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Mardi 2 décembre 2003  

          REPORTAGE

Un entrepreneur abandonne le chantier d'une maison

Lorsqu'on entreprend des travaux de rénovation dans une maison, il y a pire que les imprévus. Il y a les malentendus. C'est ce qui est arrivé à cette famille montréalaise,lorsqu'à la suite de malentendus, l'entrepreneur a laissé le chantier.

Journaliste : François Dallaire
Réalisateur : Luc Charbonneau


De la moisissure partout

Un couple croyait avoir fait un bon achat en payant 210 000 $ pour un triplex dans le quartier Villeray de Montréal. Dès les premiers mois, ils ont aménagé le sous-sol. Au printemps 2002, ils ont fait une salle de bain, deux bureaux et une salle de jeux.

 

Une fois les travaux terminés, mystérieusement, tous les membres de la famille éprouvent différents malaises - des étourdissements, de violents maux de têtes, des problèmes respiratoires. Une tache de moisissure au sous-sol attire leur attention. La propriétaire : « On a d'abord ouvert là où il y avait une tache, on a fait faire un test, et par la suite, on a fait d'autres ouvertures dans le sous-sol pour voir si c'était répandu et de quelle façon. Il y en avait partout, c'était à un niveau très élevé. Quand ils ont eu l'ensemble des tests et qu'ils se sont rendus compte de l'étendue des moisissures, ils nous ont demandé d'évacuer immédiatement. Je pense que j'ai eu les résultats le 12 décembre et on est sortis d'ici le 15. »

Toute la famille déménage à Saint-Jean-sur-Richelieu, chez les parents de la propriétaire. Durant les mois suivants, ils ouvrent les murs du sous-sol et découvrent que la présence de moisissures pourrait être reliée à l'absence de drain français.

De mauvaise surprise en mauvaise surprise

Tout en poursuivant les anciens propriétaires, ils confient les travaux à une jeune entreprise spécialisée, entre autres, dans l'imperméabilisation des murs. L'entrepreneur s'aperçoit alors que les fondations doivent être refaites au complet. Montant de la facture : 95 000 $. La propriétaire : « C'étaient deux vices cachés et en cours de travaux, un troisième s'est ajouté. Ils ont commencé l'excavation, ils nous ont appelés pour nous annoncer qu'il semblait y avoir des hydrocarbures dans le sol. »
Aux travaux de réfection des fondations, s'ajoutent maintenant des travaux de décontamination de la terre imbibée de mazout. Une firme spécialisée est engagée comme sous-traitant par l'entrepreneur pour procéder au transport et à la décontamination de la terre. Mais c'est l'entrepreneur qui sera chargé de l'excavation.

Une facture trois fois plus élevée que prévu

Lors d'une conversation avec le sous-traitant, la propriétaire apprend avec soulagement que le coût de tous ces travaux se limitera à 15 000 $. La propriétaire parle alors avec l'ingénieure du sous-traitant en charge des travaux et le maître de chantier de l'entrepreneur. La propriétaire : « Je leur ai dit : "Si jamais vous voyez que ça augmente, avisez-moi parce que j'arrêterai les travaux à ce moment-là. Je n'ai pas plus d'argent que ça, je ne pourrai pas vous payer plus que ça." »

Mais surprise! à la fin des travaux de décontamination, l'entrepreneur demande trois fois plus d'argent que prévu, soit 46 432 $. En fait, c'est 15 000 $ pour le seul travail de décontamination effectué par le sous-traitant, le reste pour divers travaux reliés à l'excavation.

Jusqu'à maintenant, la propriétaire a toujours respecté les échéances des paiements. Mais cette fois, elle conteste cette facture. L'entrepreneur menace d'abandonner le chantier. Puis, un matin, il met sa menace à exécution. La propriétaire : « Ils ont ramassé tout ce qui leur appartenait - qui n'était pas installé - et ils sont partis. De nous mettre dans une situation si difficile, ça ne se fait pas. Puis il va falloir qu'on termine, parce qu'il faut protéger les fondations des voisins aussi. »

La Facture se rend devant les bureaux de l'entrepreneur à Montréal et joint le président de l'entreprise. Ce dernier refuse de nous accorder une entrevue mais au téléphone, il soutient qu'il y avait une entente verbale pour 40 000 $. D'ailleurs, il a fourni une série de factures justifiant ses travaux, mais ces factures n'ont pas été soumises à la propriétaire pendant les travaux, mais après ceux-ci.

La propriétaire : « Je ne comprends pas pourquoi il ne m'a pas avisée avant d'aller plus loin parce que c'était très clair que je n'avais que 15 000 $. »

L'entrepreneur a- t-il le droit de délaisser un chantier ? Oui, si le client ne remplit pas ses obligations comme, par exemple, payer ses dettes. Mais attention! dit cette avocate. Ce droit n'est pas absolu. Pour l'exercer, l'entrepreneur doit justifier ses dépenses au moment où elles se produisent. Me Pauline Roy : «  À mon avis, il n'aurait pas dû quitter le chantier. Il y a un problème de preuves. S'il voulait démontrer que cet argent lui était dû, il aurait dû rendre compte de tous les travaux qui avaient été faits. Or, elle avait demandé qu'il rende compte de ses travaux et il ne l'a pas fait. C'est comme si, non seulement elle a signé un chèque en blanc, mais je pense qu'elle a ouvert son compte de banque. »

La Facture consulte l'ex-directeur du Département de génie civil de l'École polytechnique de Montréal. L'ingénieur Jules Houde estime que 15 000 $, « c'est déjà un prix généreux , même assez élevé et que 47 000 $, ça n'a pas de bon sens ».

Des travaux mal faits

Entre-temps, la propriétaire fait analyser la qualité des travaux effectués à ce jour par l'entrepreneur et découvre plusieurs malfaçons. L'entrepreneur prétend que seuls des travaux mineurs ont été mal faits. Pour en avoir le cœur net, La Facture a fait inspecter les lieux par son expert. L'ingénieur décèle de nombreuses erreurs. Jules Houde : « Ils n'ont pas employé la bonne technique pour les coffrages.[…] L'empattement, ça démontre que la personne qui a fait ça ne connaît pas son métier. […] Il y a des erreurs importantes, majeures. » À son avis, il faudra reprendre certains travaux.

L'hiver approche, cela fera bientôt un an que la famille réside de façon temporaire à Saint-Jean-sur-Richelieu. Trois fois par semaine, la propriétaire accompagne ses enfants dans le quartier Villeray de Montréal, afin de conserver ses places en garderie. Au besoin, elle va chercher ses affaires dans un entrepôt. Ce n'est pas la vie qu'elle a imaginée en portant son choix sur ce triplex et cet entrepreneur. La propriétaire : « L'entrepreneur aurait dû normalement terminer ses travaux, et s'il avait des réclamations à nous faire, les faire devant les tribunaux, pas partir du chantier, nous laisser sans aucun recours et avec un paquet de problèmes ».

En conclusion

Pour éviter tous ces problèmes, les deux parties - les propriétaires et l'entrepreneur - auraient dû signer un deuxième contrat et s'entendre sur un prix portant uniquement sur la décontamination. Mais, comme dans ce cas c'est la parole de l'un contre celle de l'autre, un juge aura à trancher.

 

Hyperliens

Quoi faire si on a affaire avec un rénovateur malhonnête
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Des rénovations qui coûtent plus cher que prévu
Un reportage de La Facture du 16 octobre 2001

 

Vous pouvez revoir l'émission Place publique en compagnie de l'animatrice Madeleine Roy et du journaliste François Dallaire.