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REPORTAGE
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Il
reçoit une carte de crédit
Home Dépôt
Donner
son numéro d'assurance sociale,
son numéro de permis de conduire
ou sa date de naissance à
quelqu'un peut s'avérer extrêmement
préjudiciable. Cette personne
peut se servir de ces renseignements
pour faire émettre des cartes
de crédit... à votre
nom. Il s'agit d'une manipulation
très simple pour les fraudeurs.
Un antiquaire des Cantons de l'Est
en a fait les frais.
En
allant chercher son courrier, un
antiquaire de Dunham découvre
qu'une carte de crédit des
magasins Home Dépôt,
le géant américain
dans le domaine de la rénovation,
a été émise
à son nom. Elle prévoit
une marge de crédit de 3500 $.
Son titulaire doit se présenter
dans une succursale de la chaîne
de magasins avec une pièce
d'identité pour activer la
carte.
Cependant
l'antiquaire, qui ne fréquente
pas les magasins Home Dépôt,
n'a jamais commandé cette
carte. Quelqu'un l'a fait pour lui,
et n'a pas hésité
à l'utiliser.
La Facture a contacté
Roger Plamondon, directeur régional
de Home Dépôt pour
l'Est du Canada. Il a confirmé
qu'une carte de crédit temporaire
avait été émise
au nom de l'antiquaire. En magasin,
le fraudeur n'avait qu'à
présenter deux pièces
d'identité avec photo, et
le tour était joué.
Curieusement,
les fraudeurs ont tenté de
brouiller le dossier de crédit
du résident de Dunham en
le faisant passer pour un mécanicien
travaillant chez Ultramar. Vérification
faite, aucun homme portant son nom
n'a travaillé chez Ultramar.
Le
fraudeur fait des achats en son
nom
À
la lumière de ce que La
Facture a appris, le permis
de conduire présenté
par le fraudeur pour obtenir la
carte était faux. Mais c'était
un permis de conduire qui montrait
un visage : celui de la personne
qui s'est présentée
et qui s'est fait passer pour l'antiquaire.
Grâce
à la carte de crédit,
le fraudeur avait pour ainsi dire
carte blanche pour l'achat de marchandises.
Entre le 15 et le 19 février
dernier, on compte 6 achats, dans
2 succursales différentes,
s'élevant à plusieurs
milliers de dollars.
Le fraudeur a même poussé
l'audace jusqu'à faire augmenter
la marge de crédit de 3500 $
à 15 000 $, en
profitant de la bonne cote de crédit
de celui dont il avait pris l'identité.
L'antiquaire n'en revient pas :
« La surprise!
J'ai reçu un compte de 9710 $,
pour des achats qui ont été
faits chez Home Dépôt ».
Fort
heureusement, Home Dépôt
n'est que le début d'une
série de fraudes dont il
est victime, et il ne sera pas tenu
pour responsable de ces achats
Roger
Plamondon, de Home Dépôt,
ne considère pas le résident
de Dunham responsable des achats
effectués : « Non,
je peux vous garantir qu'il ne sera
pas ennuyé par nous. On veut
qu'il puisse visiter les magasins
Home Dépôt avec le
sourire! ».
Home
Dépôt n'est que le
début d'une série
de fraudes dont il est victime
Inquiet
de ce qui s'est produit avec la
chaîne de rénovation,
l'antiquaire des Cantons de l'Est
a appelé sa banque. « Là,
ils ont vérifié notre
crédit et ils m'ont dit :
Es-tu bien assis? Parce que
tu as d'autres applications de crédit
qui sont sorties. »
Il découvre que le fraudeur
ne s'est pas arrêté
à Home Dépôt.
C'est
ensuite au tour du magasin La Baie
de Saint-Bruno d'entrer en scène.
Le résident de Dunham découvre
que le fraudeur s'y est acheté
un téléviseur géant
d'une valeur de près de 3000 $.
Et plus le temps file, plus les
mauvaises nouvelles s'accumulent.
Le 10 mars dernier, il apprend que
quelqu'un a ouvert, en son nom,
un compte chez Mastercard.
