Si je vous dit Remorquage québécois
à vos frais... ça vous rappelle
quelque chose? Vous avez probablement lu,
vu ou entendu un ou des reportages sur cette
entreprise et son patron Robert Salois.
Remorquage québécois à
vos frais était la terreur des automobilistes
dont les voitures étaient remorquées
parce qu'elles se trouvaient sur des terrains
privés. Remorquage québécois
à vos frais a fait l'objet d'un recours
collectif. Ses pratiques ont été
jugées illégales et l'entreprise
a fait faillite. Mais il faut croire que
Remorquage québécois à
vos frais a neuf vies!
Journaliste : Claude Laflamme
Réalisateur : Denis Paquet
Un citoyen de Montréal assiste au cour
de karaté de son fils deux à
trois fois par semaine. Un soir, quelqu’un
entre dans la salle d'entraînement pour
aviser tout le monde qu’une remorqueuse
est en action dans la rue, déplaçant
une voiture stationnée à côté
de l'édifice. Sachant qu’il est
stationné à cet endroit, le
citoyen en question sort pour constater que
sa voiture est déjà partie et
que le remorquage d’une autre voiture
est en cours.
Il
stationne sa voiture à cet endroit
depuis octobre 1999 et n’a jamais
eu de problèmes, du moins jusqu’à
ce vendredi 6 février. Le conducteur
de la remorqueuse lui confirme alors que
son auto a été déplacée
et lui donne le numéro de téléphone
de la compagnie de remorquage. L'automobiliste
doit téléphoner s’il
veut récupérer sa voiture.
Ce coup de fil n’est que le début
de l’histoire.
Le propriétaire de l'automobile
: « La galère a commencé
là. J’ai téléphoné.
Le préposé m’a aimablement
dit qu’il ne pouvait pas me préciser
l’endroit où mon véhicule
avait été remorqué
et qu’il devait envoyer un représentant
de la compagnie. Il faudrait que je le paie
et là, il me dirait où était
ma voiture. Je lui ai dit carrément
que ce n’était pas une façon
de faire, qu’il n’avait pas
le droit de prendre ma voiture comme ça
et il m’a dit : " C’est
comme ça que ça se fait, vous
payez ou vous n'avez pas votre voiture.
" »
Paiement immédiat
Le propriétaire de l'automobile
vient de se heurter aux méthodes
musclées de Remorquage québécois
à vos frais, une compagnie dont les
multiples démêlés avec
la justice ont fait les manchettes dans
les années 80 et 90. À l’époque,
l’entreprise avait été
condamnée pour avoir exigé
d'automobilistes le paiement du remorquage
comme condition pour récupérer
leur véhicule. L’Office de
la protection du consommateur était
à l’origine d'une poursuite
intentée au nom de nombreux consommateurs
contre Remorquage québécois
à vos frais. Malgré le jugement
rendu par la plus haute Cour du Québec,
l’histoire se répète
douze ans plus tard. Même si maintenant
l’entreprise dissimule la voiture
dans une rue plutôt que de la retenir
dans une fourrière, il lui arrive
encore d’exiger le paiement comme
condition pour récupérer le
véhicule.
Georges-André
Levac de l'Office de protection du
consommateur
Georges-André Levac, porte-parole
de l'Office de protection du consommateur
: « Il est strictement interdit
de procéder ainsi. On ne peut pas
demander le paiement préalable avant
que le citoyen automobiliste récupère
son bien. Ils procèdent à
l’envers et on peut dire, grosso modo,
que c’est illégal. »
L'agent de police, Olivier Lapointe, précise
: « Le citoyen devrait exiger
qu’on lui dise où se trouve
son véhicule pour qu'ensuite on lui
émette une facture qu’il va
acquitter. Si c’est refusé
par le remorqueur, [l'automobiliste] peut
sans problème faire appel aux policiers
qui viendront régler la situation
sur les lieux. On va expliquer au remorqueur
que sa façon de procéder est
illégale. On peut parler d’intimidation,
de méfait et même à
la limite, de vol parce que le remorqueur
dans cette situation retient [l'automobile]
sans raison et prive le propriétaire
du véhicule de la jouissance paisible
de son bien. »
Le propriétaire de l'automobile
: « On se sent obligé
de payer avec une voiture en otage. On n’a
pas le choix. Il faut qu’on paie pour
ravoir notre voiture. »
Robert Salois, le patron de Remorquage
québécois à vos frais,
nie que ses employés exigent le paiement
des frais de remorquage comme condition
pour récupérer son véhicule.
