Pour
notre dernière émission de
la saison, nous avons pensé à
ceux et celles qui planifient un séjour
à l'étranger ou qui rêvent
de soleil. Afin d'alimenter cette fièvre
du voyage, quoi de mieux que de lire et
de se laisser séduire! Mais c'est
justement là qu'on risque de se faire
avoir!
Journaliste : Pierre Craig
Réalisateur : André Gariépy
Dans le cahier vacances-voyages de La Presse
du 21 février, voici ce qu'on peut
lire : « Excellents hôtels,
forfaits vacances incroyables, meilleurs prix
sous le soleil, toujours moins cher! »
Est-ce qu'on nous dit la vérité
toute la vérité?
Cinq
voyageurs potentiels, David, Louise, Nathalie,
Michelle et Sylvain, ont examiné
avec nous la classification des hôtels
pour les destinations soleil.
David : « Moi, j'aurais tendance
à ne pas descendre en bas du 3 étoiles.
Je ne ferais pas confiance. Dans ma tête,
un hôtel en bas de 3 étoiles
a des coquerelles. »
La Facture a analysé en détail
la classification des hôtels à
Cuba. Nous avons découvert que le
nombre d'étoiles accordées
à neuf de ces hôtels est loin
d'être identique d'une annonce à
l'autre.
Par exemple, le Brisas Santa Lucia obtient
4 étoiles chez Vacances Escomptes,
mais seulement 3 étoiles chez Vacances
Soleil! Quant au Playa Coco, Vacances Soleil
lui accorde 4 étoiles et Vacances
Escomptes, 5 étoiles plus! Une étoile
et demie de différence!
Sylvain : « Ça nous
laisse l'impression que cette agence de
voyage a la cote facile. »
Nathalie : « Je me dis que
ça peut s'acheter des étoiles. »
Vacances Escomptes donne aux hôtels
cubains des cotes qui varient d'une semaine
à l'autre! Un endroit, 5 étoiles
plus au Playa Coco. Ailleurs, 5 étoiles
et enfin, 4 étoiles plus! La même
agence, le même hôtel! Le patron
chez Vacances Escomptes : « C'était
une erreur dans le cahier. Mais je ne sais
pas ce qui est arrivé là-bas
! Ce n'est pas nous qui donnons les étoiles. »
L'attribution
des étoiles
Qui attribue les étoiles ? La
réponse est courte : personne! Il
n'y a pas d'organisme qui accorde les étoiles
selon des critères précis.
Ce sont les grossistes, ceux qui organisent
les forfaits vendus par les agences, qui
font cette évaluation. Chaque grossiste
a sa propre façon de classer les
hôtels. Mais est-ce que les agences
vérifient les affirmations du grossiste?
Le patron chez Vacances Escomptes : « Nous,
on vérifie la brochure, c'est tout.
La seule chose qu'on peut vérifier,
c'est la brochure. »
Mais si le grossiste se trompe, l'agence
ne trompe-t-elle pas ses clients aussi ?
Le patron chez Vacances Escomptes : « Le
grossiste ne se trompe jamais! »
Une agente de voyage chez Vacances Escomptes
n'est pas du même avis que son patron.
D'après elle, il existe des grossistes
qui surévaluent pour vendre des forfaits
dans ces hôtels.
La
Facture a demandé à trois
grossistes de lui faire parvenir leurs critères
d'évaluation. Vacances Air Transat
a refusé. À notre grand étonnement,
Tours Mont-Royal et Tours Maison se fient
à la classification que l'hôtel
s'octroie lui-même! Les deux grossistes
modifient parfois cette évaluation
mais selon des critères mal définis.
Chez Vacances Soleil, l'agent de voyage
s'interroge : « C'est un gros
marketing. Je ne peux pas dire que je trouve
ça malhonnête. Le marketing
est-il malhonnête? »
Sylvain : « Je pense qu'on
va revenir au système du bouche-à-oreille.
On va appeler nos amis qui sont passés
par là. »
David : « Malgré tout,
on est un peu mal pris. Si tu n'as pas d'amis
qui sont passés par là, tu
n'as pas d'autres points de repère
que les étoiles pour prendre ta décision. »
Aller simple
à bon prix?
Il n'y a pas que les étoiles qui
nous en mettent plein la vue! À la
page 7 de notre cahier vacances-voyages,
une publicité du transporteur aérien
Canjet propose un aller simple Montréal-Halifax
à partir de 49$. À 49$, l'aller
simple, on s'attend à ce qu'un aller-retour
Montréal-Halifax coûte aux
environs de 115$ en incluant les taxes.
Nous
avons demandé à Louise
Rozon d'Option Consommateur de vérifier
avec nous quel était le prix réel
d'un aller-retour Montréal-Halifax.
