De
mauvaises surprises pour certains détenteurs
de soucoupes Bell Express Vu
Personne
n'a le droit de s'ériger en juge
et partie. C'est pourtant de cette façon
que Bell Express Vu, une entreprise de télévision
par satellite, se comporte avec plusieurs
de ses clients.
La
compagnie, qui offre différents forfaits-télé,
remet à ses clients une carte à
puce. Cette carte détermine quel
forfait sera décodé par le
récepteur. Cependant, un commerce
de fausses cartes à puce s'est développé
et permet à des clients d'obtenir
beaucoup plus que ce pour quoi ils ont payé.
Bell
Express Vu a déclaré une guerre
sans merci à ce piratage. Mais cette
guerre se fait-elle sur le dos de clients
honnêtes? Chose certaine, c'est Bell
Express Vu qui fait les lois, juge, condamne
et punit!
Journaliste : Yvan Lamontagne
Réalisateur : Louis St-Pierre
Comme
le font ses compétiteurs, Bell Express
Vu déclare la guerre au vol de signaux.
Son système antipiratage fonctionne
par satellite, un peu comme la transmission
des canaux choisis par le public.
Mais depuis que ce système antipiratage
existe, plusieurs clients éprouvent
des problèmes. « Ça
désactive totalement le récepteur,
raconte une consommatrice. Le récepteur
est inutilisable et doit absolument être
réparé. »
Le signal envoyé par Bell Express
Vu repère automatiquement les récepteurs-décodeurs
piratés et les met hors d'usage.
Mais ce système peut-il faire d'innocentes
victimes?
« J'ai un forfait à 56
dollars et quelques sous, le maxi combo.
Pourquoi irais-je voler des signaux?
», demande un client dont le système
a été désactivé
par Bell.
« Bell Express Vu est sûr
à 100% que j'ai piraté le
système, affirme un autre consommateur.
Mais je suis sûr à 110% qu'il
n'y a jamais rien eu d'introduit [dans le
récepteur]. »
Les consommateurs rencontrés par
La Facture habitent trois municipalités
différentes et affirment ne pas avoir
piraté le système. Ils ont
en commun d'avoir choisi le même type
de récepteur, le modèle 3100
et ont tous perdu leurs signaux de la même
façon, désactivés par
Bell.
Un consommateur achète son système
en mai 2003. Huit mois plus tard, le système
rend l'âme. « Je sais qu'il
y a des cartes pirate qui se vendent. Tout
le monde en parle. Mais je n'en veux pas
dans la maison. J'ai un commerce et je ne
veux pas perdre mon nom. »
Une autre cliente achète également
un système en mai, mais ne peut l'utiliser
que six mois : « J'ai rappelé
Bell Express pour savoir ce qui arrivait.
Ils m'ont dit que j'avais une carte à
puce illégale. Pourtant, j'ai toujours
eu leur carte dans mon récepteur.
»
Une troisième cliente fait installer
son système Bell Express Vu en décembre.
Onze jours plus tard, le 1er janvier, son
récepteur 3100 ne fonctionne plus
: « Le technicien nous a dit que
le code qu'on recevait signifiait qu'on
captait des signaux pour lesquels on ne
payait pas. »
La
position de Bell Express Vu dans ce dossier?
L'entreprise considère que son système
a fait ses preuves et qu'il est infaillible.
Le vice-président du marketing de
la compagnie au Québec, Bernard Asselin
: « Je peux vous dire que les contre-mesures
qu'on envoie aujourd'hui sont entièrement
fiables et efficaces. On ne prendrait pas
le risque de toucher les clients payants.
»
Bell Express Vu s'est doté d'une
technologie si exclusive et pointue que
les nombreux spécialistes contactés
par La Facture se disent incapables
d'évaluer l'état des récepteurs-décodeurs
endommagés. Même les techniciens
qui vendent le produit en perdent leur latin.
Bell Express Vu se donne donc le droit de
désactiver un système sans
préavis si elle a des motifs raisonnables
de croire que le client reçoit de
la programmation non-autorisée. Dans
un tel cas, le récepteur devient
inutilisable, doit être remplacé
et la compagnie n'honore pas la garantie.
Elle considère que la carte a été
piratée et ne vérifie pas
si c'est vraiment le cas avec le consommateur.
« On a eu des frais d'installation,
des frais pour acheter l'équipement,
se plaint un consommateur. Maintenant, ils
nous demandent des frais pour réparer
le récepteur qu'ils disent qu'on
aurait trafiqué, alors que ce n'est
pas le cas. »
À cela, M. Asselin de Bell Express
Vu répond : « S'il y a des
clients qui se sentent lésés,
ils n'ont qu'à nous appeler. Ils
ont le numéro de téléphone
à portée de la main et on
va se faire un plaisir de répondre
à toutes leurs questions et de faire
ouvrir une enquête pour chacun de
ceux-là. »
Mais les consommateurs gardent un goût
amer de l'expérience.
En conclusion
Bell
Express Vu a offert trois mois d'abonnement
gratuit à l'une des consommatrices
interviewées par La Facture
pour compenser l'achat de son nouveau récepteur-décodeur.
Un peu étonnant puisque d'une part,
on l'accuse de vol et d'autre part, on la
compense.
Une autre plaignante a décidé
de mettre fin à son abonnement.
Un troisième client se propose de
déposer une plainte au CRTC.
Les trois récepteurs-décodeurs
ont été envoyés en
Ontario pour inspection. Une inspection
évidemment contrôlée
par Bell Express Vu!