Robert Salois : « Si la personne
dit : " Moi, je ne veux pas payer.
" Tant et aussi longtemps que vous
allez vous identifier, on n'a pas de problème
avec ça. Nous, à ce moment-là,
on va vous envoyer la facture par la poste.
»
Pourtant, il est incapable d’expliquer
pourquoi notre automobiliste a quand même
été obligé de payer
pour retrouver sa voiture. Robert Salois
: « Ce n’est pas moi
qui suis à la [répartition],
ce n’est pas moi qui étais
dans la remorque. C’est difficile,
vous m’arrivez avec un cas bien particulier,
moi je vous dis comment on procède
en général. »
Étonnamment, deux mois plus tôt,
un deuxième automobiliste a vécu
la même mésaventure, au même
endroit, dans le stationnement adjacent
à l’école de karaté.
Le deuxième automobiliste : «
Quand je suis sorti du cours, il
y avait un camion de remorquage et mon auto
n’était plus là. J’ai
demandé au chauffeur du camion, où
était mon auto. Il m’a dit
qu’elle avait été remorquée.
Si je voulais avoir mon auto, il fallait
que je paie les frais. »
Georges-André Levac : « Le
remorqueur en question utilise un avantage
indu envers une personne physique, un citoyen
consommateur automobiliste qui est en position
d’infériorité.
»
Après avoir cherché en vain
sa voiture, notre premier automobiliste
se résigne à payer les frais
de 97,77$. Les remorqueuses de la compagnie
sont équipées de systèmes
de paiement direct et de cartes de crédit.
Robert Salois affirme ne pas exiger de paiement
sur-le-champ. Alors, pourquoi ses remorqueuses
sont-elles équipées pour le
faire? Robert Salois : « Parce
qu’il y a des gens qui ne veulent
pas avoir un surplus de frais à payer.
Si la personne ne me paie pas, au bout de
dix jours, je peux lui charger des frais
en surplus. »
Une signalisation
déficiente
Le paiement effectué, le préposé
de l’entreprise emmène donc
notre automobiliste à l’endroit
où sa voiture a été
remorquée, à plus d’un
kilomètre de l’école
de karaté. Le lendemain, l'automobiliste
téléphone à Remorquage
québécois à vos frais
pour contester la facture qu’il a
été forcé de payer.
Il estime que la signalisation du terrain
est déficiente. Il y a bien une affiche,
mais pas sur le mur de l’école
de karaté. Elle se trouve sur le
mur de l’édifice voisin.
L'automobiliste
: « Il n'y a aucune affiche
d’interdiction le long du bâtiment
sur environ cent pieds. Maintenant qu’on
me l’a fait remarquer, il y en a une
au bout du terrain. Quand on arrive pour
se stationner en ligne droite, on ne la
voit vraiment pas. »
Une équipe de La Facture est retournée
sur les lieux en plein jour pour constater
qu’effectivement, l’interdiction
de stationner n’est pas claire et
qu’il faut aller jusqu’au bout
du terrain pour voir le panneau de Remorquage
québécois à vos frais.
Robert Salois : « Vous savez,
lorsque vous sortez de la voie publique,
vous sortez à vos risques, c’est
à vous à vérifier si
vous avez le droit. Vous êtes en train
de me dire que je n’avais pas d’apparence
de droit que cet endroit était protégé
par nous. »
L'automobiliste : « C’est
presque du vol, c’est presque de l’arnaque.
La signalisation n'est pas claire. Faites-la
claire et, moi, je n’aurai pas de
problèmes, je serai le premier à
ne pas me stationner là! »
En conclusion
Robert Salois s'est engagé à
rembourser les deux automobilistes et toute
personne victime des mêmes pratiques
de ses employés. Encore une fois,
si votre véhicule a été
remorqué à partir d'un terrain
privé, le remorqueur ne peut exiger
un paiement comme condition pour vous dire
où il se trouve.
Si le remorqueur le fait….appelez
la police. Les agents peuvent le forcer
à vous rendre votre voiture sans
que vous ayez à payer sur le champ.
Tout ce que le remorqueur peut faire c'est
de vous remettre sa facture ou vous la faire
parvenir.