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La Coalition avenir Québec

Radio-Canada


Le visage politique se transforme au Québec. Après 18 ans d'existence, l'Action démocratique du Québec (ADQ) n'est plus. C'est la Coalition avenir Québec (CAQ), parti fondé par François Legault et Charles Sirois, qui sera désormais présente à l'Assemblée nationale, à la suite d'une fusion avec le parti créé par Mario Dumont et Jean Allaire.

C'est le 13 décembre 2011, après des semaines de rumeurs et de rapprochements, que la CAQ et l'ADQ ont annoncé qu'elles fusionnaient pour ne faire qu'une seule formation politique.

Le mariage politique devait toutefois être approuvé par les quelque 2500 membres de l'ADQ. Ainsi, du 9 au 19 janvier 2012, les membres se sont prononcés par la poste en répondant à la question suivante : Êtes-vous en faveur de l'entente de principe intervenue entre l'Action démocratique du Québec et la Coalition avenir Québec en vue de leur fusion? Oui ou non?

Les membres de l'ADQ ont voté dans une proportion de 70,5 % en faveur de la fusion de leur parti avec la CAQ. Le taux de participation a été de 54 %.

Le vote en détail


  • 1373 membres ont participé au processus de votation. De ce nombre, 35 bulletins de vote se sont avérés non conformes et ont été rejetés. 1338 votes ont été jugés valides.
  • 943 membres ont répondu être en faveur de la fusion (représentant 70,48 %).
  • 388 membres ont répondu ne pas être en faveur de la fusion (représentant 29 %).
  • 7 membres ont annulé leur vote (représentant 0,52 %).

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a estimé que la faible participation des membres de l'ADQ ôtait de la légitimité au résultat du vote sur la fusion et posait des questions sur la place du parti à l'Assemblée nationale.

De son côté, le chef de la défunte ADQ, Gérard Deltell, s'est dit pleinement satisfait du taux de participation des membres à ce vote sur la fusion avec la CAQ. « Je tenais à ce que tous les membres puissent s'exprimer sur l'entente de principe. La moitié s'est exprimée et le résultat est clair. » François Legault souligne pour sa part que le taux de participation peut se comparer à ceux enregistrés à l'issue de campagnes électorales, pourtant mieux publicisées.

Quant au Parti libéral du Québec, il a affirmé que l'ADQ s'est sabordée sans enthousiasme puisque seulement 37 % des membres se sont prononcés en faveur de la « fusion » avec la CAQ. « Lorsque 63 % des membres refusent de se prononcer en faveur d'un geste aussi important, on ne parle plus d'une fusion, mais d'une simple disparition », a souligné le président du parti, Marc Tanguay.

Quelques notes discordantes

La fusion avec le parti de François Legault ne fait pas l'unanimité et divise les troupes adéquistes.

Le président et le vice-président de la commission politique de l'ADQ, Claude Garcia et Adrien Pouliot, tous deux recrutés par le chef adéquiste Gérard Deltell, avaient déjà indiqué leur désaccord quant au projet d'entente.

Les militants adéquistes ne contesteront pas le résultat du vote, estimant qu'il est clair et sans appel. « Le chat est sorti du sac. La question est réglée. Ça ouvre maintenant la voie pour ceux qui veulent avoir un vrai parti à droite du centre », a affirmé Adrien Pouliot.

De son côté, M. Garcia se réjouit que près de 400 adéquistes se soient opposés à la fusion. « Je suis convaincu qu'il y a de la place sur l'échiquier politique pour des idées de plus grande liberté économique, ainsi que plus de responsabilités individuelles et aux gouvernements locaux. On a un État trop centralisé qui fait beaucoup trop de choses et qui ne les fait pas nécessairement très bien », a souligné le président de la commission politique de l'ADQ. « On va continuer le travail de l'ADQ, mais évidemment dans un autre véhicule », a-t-il précisé.

