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Une journée dans la vie de Yannick Nézet-Séguin à New York

Le chef Yannick Nézet-Séguin dirige l'orchestre du Met au Lincoln Center le 14 février 2024.

Yannick Nézet-Séguin au Lincoln Center le 14 février 2024.

Photo : Getty Images / Bryan Bedder

Difficile de dire qui de New York ou de Yannick Nézet-Séguin dégage le plus d’énergie. À 49 ans, ce grand chef d’orchestre est arrivé à gravir presque tous les sommets. Il est directeur de la plus grande institution musicale du monde depuis six ans : le Metropolitan Opera.

Le chef montréalais est également directeur du prestigieux Orchestre de Philadelphie depuis 2012 et directeur de l’Orchestre Métropolitain de Montréal depuis 2000; un mariage pour la vie.

Je prolonge mon contrat qui me lie à l’Orchestre métropolitain de Montréal par un engagement qui va nous lier pour la vie.

Une citation de Yannick Nézet-Séguin

Avant de trôner sur ces trois sommets, il a été, très jeune, chef principal de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam. Régulièrement invité à Londres, Berlin et Vienne, Yannick Nézet-Séguin pourrait diriger l’orchestre qu'il souhaite, puisqu’il fait partie du club très sélect des chefs les plus demandés sur la planète.

Le trio le plus optimal de musique classique

Des fois, on a tendance en musique, comme dans d’autres domaines d’ailleurs, à penser qu’il y a une trajectoire linéaire à suivre. Au fond, être "au top" c’est être entouré des bonnes personnes pour faire de la meilleure musique ainsi que pour avoir un impact dans la communauté, explique-t-il en entrevue avec Patrice Roy.

C’est important en musique de ne pas se prendre au sérieux, mais c’est important de prendre la musique au sérieux.

Une citation de Yannick Nézet-Séguin

Les chefs d'œuvres symphoniques sont souvent de grosses histoires en lien avec de grandes questions philosophiques, de grandes questions humaines. Ce n’est pas le moment de penser uniquement aux notes, mais plutôt de penser au message , souligne-t-il, ajoutant que la valeur ultime réside dans la transmission d’un message.

Il faut accepter de prendre des risques et, par définition, ça veut dire que ce ne sera pas toujours parfait. Mais un risque calculé peut mener tellement plus loin.

Une citation de Yannick Nézet-Séguin

Passionné dès l’âge de 10 ans

Yannick Nézet-Séguin fait partie d’une minorité de personnes qui savaient très tôt ce qu’ils feraient dans la vie. À 10 ans, il joue au chef d’orchestre sur le Boléro de Ravel à son école primaire Saint-Isaac-Jogues. Puis, jeune adolescent, il collectionne maladivement les disques de toutes les symphonies possibles, dans toutes leurs versions possibles. Verdi, Mahler, Beethoven, Bruckner... il les connaît tous par cœur.

Aujourd’hui, avec ses musiciens, il transmet avec passion tout ce qu’il a assimilé de ses écoutes frénétiques. Partout où le maestro passe, il instaure un climat de confiance.

Les chefs d’orchestre, des autocrates?

Yannick Nézet-Séguin avoue avoir l’impression que le monde de la musique est à l’avant-garde des grands mouvements de société. Il y a 20 ou 30 ans, en musique classique, il y a eu un rejet de cette façon très autocrate et abusive de faire les choses.

Sans prétendre que l’ère des chefs d’orchestre qui terrorisent est révolue, il estime que les chefs de sa génération ont dû réfléchir et exercer un leadership différemment.

À ses yeux, le fait qu’il y ait davantage de femmes sur les podiums est en partie une des raisons pour lesquelles les choses évoluent. Il souligne que la transmission du savoir d’un chef à l’autre et d’une génération à l’autre se fait maintenant en parlant des formes sournoises d’abus.

Avant l’enseignement de la direction d’orchestre était seulement centré sur la musique, la technicité, tandis que dorénavant on accepte l’aspect psychologique qui est tellement important.

Une citation de Yannick Nézet-Séguin
Le chef d'orchestre sur scène durant ses remerciements avec son Grammy en main.

Yannick Nézet-Séguin a été récompensé dans la catégorie du meilleur enregistrement d'opéra pour Blanchard : Champion (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Amy Sussman

Le Met, l’institution d’arts de la scène la plus grosse au monde

Yannick Nézet-Séguin est nommé au Metropolitan Opera (Met) en 2016 et souhaitait déjà à l’époque que ce prestigieux endroit redevienne la maison des New-Yorkais. Et il a tenu promesse.

Pour la première fois de son histoire, le Met présente, en 2021, un opéra de Terence Blanchard (Fire Shut Up in My Bones), un musicien de jazz afro-américain. En 140 ans d'existence, c’était la première fois que le répertoire d'un musicien de jazz afro-américain était dans la programmation.

Il n’y a pas de quoi être fier que ce soit le premier noir après tant d’années. Je pense que c’était absolument important pour moi lors de ma quatrième saison d’ouvrir avec un compositeur afro-américain afin de montrer sur scène la réalité des gens qui composent la ville et qui composent le monde.

Sa mission est simple : transmettre dans toute sa splendeur l’émotion des œuvres.

Un chef pas comme les autres

Yannick Nézet-Séguin cumule les succès à l’opéra, en musique symphonique à Philadelphie et à Montréal, et, plus récemment, un apport précieux au cinéma. Il a coaché Bradley Cooper dans son rôle du chef Leonard Bernstein dans le film Maestro, sorti en décembre 2023, car il ne s’agit pas simplement d’agiter une baguette.

C’est un immense défi parce que, dans l'œil du profane, même si c’est un incroyable acteur, je devais lui montrer le maniement de la baguette tout en ne lui donnant pas des cours de direction de façon générale. Il avait peur de devenir le chef Bradley et non le chef Bernstein, explique Yannick Nézet-Séguin.

On voit Bradley Cooper en noir et blanc dans son personnage. Il est à l'extérieur.

Bradley Cooper joue Leonard Bernstein dans «Maestro», un film biographique sur le compositeur. Il est aussi réalisateur.

Photo : Netflix

Le film n’escamote pas l’homosexualité cachée de Leonard Bernstein, alors que Yannick Nézet-Séguin a toujours vécu au grand jour son amour pour Pierre Tourville, son conjoint, aussi musicien.

Bernstein est un grand modèle musical pour moi. Rapidement, j'ai voulu lire le scénario parce que je ne voulais pas être associé à un film qui aurait complètement mis cet aspect de côté, admet-il.

Avec les informations de Patrice Roy

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