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Trop « gourmand », Honda n’a pas réussi à s’entendre avec Québec

Le constructeur avait des demandes jugées excessives par Québec. La question des retombées économiques a pesé dans la balance pour le gouvernement Legault.

L'extérieur de l'usine d'Honda à Alliston, le 22 février 2024.

Honda a actuellement une usine à Alliston, en Ontario, qui assemble des véhicules de modèles CR-V et Civic. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell

Le constructeur japonais Honda a été jugé trop « gourmand » dans ses demandes pour venir s’établir au Québec, a appris Radio-Canada. Le fabricant ira finalement s’installer en Ontario, qui a déposé une offre plus généreuse. L’annonce sera faite jeudi.

On aurait voulu les faire venir, mais à un prix raisonnable. Et ce n’était pas le cas, a souligné une source bien au fait du dossier à Radio-Canada.

Il y a quelques semaines, Radio-Canada avait rapporté que Honda était intéressé à installer son usine de cathodes au Québec et qu'il négociait une participation dans la minière Nemaska Lithium. Le constructeur souhaitait aussi obtenir un prix attrayant pour le lithium.

Selon nos informations, le montant demandé par Honda pour l'ensemble de son projet excédait celui que va investir le gouvernement dans Northvolt. L’aide financière de Québec est évaluée à 1,37 milliard de dollars (prêts et participations dans l'entreprise) et peut atteindre 3 milliards de dollars avec les subventions à la production.

C’est jeudi que les détails du projet de Honda seront annoncés, mais déjà le premier ministre ontarien Doug Ford souligne qu’il s’agira du plus important accord de l’histoire du Canada, représentant le double de la valeur de celui de Volkswagen.

Outre une offre plus généreuse en Ontario, Honda voudrait aussi profiter de l’écosystème en place, le constructeur possédant déjà des usines dans la province canadienne la plus populeuse. L'entreprise pourra ainsi faire davantage d’économies d’échelle.

L’ampleur de l’aide du gouvernement de l’Ontario n’est pas connue pour le moment, mais c’est la province qui assurera l’essentiel de la facture. Le fédéral sera aussi de la partie.

Dans son budget déposé la semaine dernière, le gouvernement de Justin Trudeau proposait un crédit d'impôt de 10 % pour les infrastructures liées à la chaîne d'approvisionnement pour les véhicules électriques.

Honda n’avait pas encore répondu à une demande de réaction de Radio-Canada au moment de mettre en ligne cet article.

Des retombées insuffisantes?

Après plusieurs semaines de négociations, le gouvernement du Québec a appris la décision de Honda durant la fin de semaine.

Déjà sous pression avec des finances jugées plus précaires, le gouvernement caquiste voulait s’assurer d’obtenir de solides retombées économiques et fiscales sur 10 ans.

Si on se rend compte que les retombées ne sont pas là, on ne le fait pas, a souligné une source.

Québec peut déjà compter sur les usines de cathodes de Ford et de General Motors à Bécancour, dans ce qui est appelé la « vallée de la transition énergétique ». De son côté, Northvolt va produire des cathodes et des cellules, ainsi qu’implanter une usine de recyclage.

La venue de Honda au Québec était donc vue comme la cerise sur le gâteau, mais n’était pas nécessaire pour l’écosystème en place, nous dit-on.

Et l’électricité?

Le contexte plus serré des surplus d’électricité au Québec n’aurait pas joué dans la balance. Selon nos informations, les négociations n’étaient pas rendues assez loin avec Honda pour que le fabricant fasse une demande en énergie.

Toutefois, si le constructeur avait décidé de s’implanter au Québec, le ministre de l’Énergie et de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, aurait dû abandonner d’autres projets, surtout si Honda avait voulu construire une usine de cathodes et une autre de cellules.

Pour les cellules, je ne crois pas qu’on aurait eu l’énergie dans le laps de temps… pour les cathodes, ça aurait pu passer. S’ils étaient venus, il y a des projets qu’on n’aurait pas faits, a indiqué une source.

L’an dernier, M. Fitzgibbon avait dû renoncer à l’implantation de Volkswagen en raison du manque d’électricité disponible.

Si on avait eu le courant électrique, on aurait été au rendez-vous, mais on ne l’avait pas, a-t-il alors admis.

Selon nos informations, la controverse entourant Northvolt n’a pas refroidi Honda quant à l'idée de venir au Québec, tout comme le contexte de ralentissement dans le secteur des véhicules électriques.

Au cours des derniers mois, des fabricants ont décidé d’appuyer sur le frein de la production de ce type de véhicules. Certains grands joueurs comme Tesla ont vu leurs ventes baisser lors du dernier trimestre.

Honda pourrait d’ailleurs être le dernier gros joueur à venir s’établir au Canada pour produire des composantes ou des véhicules électriques.

Selon nos informations, malgré le ralentissement, tous les projets annoncés à Bécancour ou dans la banlieue montréalaise ne sont pas menacés.

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