Louise Rozon : « Quarante-neuf,
l'aller, plus 65,49$ de frais et de taxes.
Donc, 224,86$ de taxes et de frais pour
le retour, ce qui fait un grand total de
424,53$. »
Le petit 49$ est très loin derrière.
Pour un aller-retour sur sept jours; 424,53$!
Pour trois jours, c'est 223$ avec les frais
et les taxes de toutes sortes. C'est très
loin du 115$ qu'on avait imaginé.
Louise Rozon : « Le prix
annoncé ne correspond pas du tout
au prix qu'on va finalement payer comme
consommateur. À notre avis, c'est
trompeur, et non, ça ne respecte
pas les règles prévues dans
la loi sur la concurrence. »
La loi interdit la publication d'indications
fausses ou trompeuses sur un point important,
le prix d'un voyage, par exemple. Mais la
manière dont Canjet s'y conforme,
frise le ridicule. Nous avons dû grossir
quatre fois les lettres minuscules du bas
de la publicité pour pouvoir lire
que : « Les tarifs n'incluent
pas les taxes, le supplément Nav
Canada, les assurances, les frais de sécurité,
le supplément de carburant ni les
frais d'aéroport. »
Nathalie : « Il doit y avoir
quelques chose d'écrit quelque part
en petit. J'ai cherché, mais je n'ai
pas trouvé. Mais c'était là,
c'était tellement petit que je ne
l'ai pas vu! »
Les publicités
d'Air Canada
Il n'y a pas que les petits transporteurs
qui utilisent ces méthodes publicitaires
douteuses. Dans une publicité dans
ce même cahier de voyages, Air Canada
attire les clients avec un vol vers Halifax
à 63$. Mais il y a une condition
: vous devez acheter l'aller-retour!
Louise Rozon : « C'est exactement
comme si un commerçant de chaussures
annonçait le prix d'un soulier avec
un petit astérisque signifiant, en
passant, vous devez acheter deux souliers.
Donc, c'est aussi ridicule que ce genre
de publicité, qu'aucun marchand de
chaussures n'oserait faire. »
Dans une autre annonce on offre Paris à
606 $. Mais attention! C'est Paris .
à partir de 606$!
Sylvain : « Moi, les "
à partir de ", j'ai toujours
eu de la misère avec ça. Je
me fie aux voitures, quand tu ajoutes les
surplus, le rêve s'estompe assez rapidement. »
Ce consommateurl a raison. Dans le cas
de cette publicité, le rêve
s'est véritablement estompé.
L'annonce a été publiée
un samedi et deux jours plus tard,
le mercredi, il n'y avait déjà
plus de forfaits pour Paris à 606$!
Nathalie : « Des fois, le
temps de se décider, ça prend
deux, trois jours. Est-ce qu'il faut se
décider en cinq minutes? »
Louise Rozon : « Il faut
préciser que c'est, non seulement,
en quantité limitée, mais
il faut préciser la quantité
disponible ou à tout le moins un
ordre de grandeur pour que le consommateur
puisse savoir s'il doit se dépêcher
ou non pour avoir droit au service qui est
annoncé au prix qui est affiché. »
Paris
peut aller se rhabiller. Dans le cahier
vacances-voyages du 28 février 2004,
on offre Londres à 449$. Toute une
aubaine! Mais il y a une erreur, on aurait
dû inscrire 569$.
Louise : « Quand tu vas dans
une épicerie et que ton prix n'est
pas le même qu'à la caisse,
ils sont obligés de te remettre un
10$, par exemple. Pourquoi eux ne le feraient
pas ? Ils annoncent un prix, puis il est
plus haut. Ils devraient le laisser à
449$. »
Louise Rozon : « Les tribunaux
se sont déjà prononcés
sur ce genre de situation où on a
obligé l'agent de voyage à
offrir au consommateur le prix annoncé
pour le forfait ou le billet d'avion. »
Chose certaine, nos cinq voyageurs d'un
soir ne verront plus jamais les publicités
de voyage de la même façon.
Sylvain : « Quand l'offre
est trop attrayante, je suis très,
très méfiant »
David : « Peut-être
que si les gens se fâchaient un peu
plus, commençaient des démarches,
(...), peut-être que des choses bougeraient. »
En conclusion
L'agente de voyage, de Vacances Soleil qui
a participé à ce reportage,
nous dit qu'elle sous-classe systématiquement
les hôtelsdes destinations
soleil pour être sûre de
ne pas décevoir ses clients.
Si quelqu'un lui demande son avis sur un
hôtel qu'elle ne connaît pas,
elle appelle une personne qui connaît
l'endroit! C'est simple, mais c'est le vrai
professionnalisme. Elle n'est évidemment
pas la seule à être fiable,
alors trouvez-vous une bonne agence, quelqu'un
en qui vous pouvez avoir confiance.