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Maxime Boisvert et Marguerite Rousseau font revivre un joyau du village de Leclercville, dans Lotbinière, ainsi qu’un goût ancré dans le terroir local.  | Photo : Radio-Canada / Allison Van Rassel

Couple dans la vie comme en affaires, Maxime Boisvert et Marguerite Rousseau exploitent depuis le mois de mai une boulangerie artisanale dans le local de l'ancien magasin général de Leclercville, laissé vacant depuis sa fermeture, dans les années 80. Armés d’un savoir-faire et d’un blé biologique qui pousse dans les prés avoisinants, Maxime et Marguerite font revivre un témoin du passé, ainsi qu’un goût ancré dans le territoire local. 

 Regarde la pancarte au-dessus de notre présentoir, elle a plus de 100 ans et était cachée dans le fond du grenier, me raconte Marguerite lors de mes premiers instants entre les murs de l’établissement. La femme d’affaires, dotée d’un flair de brocanteuse, fait ressurgir bien des souvenirs à la population leclercvilloise grâce aux œuvres qui ornent sa boutique.  On nous raconte des anecdotes sur cette pancarte tous les jours , poursuit à son tour Maxime. 

De l’extérieur, nul ne pourrait imaginer autant de beauté. La bâtisse de brique rouge qui abrite le magasin est en partie cachée par un mur de pierre qui longe la route Marie-Victorin. 

Tout plein d’objets décoratifs mettent en valeur la personnalité du couple propriétaire de la boulangerie.
Tout plein d’objets décoratifs mettent en valeur la personnalité du couple propriétaire de la boulangerie. | Photo : Radio-Canada / Allison Van Rassel

Le premier coup d’œil à l’intérieur est magistral. Un immense escalier de bois d’érable accueille la clientèle dans le commerce. Il y a une petite salle à manger avec une salle d’eau, une banquette et un comptoir le long d’une grande fenêtre. Le plancher est d’origine, fraîchement sablé et huilé. Soudainement, ça sent le grain, une odeur si distincte et réconfortante. 

« La première fois qu’on a visité, ça me faisait penser aux photos des immeubles en décrépitude de Détroit. Heureusement, c’est l’esprit du lieu qui nous a accrochés. Il y a eu des gens qui sont passés ici, ç’a été un lieu rassembleur. On a vu un potentiel créatif vraiment stimulant. Alors, on a donné un peu d’amour. »

— Une citation de  Maxime Boisvert, copropriétaire et boulanger à la Boulangerie du Chêne
Le trésor de la Boulangerie du Chêne, le pain du Chêne.
Le trésor de la Boulangerie du Chêne, le pain du Chêne.  | Photo : Radio-Canada / Allison Van Rassel

Trésor du terroir local

Boulanger de profession, employé de la fameuse boulangerie Niemand de Kamouraska jusqu’à ce que la COVID-19 frappe, Maxime fait partie d’une nouvelle génération d’artisans et d'artisanes du pain qui façonne exclusivement à partir de levain et des farines locales, obtenues en circuit court, qui offrent une saveur unique. 

« Ça goûte le blé d’ici. On veut faire ça en région, pour une communauté, parce qu’on est habitué de vivre en campagne, on est souvent dehors, dans le bois. On aime ça quand c’est tranquille et on aime la vibe de reconnaître les gens. »

— Une citation de  Maxime Boisvert, copropriétaire et boulanger à la Boulangerie du Chêne
Les pains fermentent dans des moules de métal offerts par l’ancien employeur de Maxime et Marguerite, la Boulangerie Niemand de Kamouraska.
Les pains fermentent dans des moules de métal offerts par l’ancien employeur de Maxime et Marguerite, la Boulangerie Niemand de Kamouraska. | Photo : Radio-Canada / Allison Van Rassel

Le trésor de la Boulangerie du Chêne, située à quelques pas de la rivière du Chêne et du majestueux fleuve Saint-Laurent, est le pain du Chêne. Ce pain carré, cuit dans un moule de métal, met en valeur le blé certifié biologique de la famille Guimond, qui œuvre derrière la ferme Denichel, du rang du Castor, à Leclercville. Cette offre locale exprime vivement la philosophie des commerçants.

