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L’efficacité d’un nouveau programme de recyclage remise en question au N.-B.

Alors que les édifices à logements poussent comme des champignons un peu partout dans la province, plusieurs demandent que les déchets produits par ces ménages soient recyclés.

Le site d'enfouissement à Moncton

Les ordures qui se trouvent dans les sacs clairs aboutissent automatiquement au site d’enfouissement à Moncton. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Catherine Allard

Les immeubles à logements et les entreprises ne seront pas tenus de participer à un nouveau programme de recyclage dont l’objectif est de réduire la quantité de déchets dans les sites d’enfouissement du Nouveau-Brunswick.

Le gouvernement provincial s’est doté en mai d’une stratégie visant à éviter, d’ici 2030, l’enfouissement annuel de 40 000 tonnes de déchets.

Pour y arriver, on mise notamment sur un nouveau programme de recyclage. Celui-ci forcera les manufacturiers produisant la majorité des biens vendus dans les épiceries, quincailleries, pharmacies et autres commerces de détail de la province à payer pour faire recycler les matières qu'ils produisent.

L'un des immeubles semble terminé, l'autre n'est encore qu'une structure en béton.

Des immeubles d'habitation de 15 étages sont en construction au centre-ville de Moncton. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Shane Magee

Le gouvernement souhaite ainsi réduire l’enfouissement de déchets ménagers comme des emballages – papier, récipients en verre, pellicules de plastique et polystyrène – et du papier imprimé.

À l’heure actuelle, les programmes de recyclage et tri des ordures ne permettent de recycler que 30 % de ces matériaux, mais Fredericton espère que ses nouveaux règlements feront passer cette proportion à 60 %.

Un site d'enfouissement.

D'après le gouvernement provincial, 30 % des déchets solides qui sont éliminés dans les sites d'enfouissement sont de nature organique. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

La transition vers ce programme débutera dès novembre et se fera de manière progressive dans toute la province d’ici 2027, indique Circular Materials – un organisme sans but lucratif fondé par 17 entreprises, dont Costco, Loblaw et Pepsico Canada –, responsable de la mise en œuvre du programme.

Les appartements pas tenus de recycler

En plus de collecter des frais auprès des manufacturiers produisant ces emballages, Circular Materials sera responsable de gérer la collecte de ces matières recyclables dans les foyers néo-brunswickois. Cet organisme s'occupera aussi de leur transport et de leur recyclage.

Pendant la période de transition, il n'y aura pas d'impact sur les horaires de collecte des résidents ni sur les matériaux qu'ils peuvent recycler, a indiqué dans un courriel le directeur général de l’organisme, Jeff MacCallum.

Il précise que les personnes qui habitent dans un édifice à logements ne vont pas automatiquement participer au programme. Cela dépendra de la bonne volonté du propriétaire de l'immeuble.

Les secteurs industriel, institutionnel et commercial ne seront pas inclus dans cette initiative, ajoute le ministère de l’Environnement.

Un programme de recyclage bon pour la poubelle

Pour Riham Alkhalaf, coordinatrice du projet Passons à l’action climatique de l’Université de Moncton, le nouveau programme manque de sérieux.

Si les résidents qui habitent dans les immeubles ne le font pas, si les secteurs industriel, institutionnel et commercial sont exclus, qui recycle, finalement? Ça reste une minorité de gens.

Une citation de Riham Alkhalaf, coordonnatrice du projet Passons à l'action climatique de l'Université de Moncton

Le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick (CCNB) doute lui aussi de l’efficacité d’une initiative non contraignante.

Il faut qu’il y ait des politiques, soit de la province ou des municipalités, afin de forcer les propriétaires d’appartements à recycler, analyse Danielle Smith, responsable de l’engagement communautaire au CCNB.

Invitée à expliquer pourquoi une approche non contraignante avait été choisie et si celle-ci permettra d’atteindre les objectifs que la province s’est fixés, une porte-parole du ministère de l’Environnement a indiqué que Circular Materials devra miser sur la sensibilisation.

L’organisme devra offrir aux propriétaires de logement la possibilité d’y participer, tout en menant des campagnes d’éducation et de sensibilisation du public afin d'encourager la participation, a indiqué le ministère dans un courriel.

S’inspirer du voisin

Miser sur la sensibilisation ne suffira pas à augmenter le recyclage dans la province, prévient le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick, David Coon.

Si Fredericton souhaite réellement avoir un impact sur l’enfouissement des déchets, il vaudrait mieux imiter l’approche adoptée, il y a bientôt 30 ans, en Nouvelle-Écosse, croit-il.

David Coon.

Le chef du Parti vert, David Coon, s'inquiète du système de recyclage que souhaite mettre en place le Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

En 1996, cette province a adopté une loi interdisant l’enfouissement de matières recyclables et organiques, une loi très efficace, dit Kirk Symonds, responsable de la gestion des déchets solides dans la municipalité régionale d’Halifax.

Les municipalités peuvent avoir différentes approches pour des raisons financières ou des considérations environnementales, mais la loi provinciale force tout le monde à faire le tri des ordures ménagères.

Une citation de Kirk Symonds, responsable de la gestion des déchets solides dans la municipalité régionale d’Halifax

L’absence d’un cadre réglementaire néo-brunswickois fait en sorte que la gestion des déchets se fait de manière beaucoup moins exhaustive qu’en Nouvelle-Écosse, croit David Coon.

Par exemple, Fredericton n’a pas de système de compostage municipal, alors qu’il en existe un à Moncton.

Un problème qui persiste à Moncton

Dans la région de Moncton, la plupart des matières recyclables et des résidus organiques provenant d’édifices à logements de plus de quatre appartements prennent probablement encore le chemin du site d’enfouissement, près d’un quart de siècle après que la Ville s’est dotée de son premier système de tri.

Le tri des ordures ménagères dans ces édifices n'a jamais été obligatoire et dépend de la bonne volonté des propriétaires.

Puisque la région connaît aujourd’hui une importante croissance de sa population, la question du recyclage dans les appartements devient donc plus que jamais importante, admet David Coon.

Quatre sacs de vidanges près du trottoir.

À Moncton, les propriétaires d'édifices à logements de plus de quatre appartements ne sont pas tenus de trier leurs ordures. (Photo d'archives)

Photo : CBC

C’est que vu la croissance démographique et de la crise du logement, les édifices à logements se multiplient pour répondre à la demande.

D’après des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), il y avait 2139 appartements en construction en juillet dans le Grand Moncton. Pour la grande majorité de ceux-ci, le tri des ordures ménagères ne sera pas obligatoire. Les propriétaires pourraient toutefois décider d'adhérer au système de tri.

Eco360, l’organisme responsable de la gestion des déchets pour la Commission des services régionaux du sud-est (CSRSE), constate l’impact du phénomène.

On n’a pas de chiffres exacts, mais dans les dernières années, on a vu une augmentation de la quantité de déchets qui allaient à l’enfouissement, indique Marc-André Chiasson, porte-parole d’Eco360 et de la CSRSE.

Évidemment, avec l’augmentation de la population arrive aussi une augmentation des déchets, mais si une majorité […] vit en appartement, ça représente un plus gros chiffre à l’enfouissement si ces immeubles ne participent pas au programme.

D’après Eco360, environ 70 % des matières enfouies chaque année d’édifices à logements, d’entreprises ou d’usines.

Même s’il existe des mesures incitatives afin d’encourager les propriétaires de ces édifices à trier leurs déchets, Eco360 est incapable de se prononcer sur leur efficacité.

La région du Grand Moncton compte aujourd’hui 14 628 appartements, selon la SCHL.

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