emprunte les codes classiques de la fin des années 90 avec sa table de billard recouverte d’un tapis léopard et ses banquettes en cuir beige. L’esprit de l’établissement s’éloigne des autres bars appartenant à l'équipe, soit le Atwater Cocktail Club et le Milky Way.

Des bars pour l’inflation

Dans un contexte inflationniste où la clientèle cherche à économiser, la popularité de ces endroits n’étonne pas les propriétaires Thomas Yeo, du Bon Délire, et Sergio Da Silva, du Turbo Haüs. Ce dernier y va même d’une règle d’or : « Si la boisson la moins chère au menu est à 14 $, vous n’êtes pas dans un dive bar. » 

Les nouveaux dive bars empruntent les codes des institutions qui ont popularisé le style.
Les nouveaux dive bars empruntent les codes des institutions qui ont popularisé le style.  | Photo : Gracieuseté :Madeleine Plamondon

Thomas Yeo note que la clientèle n’a pas perdu cette envie de s’amuser malgré la situation économique actuelle. Mais elle ne le fait pas à n’importe quel prix. Cette formule plus abordable permet à ces établissements de compter des personnes qui reviennent régulièrement, et ainsi, à bâtir l’âme de l’endroit.

Les nouveaux établissements élargissent toutefois leur offre. Ainsi, les cartes du Bon Délire et du Turbo Haüs affichent des options de vin nature et de cocktail plus haut de gamme. Ces produits côtoient des bières abordables et d’autres spécialités du moment.

On peut créer une ambiance esthétique et faire tout ce que l’on peut pour ressembler à un dive bar, soutient Sergio Da Silva. Si la clientèle ne représente pas les valeurs d’inclusion du dive, on le voit tout de suite que ce n’est pas authentique.

Des espaces communautaires

Le Turbo Haüs, sur la rue Saint-Denis, à Montréal, réunit des groupes éclectiques.
Le Turbo Haüs, sur la rue Saint-Denis, à Montréal, réunit des groupes éclectiques.  | Photo : Gracieuseté : Rose Cormier

Impossible de dissocier les bars de quartier de leur communauté. Le truc avec les dive bars, c’est qu’on ne peut pas en créer, estime Sergio Da Silva, propriétaire de Turbo Haüs. C’est la clientèle qui fait le bar.

D’abord dans le quartier Saint-Henri, le Turbo Haüs a rassemblé des adeptes de musique dans une ambiance éclectique avant de devenir officiellement une salle de spectacle. Son nouvel emplacement sur la rue Saint-Denis, dans le Quartier latin, a conservé son essence punk tout en diversifiant ses activités. L’ancien bassiste du groupe Trigger Effect souhaite offrir un environnement inclusif.

Sergio Da Silva veut favoriser un espace inclusif au Turbo Haüs.
Sergio Da Silva veut favoriser un espace inclusif au Turbo Haüs.  | Photo : Gracieuseté : Rose Cormier

« Un bar est avant tout un espace communautaire qui doit être accessible à tout le monde. »

— Une citation de  Sergio Da Silva

Les multiples soirées et concerts organisés au Turbo Haüs attirent des groupes variés qui se mélangent facilement. Personne ne se prend au sérieux, soutient Sergio Da Silva. La clientèle vient parfois pour boire une pinte de bière, écouter un match de sports ou se rencontrer entre amis. L’habillement n’importe pas. Tout le monde est le bienvenu.

L’attrait des dive bars

Le Barfly, dans Le Plateau-Mont-Royal, n’a que faire des étiquettes. Depuis son ouverture en 1996, l’établissement s’est valu la réputation d’offrir un endroit simple et accueillant pour découvrir des artistes de la scène locale. C’est un vrai dive bar.

« Tout le monde connaît ton nom, mais personne ne s’en souvient en fin de soirée. »

— Une citation de  Gwendolyn Gauthier

Gwendolyn Gauthier ne pense pas que les dive bars aient un style en particulier. Pour elle, l’authenticité ne s’achète pas. La propriétaire observe que la clientèle recherche des endroits plus chaleureux et communautaires où se rassembler sans prétention. « Si on veut appeler ça, un dive… pourquoi pas! », ajoute-t-elle.

Le Bon Délire attire une clientèle diverse adepte des dive bars.  | Photo : Gracieuseté : Madeleine Plamondon