La CAQ à l'Assemblée nationale

Assemblée nationale (archives)

Assemblée nationale (archives)

Photo : La Presse canadienne

À l'ouverture de la session parlementaire le 14 février prochain, la Coalition avenir Québec pourra compter sur neuf représentants à l'Assemblée nationale :

  • François Rebello, député de La Prairie, ancien péquiste
  • Éric Caire, député de La Peltrie, anciennement de l'ADQ, devenu indépendant en 2009
  • Marc Picard, député de Chutes-de-la-Chaudière, anciennement de l'ADQ, devenu indépendant en 2009
  • Benoit Charette, député de Deux-Montagnes, anciennement péquiste, devenu indépendant en 2011
  • Daniel Ratthé, député de Blainville, anciennement péquiste, expulsé du caucus
  • Gérard Deltell, député de Chauveau, anciennement de l'ADQ
  • François Bonnardel, député de Shefford, anciennement de l'ADQ
  • Janvier Grondin, député de Beauce-Nord, anciennement de l'ADQ
  • Sylvie Roy, députée de Lotbinière, anciennement de l'ADQ

Le chef de la CAQ, François Legault, soutient que le premier défi de son parti consistera à faire en sorte que les membres de la coalition et les forces adéquistes apprennent à travailler ensemble afin de former « une véritable opposition » au gouvernement Charest.

Vers une reconnaissance du parti

La CAQ a beau avoir des députés présents en Chambre, le parti devra maintenant être reconnu comme parti politique à l'Assemblée nationale. Selon les règles, il faut soit avoir fait élire au moins 12 députés, soit avoir obtenu au moins 20 % des voix aux élections générales.

Or, en avril 2009, les députés ont toutefois modifié les règles temporairement afin de permettre à l'ADQ d'être reconnue. Le parti avait obtenu 16,37 % du vote aux élections provinciales de 2008. En vertu des nouvelles conditions, toujours en vigueur pour cette 39e législature, un parti ayant fait élire au moins 5 députés et ayant recueilli 11 % des voix est officiellement reconnu.

Ainsi, la CAQ avec ses neuf députés se qualifie pour être reconnue officiellement selon les règles établies. La formation de François Legault fait aussi valoir qu'elle est le prolongement de l'ADQ. Toutefois, les opposants pourraient avancer comme argument que les députés n'ont pas été élus sous la bannière coalisée, ce qui ferait en sorte que le parti ne devrait pas être reconnu.

C'est le président de l'Assemblée nationale à qui reviendra la tâche de gérer ce dossier. Même si ce dernier doit appliquer les règles en vigueur, il doit également arbitrer les différents points de vue. Le Parti libéral du Québec et le Parti québécois devraient faire valoir leur position à cet effet. Le président cherchera un compromis qui fait consensus ou tranchera simplement la question. De son côté, la CAQ plaidera sa cause avec des documents à l'appui derrière des portes closes.

Qu'est-ce que cela représente concrètement d'être reconnu comme parti? Au-delà de l'attribution de budgets de recherche plus importants, l'enjeu majeur est le temps de parole en Chambre.

Un parti reconnu a davantage de temps de parole qu'une formation qui ne l'est pas. « Le temps de parole est la principale ressource d'un député lors des travaux parlementaires. Plus il en dispose, plus souvent il a l'occasion de livrer ses opinions et donc de faire passer son message », peut-on lire sur le site de l'Assemblée nationale.

Concernant les budgets de recherches et de soutien, pour la période allant du 1er avril 2011 au 31 mars 2012, voici les sommes allouées aux partis ou aux députés :

  • 784 100 $ au Parti libéral du Québec
  • 659 500 $ au Parti québécois
  • 128 300 $ à l'Action démocratique du Québec
  • 91 200 $ à Québec solidaire
  • 22 700 $ à chacun des députés indépendants
Logo de la Coalition avenir Québec

Les 20 actions proposées par la Coalition avenir Québec sont:

Éducation

  • Augmentation du salaire des enseignants assortie d'un
  • processus d'évaluation
  • Abolition des commissions scolaires
  • Mesures ciblées pour lutter contre le décrochage scolaire
  • Rehaussement du financement des universités

