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L’héritage économique de Rachel Notley est-il un boulet ou un atout pour le NPD?

Rachel Notley qui porte un casque de construction devant des tuyaux de pipeline.

Rachel Notley a affirmé que le pipeline Trans Mountain était une de ses politiques les plus marquantes.

Photo : Reuters

Après près de 10 ans à la tête du NPD de l’Alberta, Rachel Notley a annoncé son départ prochain. En matière de politique économique, les prétendants à sa succession ont-ils intérêt à se revendiquer dans sa droite ligne?

Quatre années de déficit

À voir la dernière campagne électorale, la réponse la plus évidente serait non. Le Parti conservateur uni a attaqué sans relâche le bilan financier des quatre années au pouvoir de Rachel Notley.

Rachel Notley veut que vous oubliiez que son gouvernement nous a conduits à des dettes importantes, disait-il dans une de ses publicités.

Une publicité du PCU qui montre Rachel Notley avec l'inscription en anglais 97 fois.

Le Parti conservateur uni a vivement critiqué les politiques économiques de Rachel Notley lorsqu'elle était au gouvernement, comme les hausses d'impôt et l'augmentation de la dette.

Photo : YouTube/ United Conservative Party

Pour l’économiste en chef de la financière Alberta Central, Charles St-Arnaud, la question est cependant loin d’être tranchée. Il rappelle que le Nouveau Parti démocratique de l’Alberta est arrivé au pouvoir en plein effondrement des prix du pétrole.

Entre 2015 et 2016, les revenus provenant des ressources non renouvelables ont chuté de près de 70 %.

C’est très difficile de donner un bilan économique alors que les courants de fond étaient négatifs.

Une citation de Charles St-Arnaud, économiste en chef à Alberta Central

Lors de son annonce, Rachel Notley a d’ailleurs fait un clin d’oeil aux critiques. Sérieusement, les amis, je n'étais pas la cause [de l’effondrement mondial des prix du pétrole], a-t-elle dit.

Selon l’économiste, ce qui peut être soumis au débat, c’est le niveau de dépenses de l’époque.

On a eu une accélération des dépenses dans la première moitié du mandat. On peut donc se poser la question si, peut-être, on a fait trop de dépenses qui ont généré un déficit plus gros que ce qui était nécessaire. Mais l’autre point de vue qui peut être pris, c’est qu’il y a un rôle stabilisateur du gouvernement, donc, on aide l’économie en récession en faisant des dépenses fiscales, souligne-t-il.

Puits de pétrole en Alberta.

Selon l'économiste Charles St-Arnaud, le gouvernement néo-démocrate n'a pas seulement dû composer avec une chute des prix du pétrole, mais avec aussi une transformation profonde du secteur qui n'investit plus autant dans la croissance.

Photo : La Presse canadienne / Larry MacDougal

De plus, ce bilan fiscal pourrait avoir moins de poids dans les prochaines campagnes électorales qu’il n’en a eu en 2019 et en 2023, selon le professeur de sciences politiques de l’Université de l’Alberta Frédéric Boily.

Bien que les conservateurs unis aient joui de confortables surplus ces deux dernières années, le ministre des Finances, Nate Horner, a avoué que ce serait difficile en 2024.

Peut-être que là, les conservateurs unis devront eux aussi trouver de nouvelles sources de revenus parce que les prix du pétrole ne sont pas si forts, note M. Boily.

Une politique énergétique à la sauce albertaine

S’il y a un aspect économique que les prétendants au trône ont intérêt à garder de Rachel Notley, selon le politologue, c’est la politique en matière énergétique.

Frédéric Boily croit que, en appuyant le projet d’agrandissement du pipeline Trans Mountain et en soutenant plusieurs fois l’industrie pétrolière, la cheffe néo-démocrate a imprégné sa marque sur le parti de façon durable.

De l’extérieur de l’Alberta, ça pouvait paraître incongru, mais dans le contexte albertain, si on veut avoir un parti néo-démocrate qui gouverne, on n’a pas le choix de faire certaines adaptations. Ça, c’était l’adaptation à faire, estime-t-il.

On pourrait avoir un candidat tenté de se déplacer vers une approche plus radicale sur le plan environnemental, mais je ne pense pas que ce soit possible présentement en Alberta.

Une citation de Frédéric Boily, politologue
Rachel Notley est entourée de membres d'organisations environnementales et des PDG de Cenovus, Suncor et CNRL.

En novembre 2015, Rachel Notley, alors première ministre de l'Alberta, avait présenté sa taxe sur le carbone en présence des dirigeants de pétrolières.

Photo : La Presse canadienne / AMBER BRACKEN

La politologue de l’Université de Calgary Lisa Young est d’accord : Elle a montré qu’il y avait de la place pour des politiques qui reconnaissaient le changement climatique tout en soutenant l’industrie des énergies fossiles. Ça pave la voie à son successeur.

Rappelons ainsi que Rachel Notley a présenté son plan climatique, qui comprend la mise en place d'une taxe sur le carbone, en présence de dirigeants des plus importantes pétrolières de l’Alberta.

Frédéric Boily ajoute la politique de conversion des centrales électriques du charbon au gaz naturel et l’appui aux énergies renouvelables à la liste des héritages à conserver de Rachel Notley.

Même si le fonctionnement du réseau électrique albertain fait l’objet de nombreux débats, le politologue note que ces politiques néo-démocrates ont facilité la tâche du gouvernement actuel.

Si ce processus-là n'avait pas été lancé, on pourrait imaginer toutes les difficultés qu’auraient les conservateurs unis aujourd'hui à essayer de revaloriser le bilan environnemental de l'Alberta, conclut Frédéric Boily.

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