L'astuce est simple : le fraudeur
se présente dans un commerce,
choisi ses articles puis demande
qu'on règle ses achats avec
le crédit instantané.
Cette formule permet aux consommateurs
d'obtenir sur place une marge de
crédit, en quelques minutes
seulement.
La fraude ne s'arrête pas
là. Le faux antiquaire a
effectué d'importants achats
dans un magasin de Laval grâce
à Visa Desjardins. Le fraudeur
utilise la même méthode.
Il choisit ses articles, qu'il fait
ensuite financer par le crédit
instantané offert par Visa
Desjardins.
Et
enfin, le fraudeur avait tenté
sa chance dans un magasin d'ordinateurs,
situé à Laval. Mais
dans ce cas-ci, il n'a pas réussi
à obtenir le crédit
nécessaire pour l'achat d'un
appareil évalué à
4500 $. La Citi Financière,
qui offre du crédit instantané
pour le compte de MDG ordinateurs,
avait décelé la fraude
et bloqué la transaction
sur-le-champ.
Dans
cette série de fraudes,
l'usurpateur de l'identité
n'a échoué qu'une
seule fois sur cinq
Au
premier coup d'il, La
Facture a constaté
que plusieurs informations personnelles
concordent. Le nom, l'adresse
et la date de naissance de l'antiquaire
sont exacts. Par contre, on sait
que le fraudeur a utilisé
un faux numéro d'assurance
sociale chez les marchands lors
de la prise de renseignements.
Or, ni Mastercard de la Banque
Nationale, ni Visa Desjardins,
pas plus que La Baie et Home Dépôt
n'ont constaté que le numéro
d'assurance sociale était
faux. Seule la Citi Financière
a su faire la différence
entre le faux numéro d'assurance
sociale et le vrai :
-
Visa
Desjardins n'a pu contre-vérifier
son numéro d'assurance
sociale puisque le magasin n'a
pas transmis cette information.
-
Mastercard
n'a pas pu déceler le
faux numéro d'assurance
sociale inscrit sur la demande
de crédit. Le matin du
10 mars, la banque a approuvé
la demande en 15 minutes. Mais
quelques heures plus tard, on
a soupçonné la
fraude. Ce n'est qu'en fin de
journée que la banque
a décidé de tout
bloquer. Elle avait reçu,
ce jour-là, 3 demandes
d'un même commerce, signées
de la même main, dont
une demande faite au nom de
l'antiquaire. « On
a contacté les trois
vrais clients pour les prévenir. »
En
quelques semaines, plus de 25 000 $
en marchandises ont été
dérobées grâce
à l'usurpation de l'identité
de l'antiquaire.
Au
cours des dernières années,
ce type de fraude a fait perdre
des millions de dollars aux institutions
financières
Ces coûts se répercutent
sur les frais payés par les
consommateurs :
Roger Plamondon, de Home Dépôt :
« C'est faux de
dire que ce sont les banques qui
vont payer parce que le taux de
crédit [associé à]
la carte de crédit comporte
cet élément de risque-là.
Alors plus les pertes sont élevées,
plus les taux d'intérêt
risquent de monter ».
La
porte-parole de Visa Desjardins :
« C'est le consommateur
qui paie. C'est pour ça que
l'on s'assure de limiter les fraudes,
en se dotant de moyens de changer
continuellement nos façons
de faire, pour s'assurer que ce
type de situation ne se reproduira
pas ».
Le
résident de Dunham reçoit
encore des comptes qui ne lui
appartiennent pas.
« On
s'imagine que ça peut durer
encore plusieurs mois. Parce que
les gens ont peut-être fait
des achats sous la forme achetez
aujourd'hui et payez dans 6 mois. »
La Sûreté du Québec
enquête, mais le policier
qui s'occupe du dossier a confié
à La Facture qu'il
y a peu de chance que cette affaire
aboutisse à des arrestations,
faute de moyens et d'effectifs.
Mince consolation : une mention
très claire dans le dossier
de crédit de l'antiquaire
oblige les compagnies à
vérifier maintenant l'authenticité
de ceux qui demandent du crédit
instantané en son nom.
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