La première chose que j’ai faite lorsqu’on a décidé de s’aménager ici, c’est de trouver un producteur local, raconte l’artisan. J’ai réussi à mettre la main sur une tonne de grains que j’ai pu faire moudre à forfait au moulin La Pierre, dit le boulanger en parlant du moulin patrimonial exploité par Éric Lamontagne à Saint-Norbert-d’Arthabaska.

« On veut faire un pain qui est bon, qui est original, mais surtout qui est nutritif avec un grain qui pousse sur le territoire. »

— Une citation de  Maxime Boisvert, copropriétaire et boulanger à la Boulangerie du Chêne
La mie du pain est dense, moelleuse, mais surtout élastique. Cette particularité témoigne d’un gluten bien développé.
La mie du pain est dense, moelleuse, mais surtout élastique. Cette particularité témoigne d’un gluten bien développé.  | Photo : Radio-Canada / Allison Van Rassel

Le parfum de ce pain à l’allure rustique est séduisant grâce à la farine de grains moulus sur meule de pierre. L’utilisation du levain maison à partir de cette même farine y est aussi pour beaucoup. Le levain ajoute un peu d’acidité à la mie en raison d’une fermentation dite en direct de plus de 24 heures, produite à la température de la pièce. Cela donne une signature aromatique au pain.

On a commencé avec la miche blanche, mais avec une farine moulue sur pierre. Ce n’est pas un pain blanc, il est beige avec des picots foncés, parce qu’il y a plus de son dans la farine, raconte à son tour Marguerite. L’entrepreneuse est le lien direct entre le boulanger et la clientèle. 

Depuis qu’on offre ce pain-ci, il y a un monsieur du village qui ne jure que par lui. On avait des appréhensions, mais les gens veulent juste du vrai pain. Ils goûtent la différence, ils sont fiers de savoir que c’est fait avec une farine d’ici et ils reviennent nous voir. Ça, ça fait vraiment plaisir.

Tous les mardis, le couple emprunte les routes de la région pour s’approvisionner en aliments : Sainte-Agathe-de-Lotbinière pour le miel, Saint-Flavien pour le fromage (la boulangerie propose l’unique fromage à pâte molle de type chevrotin du fromager Jac le Chevrier!), Dosquet et Sainte-Croix pour le jambon et les œufs. Je vois dans ces deux jeunes entrepreneurs l’avenir de la boulangerie artisanale du Québec.

Ne partez pas sans la brioche à la cannelle et son coulis à l’érable. Elle est décadente, mais peu lourde sur l’estomac, car la pâte gonflée au levain profite aussi d’une longue fermentation.
Ne partez pas sans la brioche à la cannelle et son coulis à l’érable. Elle est décadente, mais peu lourde sur l’estomac, car la pâte gonflée au levain profite aussi d’une longue fermentation. | Photo : Radio-Canada / Allison Van Rassel

On essaie des trucs, poursuit Maxime. On veut juste que les gens entrent ici, qu’ils aient une offre pour manger et qu’ils ressortent heureux avec le ventre plein. Chose certaine, je quitte avec le plaisir d’avoir dégusté un pain au goût à jamais fixé dans le terroir de Lotbinière.


Boulangerie du Chêne
8030, route Marie-Victorin, Leclercville
boulangerieduchene.com(Nouvelle fenêtre)

Maxime Boisvert et Marguerite Rousseau font revivre un joyau du village de Leclercville, dans Lotbinière, ainsi qu’un goût ancré dans le terroir local.  | Photo : Radio-Canada / Allison Van Rassel