Dans la série Larry, Sharon James incarne Tara, une mère de famille qui vit dans un quartier populaire où les gangs de rue font la loi. Dans ce contexte économique et social tendu, où beaucoup sont à fleur de peau, cette mère s’est donné une mission : rendre la vie des autres meilleure. Elle gère un refuge qui vient en aide aux femmes démunies, elle se donne à 200 % pour que sa fille adolescente, Selena, ne manque de rien, et elle veut prendre Larry sous son aile quand sa femme est victime d’une balle perdue qui la laisse paralysée. Sharon James nous parle de son personnage dont la bienveillance parvient à faire ressortir du bon de tout le monde.

Tara est veuve et vit dans un climat socio-économique difficile. Plutôt que de se morfondre, elle prend la vie à bras-le-corps et veille au bien-être de son prochain. Vous êtes-vous inspirée d’un modèle féminin de votre entourage pour interpréter une femme d’une telle trempe?

J’ai eu le meilleur modèle pour créer le personnage de Tara. Ma mère est jamaïcaine. Elle aussi est devenue veuve et m’a élevée seule, mais surtout elle possède une force de vie incroyable. Je n’ai pas eu à chercher très loin. L’ingrédient le plus important que j’ai emprunté à ma mère, c’est sa capacité à surmonter tous les obstacles, toujours en gardant une joie de vivre. Son rire fort et communicatif envoyait toujours le message que tout allait être correct. 

Tara, c’est aussi moi : une femme noire immigrante de deuxième génération qui porte autant sa culture québécoise que son héritage jamaïcain, qui passe de l’anglais au français dans le même souffle, qui aime rire et qui essaie de cultiver la compassion pour son prochain. Ce personnage est donc très précieux pour moi, puisque c’est en quelque sorte une ode à ma mère et à ce qu’elle m’a légué.

– Quelles scènes de Larry vous ont particulièrement marquée?

J’adore les scènes d’action et d’émotions fortes. La scène d’enlèvement de Selena fut ma préférée à tourner. Des cris, des manipulations d’armes, des cascades… Même si ce sont des scènes violentes, lorsqu’on les tourne, on est dans le plaisir et le respect, et on roule un peu sur de l’adrénaline. Quand on a bien appris la chorégraphie de la scène, on se laisse aller et c’est vraiment le fun à jouer. 

– Si vous invitiez Tara à un souper de famille, en quels termes la présenteriez-vous?

Tara, tu vas voir… elle est un peu intense, mais elle est drôle. On va passer une belle soirée! Elle va sûrement te poser plein de questions et vouloir tout connaître de ta personne. Elle va te parler de sa fille, qu’elle aime plus que tout au monde. Elle va te donner des conseils de relations.  Tu risques de finir par partir chez toi avec un plat qu’elle a cuisiné, un numéro de référence pour un bon chiro et une recette de crème pour aider ton eczéma. C’est vraiment une femme qu’on veut comme amie. Tara va sûrement apporter un plat à partager même si elle est invitée  à souper. Elle va s'immiscer dans la cuisine, ajouter des épices à ta sauce parce qu’elle pense bien faire, va vouloir servir les invités parce que c’est dans sa nature et ne sait pas comment recevoir des autres. Tout est fait avec amour… Un cœur sur la main… parfois trop!

– Larry semble rendre hommage à la saga L’inspecteur Harry, avec Clint Eastwood. Avez-vous regardé des séries et des films policiers pour vous imprégner de l’univers de la série, ou vous êtes-vous spontanément plongée dans votre personnage?

Comme je l’ai mentionné, j'ai vite plongé dans l’énergie de Tara, puisque je la connaissais déjà. J’ai discuté avec l’auteur et le réalisateur pour qu’on s’entende sur les nuances de ce genre de personnage, mais l’essence de cette femme était évidente pour moi. 

– Vous avez joué la shamane Mystique Denise dans Les Sapiens, et vous incarnez actuellement Claire dans Famille magique et Miss Parker dans Complètement lycée. Ce sont trois séries jeunesse avec beaucoup d’humour au second degré. Est-ce que ça vous a permis de faire ressortir votre âme d’enfant? Est-ce un plus grand défi de jouer dans des séries pour les jeunes et les ados?

Les personnes qui me connaissent de près savent que je suis une éternelle enfant. J’aime beaucoup rire et faire rire. J’aime jouer des personnages de composition, j’aime les univers farfelus, j’aime la folie qu’on se permet en jeunesse qu’on oublie parfois ailleurs.

Le vrai défi en jeunesse, c’est de se laisser aller dans cette folie et de faire confiance au fait que les téléspectatrices et téléspectateurs vont embarquer avec nous. 

– Au théâtre, on vous a vue dans plusieurs pièces mettant en valeur, entre autres, l’africanité et la lutte pour la justice et l’obtention des droits civiques pour les personnes noires. Pensons à Baobab (pièce familiale), d’Hélène Ducharme, à Lettres d’une Africaine, de Tatiana Zinga Botao, et à Au sommet de la montagne, de Katori Hall. Est-ce que les valeurs véhiculées dans une production guident vos choix artistiques?

Au début de ma carrière, j’étais un peu plus naïve et candide dans mes choix artistiques. J’étais plus influencée par les chances offertes plutôt que par ma voix personnelle et ma vision artistique. Aujourd’hui, mes choix sont grandement influencés par mes valeurs et par ma mission de créer des personnages afro-descendants féminins diversifiés.

J’ai eu la chance et l’honneur d’interpréter des personnages venant de l’Afrique et du sud des États-Unis. J’aimerais continuer dans cette direction et donner une voix à toutes ces formes de femmes que l’on côtoie chez nous. Je crois que Tara en est un exemple parfait.

– Vous avez un don pour le chant. On a pu vous voir dans les comédies musicales Mamma Mia! et Rock of Ages. Avez-vous d’autres projets musicaux? 

En avril 2023, je serai de la distribution de la comédie musicale Bodyguard, basée sur le film éponyme, avec Whitney Houston. Un plaisir euphorique de chanter Whitney! 

Ensuite, cet été, nous aurons l’honneur de chanter l'œuvre de Diane Dufresne dans la comédie musicale Belmont, présentée à Repentigny. Je suis vraiment bénie des dieux de la comédie musicale. J’ai toujours pensé être une impostrice dans ce milieu, mais ce dernier m’a accueillie à bras grand ouverts! 

– Si vous pouviez voyager dans le temps, quels conseils donneriez-vous à la Sharon qui commence sa carrière de comédienne?

Plonge! N’écoute pas celles et ceux qui te diront le contraire. Plonge et fais confiance à ton instinct. N’aie pas peur de t’égratigner en chemin, tu sais très bien qu’on se relève, on en rit fort et on continue.

Ce rire, c’est ton message que tout va être correct. Ah oui, et achète des bitcoins… (J’aurais donc dû.)

Où voir Larry?

– La saison 1 est sur ICI Tou.tv.

– Des biographies des personnages principaux de Larry et des vidéos exclusives sont à découvrir sur la page de l’émission.