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Mouvement propalestinien : l’Université Columbia sanctionne les étudiants

Des dizaines de tentes et des centaines de personnes sur le campus de Columbia, un jour ensoleillé.

De nombreux étudiants avec des tentes occupaient encore l'Université Columbia le 29 avril 2024.

Photo : Getty Images / Spencer Platt

Agence France-Presse

L'Université Columbia à New York, d'où est parti un mouvement propalestinien sur des campus aux États-Unis, a commencé lundi soir à sanctionner des étudiants qui refusent de quitter, « sauf par la force », un campement installé depuis 10 jours.

La nouvelle vague du mouvement d'étudiants et de militants contre la guerre que conduit Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a gagné nombre d'établissements, de la Californie à la Nouvelle-Angleterre en passant par le centre et le sud du pays.

Nous avons commencé à suspendre [administrativement] des étudiants, dans le cadre de cette nouvelle étape pour assurer la sécurité de notre campus.

Une citation de Ben Chang, vice-président chargé de la communication de Columbia

Au lendemain d'un week-end relativement calme sur le campus, où est installé un village de tentes, la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a lancé lundi un ultimatum expirant à 14 h. Elle a exhorté 200 occupants d'un campement à partir, à la suite de l'échec de cinq jours de négociations pour une solution à l'amiable.

Le reportage de notre correspondante Azeb Wolde-Giorghis

Proche-Orient, l’éternel conflit

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Un panache de fumée s'élève à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, le samedi 7 octobre 2023.

Ces étudiants et militants propalestiniens, qui exigent que Columbia, université privée, coupe les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, avaient alors exigé de protéger le campement.

Nous ne serons pas délogés, sauf par la force, a crié lors d'un point de presse Sueda Polat, une dirigeante étudiante du mouvement, en dénonçant une tactique pour faire peur qui ne signifie rien face à la mort de plus de 34 000 Palestiniens.

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Des dizaines de jeunes ont défilé, le visage caché par des masques sanitaires, autour du campus en tapant des mains et en chantant Libérez la Palestine, selon une journaliste de l'AFP qui a dénombré une cinquantaine de personnes restantes dans le petit campement dans une atmosphère détendue et sans présence policière.

Columbia avait assuré vendredi qu'elle ne ferait pas appel à la police de New York pour évacuer les tentes.

Pour Joseph Howley, professeur à Columbia, l'ultimatum lancé par la présidente Shafik équivaut à céder aux pressions politiques externes.

Minouche Shafik parle lors d'une audience.

La présidente de l'Université Columbia, Minouche Shafik, lors d'une audience à Washington le 17 avril 2024.

Photo : Reuters / Ken Cedeno

Un mouvement généralisé

La vague de protestation s'étend dans les universités américaines depuis 10 jours. Le mouvement est parti de Columbia, où 100 personnes avaient été interpellées le 18 avril.

Depuis, des centaines d'autres – étudiants, enseignants et militants – ont été brièvement interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays.

Les images de policiers antiémeute intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde, rappelant des événements similaires aux États-Unis lors de la guerre du Vietnam.

Un homme est entouré de trois agents de police qui l'arrêtent.

Des arrestations ont eu lieu à l'Université du Texas le 24 avril 2024.

Photo : Reuters / USA Today Network/Jay Janner

Les manifestations ont ravivé le débat tendu depuis l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, sur la liberté d'expression, un droit constitutionnel et des allégations d'antisémitisme.

Cet hiver, les deux présidentes des universités Harvard et UPenn ont dû démissionner après avoir été accusées devant le Congrès à Washington de ne pas en faire assez contre l'antisémitisme.

D'un côté, des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer la libre expression politique. De l'autre, plusieurs personnalités, dont des élus républicains, estiment que les militants attisent l'antisémitisme.

Des étudiants juifs ont se joint aux mobilisations propalestiniennes.

Nombre de nos étudiants juifs, et d'autres, ressentent ces dernières semaines une ambiance intolérable. Beaucoup ont quitté le campus et c'est une tragédie, a dit dans son communiqué la présidente de Columbia.

Minouche Shafik a en outre affirmé que l'université ne se désengagerait pas de ses investissements en Israël.

Mais le chef des républicains à la Chambre des représentants, Mike Johnson, a dénoncé sur X un campus dépassé par des étudiants antisémites et appelé Mme Shafik à démissionner.

Dimanche, la Maison-Blanche a appelé les manifestations de soutien à Gaza à rester pacifiques et a condamné les propos antisémites. La porte-parole du président Joe Biden, Karine Jean-Pierre, a rappelé lundi que la liberté d'expression devait se faire dans le cadre de la loi et du droit.

Des campements similaires se retrouvent également au Canada.

Samedi, des étudiants montréalais ont installé un campement à l'Université McGill. La direction de l'Université estime que cela viole les politiques de l'établissement, et la loi.

Le campement aura fait sourciller la classe politique, dont la ministre de l'Enseignement supérieur du Québec, Pascale Déry, et le député fédéral libéral Anthony Housefather.

Lundi, un campement a aussi été annoncé à l'Université de Colombie-Britannique, à Vancouver.

Le même jour, un sit-in s'est déroulé à l'Université d'Ottawa.

Au cours du week-end, plus de 350 personnes ont été interpellées dans plusieurs universités américaines et le campement de Boston a été démantelé.

À l'Université du Texas, à Austin, un campement a aussi été démantelé et quelques personnes interpellées. Lundi, la police a utilisé des bombes lacrymogènes au poivre face aux manifestants. Aucun campement ne sera autorisé, a déclaré le gouverneur conservateur du Texas, Greg Abbott, sur les réseaux sociaux.

L'avocat Paul Quinzi, qui défend à Austin des personnes détenues, a dit à l'AFP estimer à au moins 80 le nombre d'arrestations qui continuent.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, et sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait 34 488 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.

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