Fougue, insolence et vivacité : bienvenue dans Trois souvenirs de ma jeunesse
Un film-bonbon, signé Arnaud Desplechin, à voir sur ICI Télé le 20 avril, à 0 h 48
Paul Dédalus… Voilà un nom de personnage qui résonne. C’est le genre de nom, même, dont on se souvient des années plus tard.
Heureusement, car ce Paul, dont nous faisions la connaissance en 1996, version trentenaire dépressif, dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle), le deuxième film réalisé par Arnaud Desplechin, nous le retrouvons, quelques années de plus au compteur, dans Trois souvenirs de ma jeunesse, du même Desplechin, en 2015.
L’amour, toujours l’amour…
De retour du Tadjikistan, et toujours sous les traits de Mathieu Amalric, Paul Dédalus nous entraîne dans ses souvenirs, alors qu’adolescent, à Roubaix, il préparait un voyage en Russie et était bouleversé par Esther, une jeune fille à la sensualité, à l’intelligence et à l’insolence folles.
Amalric, narrateur, laisse donc sa place à Quentin Dolmaire, acteur d’un naturel insolite et rafraîchissant, et au jeu aussi drôle que dynamique, tandis que le film révèle aussi toute la beauté indolente de Lou Roy Lecollinet.
S’amuser avec les clichés
Film d’auteur, ce Trois souvenirs de ma jeunesse? Oui, bien sûr, et du type bavard et charnel, comme le sont presque tous ceux venant de France. Nous sommes toutefois chez le génie Desplechin et, bien sûr, les clichés ne sont là que pour mieux être détournés.
Car tout réflexif qu’il est, Trois souvenirs de ma jeunesse est aussi un antépisode (comme les films de superhéros les aiment tant!) qui réinvente l’idée de retour en arrière en s’autorisant les bifurcations vers le cinéma d’espionnage, le thriller, le conte familial cruel et la chronique sentimentale adolescente.
Un film irrésistible sautillant comme un cabri
De plus, bardée de ses fermetures à l’iris, de ses écrans fragmentés, de ses narrations hors champ, de ses ellipses romanesques et de sa bande musicale marquant merveilleusement les époques, sa mise en scène semble même, comme les personnages du récit, s’autoriser une nouvelle jeunesse, transfusant au film entier une vitalité et une vivacité irrésistible. Toutefois, comme toujours, si le fond n’y était pas, la forme ennuierait le public. Or, impossible de ne pas se laisser happer par le récit de Trois souvenirs de ma jeunesse.
Sautillant comme un cabri, faisant se côtoyer le plus léger et le plus violent, séducteur et érudit, il passionne au point que l’on voudrait que Desplechin n’hésite jamais à nous faire part de 3000 souvenirs de sa jeunesse.
Trois souvenirs de ma jeunesse, à voir sur ICI Télé, le 20 avril, à 0 h 48
La bande-annonce (source : YouTube)