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Mardi 14 octobre 2003  

          REPORTAGE

Il paie 6000 $ pour une épilation au laser qui ne donne aucun résultat

Notre apparence a beaucoup d'importance, qu'on le veuille ou non. Et comme nous ne sommes que des humains, il y a souvent beaucoup de fragilité et d'insécurité derrière tout cela. Certaines entreprises misent-elles sur cette fragilité pour nous soutirer de l'argent en nous faisant des promesses qu'elles ne peuvent pas tenir? On peut certainement se poser la question en écoutant l'histoire d'un résident de Saint-Hubert. Il souffrait depuis longtemps des poils qui lui couvrent tout le corps. On lui a promis la lune. Ce n'est pas exactement ce qu'il a obtenu.

Journaliste : Caroline Belley
Réalisatrice : Claudine Blais


Complexé par ses poils

Cet homme de Saint-Hubert est très complexé par ses poils. Sur le bord d'une piscine, il n'ose pas enlever son chandail. En fait, il ne se met jamais torse nu, même s'il fait très chaud : « Depuis le secondaire que j'ai ce complexe, parce ce que je me suis fait niaiser là-dessus… On m'appelait l'ours. J'étais le seul qui était poilu quasiment. »

Il rêve de ne plus avoir de poils : « Dans les revues on voit ça, c'est tout propre. J'aimerais être comme ça, peut-être. » Et il utilise tous les moyens possibles pour atteindre cet idéal : « En allant chez Epiderma, je pensais que ça allait être comme ça, plus de poils, toute la peau propre. C'était comme un rêve. Ah, je n'aurai plus de poils. Est-ce que je suis prêt à investir 5800 $ quasiment 6000 $? Pour être bien dans ma peau, je me suis dit que j'allais investir. »

En décembre 2001, il signe un contrat d'épilation au laser avec la succursale Epiderma de Greenfield Park. Après sept séances d'épilation échelonnées sur 18 mois, il n'y a aucun résultat. Il demande donc un remboursement à sa succursale d'Epiderma. On refuse de le rembourser, en lui mentionnant que les traitements ont été faits.

Épilation permanente garantie

Pourtant, Epiderma promet que 90 % des poils noirs seront éliminés. L'entreprise ne garantit toutefois pas l'élimination des poils blancs, des poils blonds et du duvet. Mais le client de Saint-Hubert, lui, a conservé tous ses poils noirs.

Une équipe de La Facture s'est rendue avec le client dans une autre succursale d'Epiderma. Histoire de vérifier, avec l'aide d'une caméra cachée, si les promesses sont les mêmes, d'une succursale à l'autre. Les seules réserves émises concernent les poils du bas de son dos. Les bras, le devant, c'est sûr que ça va marcher, selon l'employée d'Epiderma. Le client demande : « Et si les poils ne partent pas? » La réponse de l'employée : « Y'a la garantie. Ç'est impossible que ça ne parte pas. »

En dépit de cette garantie, l'épilation est, dans ce cas-ci, un échec évident. Afin d'y voir plus clair, La Facture a présenté le client au Dr Ari Demirjian, dermatologue à l'Hôpital général de Montréal. Le Dr Demirjian : « Les poils sont assez foncés et la peau est assez blanche. Donc, théoriquement, il devrait être un bon candidat pour l'épilation au laser. […] Il y a toujours des exceptions; c'est un outil très efficace, mais c'est un outil avec des limites. Moi, quand je parle de laser avec mes patients, je ne leur garantis rien. »

Mais chez Epiderma, on n'hésite pas! On parle d'épilation définitive, permanente. Selon le Dr Demirjian, on n'a jamais une épilation permanente. Il s'agit plutôt d'une réduction permanente.

Pourquoi Epiderma va-t-elle aussi loin dans ses prétentions? Le Dr Stéphane Bergeron est le directeur médical de l'entreprise et aussi un ex-propriétaire d'Epiderma : « Une épilation définitive ou permanente, quant à moi, je m'en tiens à la définition de la Food and Drug Administration. » Le Dr Bergeron fait référence à la FDA, l'organisme gouvernemental américain qui protège la santé publique, parce qu'au Canada, il n'y a pas de réglementation. Selon le Dr Bergeron, la FDA a approuvé le laser comme technique d'épilation permanente et c'est cette technique qu'utilise Epiderma. Mais le Dr Bergeron fait erreur. La Facture a contacté la FDA . D'après la FDA, on doit parler de réduction permanente des poils, jamais d'épilation permanente.