Santé

  • Un médecin de famille pour chaque Québécois
  • Abolition des agences de santé et de services sociaux
  • Financement des établissements de santé selon le volume de soins dispensés
  • Réduction du coût des médicaments
  • Plan de développement de l'entreprenariat
  • Redéfinition de la mission d'Investissement Québec

Économie

  • Investissements accrus au Québec par la Caisse de dépôt et placement
  • Création d'un Fonds des ressources naturelles du Québec
  • Stratégie de développement économique des régions et de la métropole
  • Remboursement de la dette publique avec les redevances des ressources naturelles

Langue française et culture

  • Accroissement des ressources pour l'intégration des immigrants à la majorité francophone
  • Plafond de 45 000 immigrants pendant deux ans
  • Renforcement du rôle et des pouvoirs de l'Office québécois de la langue française
  • Recours au besoin à la clause dérogatoire pour abolir les écoles-passerelles

Intégrité dans la gestion publique

  • Création d'un poste de Commissaire à l'intégrité de la vie publique
  • Révision des règles d'attribution des contrats publics

La Coalition avenir Québec soutient que le financement de ces actions « serait réalisé par des réaménagements budgétaires dans les ministères, un allégement considérable des structures ainsi que des gains d'efficacité dans les grands réseaux publics et à Hydro-Québec ». Le chef de la CAQ, François Legault, a d'ailleurs indiqué ne pas vouloir privatiser Hydro-Québec, mais souhaiter l'abolition de 4000 postes de la société d'État d'ici 2018.

Je suis impatient d'aller à l'Assemblée nationale, impatient de débattre avec M. Charest et Mme Marois. [...] On verra les opportunités qui se présenteront.

Une citation de François Legault, chef de la CAQ

Charles Sirois n'occupera pas de fonction officielle au sein du nouveau parti de François Legault, mais ce dernier espère que le cofondateur du mouvement, lancé en février dernier, continuera d'agir à titre de conseiller personnel.

20 actions, et « on verra » pour la suite

Le chef de la CAQ veut se concentrer sur les 20 actions proposées par son nouveau parti. Lors de la présentation de son plan d'action, François Legault a d'ailleurs répondu « On verra » à plusieurs questions qui lui ont été posées.

M. Legault a toutefois été clair sur son opposition à la création d'une commission canadienne des valeurs mobilières et sa volonté de maintenir la taxe scolaire malgré son plan d'abolir les commissions scolaires.

La souveraineté de côté

La Coalition avenir Québec ne se positionne pas sur la place du Québec au sein du Canada. Lors de la présentation de son plan d'action, François Legault a déclaré qu'il ne voulait pas faire la promotion de la souveraineté du Québec, ni de la signature de la Constitution canadienne.

En juin, M. Legault affirmait que bien qu'il ait été souverainiste depuis l'âge de 16 ans, il fallait « sortir du déni » puisqu'une majorité de Québécois n'accepte pas le projet de la souveraineté.

Le cofondateur de la CAQ disait alors que le mouvement vise à réunir fédéralistes et souverainistes autour d'objectifs communs pour « être capables d'être maîtres de notre destin ».

Il y a une perte de confiance énorme de la population à l'égard de la classe politique. Tant qu'on n'aura pas rétabli cette confiance, et tant qu'on n'aura pas aussi idéalement cessé de recevoir 8 milliards de dollars par année de péréquation, c'est difficile d'envisager soit la souveraineté du Québec, soit le renouvellement du fédéralisme. C'est pour ça qu'on a dit : " Prenons une position nationaliste ".

Une citation de François Legault

Au début novembre, après avoir officialisé la création de son parti politique, François Legault a dit vouloir créer un nouveau rapport de force avec le gouvernement fédéral tout en évitant le terrain constitutionnel. Le cofondateur de la CAQ a dit souhaiter réduire la dépendance du Québec envers les paiements de péréquation versés par Ottawa afin d'avoir plus de poids face au gouvernement fédéral.

