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Mardi 22 avril 2003  

          REPORTAGE

Il reçoit une carte de crédit Home Dépôt

Donner son numéro d'assurance sociale, son numéro de permis de conduire ou sa date de naissance à quelqu'un peut s'avérer extrêmement préjudiciable. Cette personne peut se servir de ces renseignements pour faire émettre des cartes de crédit... à votre nom. Il s'agit d'une manipulation très simple pour les fraudeurs. Un antiquaire des Cantons de l'Est en a fait les frais.

En allant chercher son courrier, un antiquaire de Dunham découvre qu'une carte de crédit des magasins Home Dépôt, le géant américain dans le domaine de la rénovation, a été émise à son nom. Elle prévoit une marge de crédit de 3500 $. Son titulaire doit se présenter dans une succursale de la chaîne de magasins avec une pièce d'identité pour activer la carte.

Cependant l'antiquaire, qui ne fréquente pas les magasins Home Dépôt, n'a jamais commandé cette carte. Quelqu'un l'a fait pour lui, et n'a pas hésité à l'utiliser.

La Facture a contacté Roger Plamondon, directeur régional de Home Dépôt pour l'Est du Canada. Il a confirmé qu'une carte de crédit temporaire avait été émise au nom de l'antiquaire. En magasin, le fraudeur n'avait qu'à présenter deux pièces d'identité avec photo, et le tour était joué.

Curieusement, les fraudeurs ont tenté de brouiller le dossier de crédit du résident de Dunham en le faisant passer pour un mécanicien travaillant chez Ultramar. Vérification faite, aucun homme portant son nom n'a travaillé chez Ultramar.





Le fraudeur fait des achats en son nom

À la lumière de ce que La Facture a appris, le permis de conduire présenté par le fraudeur pour obtenir la carte était faux. Mais c'était un permis de conduire qui montrait un visage : celui de la personne qui s'est présentée et qui s'est fait passer pour l'antiquaire.
Grâce à la carte de crédit, le fraudeur avait pour ainsi dire carte blanche pour l'achat de marchandises. Entre le 15 et le 19 février dernier, on compte 6 achats, dans 2 succursales différentes, s'élevant à plusieurs milliers de dollars.
Le fraudeur a même poussé l'audace jusqu'à faire augmenter la marge de crédit de 3500 $ à 15 000 $, en profitant de la bonne cote de crédit de celui dont il avait pris l'identité. L'antiquaire n'en revient pas : « La surprise! J'ai reçu un compte de 9710 $, pour des achats qui ont été faits chez Home Dépôt ».



Fort heureusement, Home Dépôt n'est que le début d'une série de fraudes dont il est victime, et il ne sera pas tenu pour responsable de ces achats

Roger Plamondon, de Home Dépôt, ne considère pas le résident de Dunham responsable des achats effectués : « Non, je peux vous garantir qu'il ne sera pas ennuyé par nous. On veut qu'il puisse visiter les magasins Home Dépôt avec le sourire! ».


Home Dépôt n'est que le début d'une série de fraudes dont il est victime

Inquiet de ce qui s'est produit avec la chaîne de rénovation, l'antiquaire des Cantons de l'Est a appelé sa banque. « Là, ils ont vérifié notre crédit et ils m'ont dit : “Es-tu bien assis? Parce que tu as d'autres applications de crédit qui sont sorties”. » Il découvre que le fraudeur ne s'est pas arrêté à Home Dépôt.

C'est ensuite au tour du magasin La Baie de Saint-Bruno d'entrer en scène. Le résident de Dunham découvre que le fraudeur s'y est acheté un téléviseur géant d'une valeur de près de 3000 $.
Et plus le temps file, plus les mauvaises nouvelles s'accumulent. Le 10 mars dernier, il apprend que quelqu'un a ouvert, en son nom, un compte chez Mastercard.

L'astuce est simple : le fraudeur se présente dans un commerce, choisi ses articles puis demande qu'on règle ses achats avec le crédit instantané. Cette formule permet aux consommateurs d'obtenir sur place une marge de crédit, en quelques minutes seulement.
La fraude ne s'arrête pas là. Le faux antiquaire a effectué d'importants achats dans un magasin de Laval grâce à Visa Desjardins. Le fraudeur utilise la même méthode. Il choisit ses articles, qu'il fait ensuite financer par le crédit instantané offert par Visa Desjardins.

Et enfin, le fraudeur avait tenté sa chance dans un magasin d'ordinateurs, situé à Laval. Mais dans ce cas-ci, il n'a pas réussi à obtenir le crédit nécessaire pour l'achat d'un appareil évalué à 4500 $. La Citi Financière, qui offre du crédit instantané pour le compte de MDG ordinateurs, avait décelé la fraude et bloqué la transaction sur-le-champ.

Dans cette série de fraudes, l'usurpateur de l'identité n'a échoué qu'une seule fois sur cinq

Au premier coup d'œil, La Facture a constaté que plusieurs informations personnelles concordent. Le nom, l'adresse et la date de naissance de l'antiquaire sont exacts. Par contre, on sait que le fraudeur a utilisé un faux numéro d'assurance sociale chez les marchands lors de la prise de renseignements.
Or, ni Mastercard de la Banque Nationale, ni Visa Desjardins, pas plus que La Baie et Home Dépôt n'ont constaté que le numéro d'assurance sociale était faux. Seule la Citi Financière a su faire la différence entre le faux numéro d'assurance sociale et le vrai :

  • Visa Desjardins n'a pu contre-vérifier son numéro d'assurance sociale puisque le magasin n'a pas transmis cette information.
  • Mastercard n'a pas pu déceler le faux numéro d'assurance sociale inscrit sur la demande de crédit. Le matin du 10 mars, la banque a approuvé la demande en 15 minutes. Mais quelques heures plus tard, on a soupçonné la fraude. Ce n'est qu'en fin de journée que la banque a décidé de tout bloquer. Elle avait reçu, ce jour-là, 3 demandes d'un même commerce, signées de la même main, dont une demande faite au nom de l'antiquaire. « On a contacté les trois vrais clients pour les prévenir. »

En quelques semaines, plus de 25 000 $ en marchandises ont été dérobées grâce à l'usurpation de l'identité de l'antiquaire.

Au cours des dernières années, ce type de fraude a fait perdre des millions de dollars aux institutions financières

Ces coûts se répercutent sur les frais payés par les consommateurs :

Roger Plamondon, de Home Dépôt : « C'est faux de dire que ce sont les banques qui vont payer parce que le taux de crédit [associé à] la carte de crédit comporte cet élément de risque-là. Alors plus les pertes sont élevées, plus les taux d'intérêt risquent de monter ».

La porte-parole de Visa Desjardins : « C'est le consommateur qui paie. C'est pour ça que l'on s'assure de limiter les fraudes, en se dotant de moyens de changer continuellement nos façons de faire, pour s'assurer que ce type de situation ne se reproduira pas ».



Le résident de Dunham reçoit encore des comptes qui ne lui appartiennent pas.

« On s'imagine que ça peut durer encore plusieurs mois. Parce que les gens ont peut-être fait des achats sous la forme “achetez aujourd'hui et payez dans 6 mois”. »

La Sûreté du Québec enquête, mais le policier qui s'occupe du dossier a confié à La Facture qu'il y a peu de chance que cette affaire aboutisse à des arrestations, faute de moyens et d'effectifs.
Mince consolation : une mention très claire dans le dossier de crédit de l'antiquaire oblige les compagnies à vérifier maintenant l'authenticité de ceux qui demandent du crédit instantané en son nom.


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Site de la Sûreté du Québec