Or, dans tous les documents d'Epiderma, on vante une épilation permanente et définitive. Ces promesses sont toutefois nuancées par de la directive de la FDA, reproduite en très petits caractères dans les documents de l'entreprise.

Selon Me Pauline Roy, cette nuance est insuffisante et n'éclaire pas le consommateur : « C'est un peu emberlificoté! […] Leur publicité nous laisse croire que tous les poils à traiter vont être éliminés de façon permanente. Pour les consommateurs, c'est extrêmement difficile de s'y retrouver. Ce qui fait qu'effectivement, ça peut avoir un caractère trompeur. »

Un leurre pour le consommateur?

Epiderma sait bien se mettre en valeur. Dans ses dépliants publicitaires, l'entreprise se targue d'être le plus important réseau de cliniques et d'avoir 325 partenaires au Québec. Ce n'est pas faux! Mais Epiderma, c'est avant tout 12 établissements. Et les centaines de partenaires, ce sont des centres de soins esthétiques qui leur envoient des clients. Quant à la direction médicale, maintes fois mentionnée, elle est constituée du seul Dr Bergeron, qui travaille à temps plein, dans un hôpital. C'est lui le porte-parole quand il s'agit de défendre l'efficacité du laser. Et lorsque La Facture lui demande si ce n'est pas un leurre pour le consommateur, le Dr Bergeron répond : « Non pas du tout. Je pense que l'explication que l'on donne est tout à fait adéquate. On leur explique très bien que la pilosité disparue ne réapparaîtra pas mais qu'on ne s'attend pas à une disparition de 100% de la pilosité. »

Le client de Saint-Hubert s'attendait à la disparition complète de ses poils. Les promesses étaient alléchantes; mais pour ce consommateur, il n'y a eu aucun résultat. Que s'est-il passé ? Le Dr Bergeron refuse d'aborder le cas de ce client. Il affirme qu'il ne connaît pas son dossier. Il avance tout de même une explication : « On a de rares cas que l'on ne comprend pas du point de vue médical; un sur 500, un sur mille, selon la sélection qui est faite, où le laser n'est pas efficace. » Le Dr Bergeron affirme que les employés sont au courant de cette donnée et qu'ils doivent en parler aux clients : « C'est enseigné, ce que ça veut dire, c'est que les gens doivent le dire. »

Le client de Saint-Hubert affirme qu'il n'aurait pas signé de contrat si Epiderma lui avait laissé entrevoir que le traitement n'allait peut-être pas fonctionner, qu'il y avait une possibilité que cela ne fonctionne pas.

Au verso du contrat signé par ce client, il est néanmoins écrit, en petits caractères, que « le client reconnaît avoir été informé de cas exceptionnels où le traitement est inefficace »; une façon pour Epiderma de se protéger.

Me Roy : « En se laissant cette porte ouverte, c'est comme s'ils mettaient une clause de non-responsabilité qui n'est pas valable. On s'engage ou on ne s'engage pas. […] Ce sont eux les spécialistes et ils doivent être en mesure, lorsqu'ils acceptent un client, de dire : " ben vous, ça va être efficace ". Et si ce n'est pas efficace, s'ils se sont trompés dans leur évaluation, ils devraient continuer les traitements ou rembourser le client. »

Au lieu de rembourser son client, Epiderma lui offre plutôt de payer à nouveau pour poursuivre les traitements. Le client refuse. Quatre mois plus tard, c'est la surprise. Peu de temps après l'appel de La Facture chez Epiderma, l'entreprise se ravise et rembourse son client.

En conclusion

Dans le domaine du laser, il n'y a aucune réglementation. N'importe qui peut acheter un laser et commencer à faire de l'épilation sans aucune formation. A cause des risques de brûlures, l'Association des dermatologues du Québec a demandé au gouvernement de rendre obligatoire une formation et un encadrement médical. Le ministère de la Santé va-t-il agir? La Facture a posé la question. On nous a répondu que rien n'est prévu de ce côté.

Hyperlien

Association canadienne de dermatologie