« Je pense qu'une des bonnes façons de le faire, c'est entre autres d'avoir une meilleure situation économique et d'être capable d'être un joueur qui contribue à la fédération plutôt qu'un joueur qui reçoit de la péréquation », a-t-il expliqué.

M. Legault a par ailleurs critiqué certaines politiques récentes d'Ottawa, dont l'abolition du registre des armes d'épaule et le refus d'octroyer une part des contrats de construction de navires de la marine canadienne au chantier naval Davie. « Dans le dossier de la Davie, on peut se demander : est-ce qu'on aurait pu fractionner les contrats? Dans le dossier du vérificateur unilingue, c'est inacceptable. Il faut, à un moment donné, qu'il y ait un lien qui se recrée entre le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral », a affirmé François Legault.

Il y a certains dossiers où effectivement, on n'est pas d'accord avec le gouvernement fédéral. Il faut le dire haut et clair.

Une citation de François Legault, cofondateur de la CAQ

De mouvement à parti

Au moment de sa fondation, en février dernier, la Coalition pour l'avenir du Québec avait d'abord publié un manifeste dans lequel 12 signataires disaient vouloir « remettre le Québec en mouvement » en « proposant un plan d'action rassembleur ».

Les douze signataires du manifeste de la Coalition pour l'avenir du Québec, publiée en février 2011 :

  • François Legault, ancien ministre péquiste et cofondateur
  • Charles Sirois, homme d'affaires et cofondateur
  • Bruno-Marie Béchard Marinier, ancien candidat libéral fédéral et recteur honoraire de l'Université de Sherbrooke
  • Dr Lionel Carmant, neurologue
  • Sylvie Lemaire, femme d'affaires
  • Chantal Longpré, présidente, Fédération québécoise des directions d'établissements d'enseignement, porte-parole de la Coalition pour l'éducation
  • Stéphanie Raymond-Bougie, avocate en droit des affaires
  • Anie Samson, mairesse de l'arrondissement montréalais de Villeray-St-Michel-Parc-Extension
  • Jean Lamarre, président de Lamarre Consultants
  • Michel Lemay, président du Réseau HEC Montréal
  • Marie-Ève Proulx, mairesse de Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud
  • Jean-François Simard, ancien député péquiste

Au cours des mois suivants, les cofondateurs de la Coalition ont jeté les bases d'un programme politique dans quatre documents portant sur l'économie, la santé, l'éducation, la langue et la culture.

En avril, M. Legault a dévoilé les idées du mouvement en matière d'éducation. Le document proposait que Québec fusionne les commissions scolaires avec les directions régionales de l'éducation, élimine les élections scolaires et permette aux universités de moduler les frais de scolarité en fonction des programmes d'études.

En mai, la coalition a rendu publics les changements qu'elle propose pour améliorer la qualité des services de santé. François Legault et Charles Sirois disaient vouloir modifier la rémunération des médecins de famille, abolir les agences de santé et de services sociaux et contrôler le coût des médicaments.

« Je veux des écoles et des soins de santé accessibles pour tout le monde. [...] Ce qu'on veut, c'est ce qu'il y a de mieux pour les Québécois », a déclaré M. Legault.

En juin, la Coalition a présenté le volet économique de son programme, dans lequel elle exprimait notamment la nécessité de revaloriser l'entrepreneuriat. Les fondateurs de la Coalition, deux hommes d'affaires, se disaient alors inquiets du manque de relève et prônaient la création d'entreprises dans la province, en plus du retour des sièges sociaux à Montréal. Ils ont également insisté sur l'importance de réduire la dette publique.

En août, lors du dévoilement de ses propositions enmatière de langue et culture, la Coalition a notamment proposé de réduire le nombre d'immigrants reçus au Québec à 45 000 par année pour une période de deux ans afin de favoriser leur francisation.

En septembre, François Legault a ensuite entrepris une tournée de consultation dans la province pour connaître l'opinion des citoyens sur l'ensemble des propositions.

Cette démarche a mené à la création du parti Coalition avenir Québec, en novembre 2011.

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