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Bornes de recharge : Hydro-Québec veut laisser sa place au secteur privé

Les stations à essence sont prêtes à remplacer la société d'État et elles risquent de faire payer plus cher.

Quatre bornes de recharge électriqus de 24 kilowatts.

Une borne de recharge a une durée de vie de huit ans. Le secteur privé envisage de racheter certaines bornes d'Hydro-Québec.

Photo : Radio-Canada / Mélanie Picard

Après avoir développé le Circuit électrique, le réseau de bornes publiques à travers la province, Hydro-Québec se prépare à prendre du recul et à laisser le privé s'emparer du marché, à partir de 2030. Le changement ne devrait pas laisser indifférents les détenteurs de véhicules électriques qui les rechargent sur les routes.

On souhaite que le secteur privé embarque dans l’aréna de la recharge publique, explique à Radio-Canada France Lampron, la responsable du Circuit électrique depuis 12 ans à Hydro-Québec.

Quand le secteur privé va arriver, on va se retirer.

Une citation de France Lampron, responsable du Circuit électrique à Hydro-Québec
France Lampron en entrevue dans un garage sous-terrain, près d'une borne du Circuit électrique.

France Lampron, directrice de l'électrification des transports à Hydro-Québec

Photo : Radio-Canada

Le secteur privé frappe déjà à la porte pour prendre la place. C'est ce que révèle un mémoire remis au ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, dans le cadre de la consultation sur le projet de loi qu'il prépare et déposera ce printemps.

L'Association des distributeurs d'énergie du Québec (ADEQ), dont sont membres 2300 stations à essence, écrit que les stations-service sont prêtes à prendre la relève.

Le gouvernement doit envisager de retirer Hydro-Québec du marché de la revente d'électricité-carburant et laisser cette activité au secteur privé.

Une citation de Mémoire de l'Association des distributeurs d'énergie du Québec, remis au ministre Fitzgibbon.

En entrevue avec Radio-Canada, la présidente de l'ADEQ, Sonia Marcotte, fait valoir que ses membres ont déjà une expertise en distribution d'énergie. On connaît les besoins des automobilistes et on a déjà les meilleurs endroits, dit-elle.

Elle évoque la possibilité que ses membres puissent racheter les bornes qu'Hydro-Québec a installées sur le terrain de stations-service.

Sonia Marcotte, présidente de l'Association des distributeurs d'énergie du Québec.

Sonia Marcotte, présidente de l'Association des distributeurs d'énergie du Québec

Photo : Radio-Canada

Le Circuit électrique bâti par Hydro-Québec compte 5500 bornes de recharge sur les routes, dont près d'un millier de bornes rapides. D'ici 2030, la société d'État veut ajouter 2500 bornes rapides et 4500 bornes standards. C'est à ce moment-là que son retrait devrait s'amorcer.

En 2030, le gouvernement vise deux millions de véhicules électriques sur les routes. On n'arrivera pas seuls à répondre à tous les besoins, dit France Lampron. Le rôle d'Hydro-Québec, c'était de donner l'impulsion.

Pas de monopole d'Hydro-Québec pour la recharge

Depuis 2018, au Québec, la recharge électrique n'est plus considérée comme de la distribution d'électricité, mais plutôt comme un service. Le monopole d'Hydro-Québec sur la distribution ne s'applique donc pas.

On voit les installations en blanc et rouge.

Actuellement, six stations Petro-Canada du Québec offrent des bornes de recharge.

Photo : Petro Canada

Un risque de payer plus cher

Actuellement, avec le réseau d'Hydro-Québec, on paie le même prix sa recharge sur la route qu'on soit dans une région éloignée ou au centre-ville de Montréal. Avec le privé, ça devrait changer.

C'est possible, mentionne France Lampron, d'Hydro-Québec. Il faut que ce soit rentable pour eux. Par ailleurs, aucune réglementation ne fixe le prix de la recharge.

Il va y avoir une concurrence, donc il pourrait y avoir une variation. On verra à l'usage, ajoute Sonia Marcotte, de l'ADEQ. Le texte de son mémoire ne laisse pas de doute : Les tarifs de revente d'électricité-carburant ne doivent pas être fixes.

L'exploitant de bornes de recharge doit être libre d'établir son tarif de revente qui permet de rentabiliser son exploitation de bornes de recharge [et] de moduler leurs tarifs en fonction de la demande et de la période de la journée.

Une citation de Mémoire de l'Association des distributeurs d'énergie du Québec, remis au ministre Fitzgibbon.
Une borne de recharge rapide de 180kW.

Le Circuit électrique offre des bornes de 24 à 350 kilowatts.

Photo : Radio-Canada / Catherine Gosselin

Depuis début avril, la recharge est facturée au kilowattheure, plutôt qu'en fonction de la durée de recharge. C'est plus équitable, explique Hydro-Québec, puisque les voitures plus performantes se rechargeaient en moins de temps. C'était aussi une demande du secteur privé.

Autre coup de pouce au privé, le gouvernement subventionne, depuis 2022, les bornes de recharge rapide qui sont installées par des entreprises dans des endroits stratégiques, à proximité des commerces, des restaurants, des pharmacies...

Une enveloppe de 50 millions de dollars a été prévue jusqu'en 2025. Pour l'installation d'une borne de 100 kW, la subvention peut atteindre 80 % des dépenses admissibles, pour un maximum de 125 000 $.

L'enjeu de la rentabilité

Jusqu'à présent, si le privé n'était pas pressé d'envahir le marché, c'est surtout parce que la rentabilité des bornes de recharge n'est pas au rendez-vous.

Du 1er janvier 2023 au 28 mars 2024, Hydro-Québec a tiré des revenus de 11,3 millions de dollars de ses bornes rapides sur les routes du Québec, soit une moyenne de 12 390 $ par borne. Dans le même temps, ses investissements dépassent largement les montants récoltés.

Les stations-service pensent qu'elles pourront mettre les bornes aux endroits les plus stratégiques pour assurer leur rentabilité. De son côté, Hydro-Québec avait un mandat très loin de la recherche du profit.

On a une approche de service public, donc on ne va pas seulement dans les endroits où c'est rentable.

Une citation de France Lampron, responsable du Circuit électrique, à Hydro-Québec

Certaines bornes du Circuit électrique sont utilisées moins d'une fois par jour, révélait récemment le Journal de Québec. Jamais le secteur privé n'exploiterait de tels emplacements. Installer une borne de 100 kW coûte 100 000 $, auxquels il faut ajouter 3510 $ par année d'exploitation et d'entretien.

Que se passerait-il si le secteur privé ne desservait pas les secteurs moins rentables? C'est très possible qu'à terme, Hydro-Québec soit dans les régions éloignées, répond France Lampron. Si le privé n'est pas au rendez-vous, on va continuer.

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