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L’ancien ministre et professeur Benoît Pelletier s’éteint à 64 ans

Benoît Pelletier parle, debout en chambre.

Benoît Pelletier a notamment été ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes dans le gouvernement de Jean Charest. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

L'ancien député québécois de la circonscription de Chapleau et ex-ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes Benoît Pelletier s'est éteint le 30 mars au Mexique, a annoncé sa famille. Celui qui a également été professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa avait 64 ans.

Dans un communiqué diffusé tôt lundi, la famille Pelletier a indiqué qu'au-delà de ses accomplissements professionnels extraordinaires, Benoît Pelletier est surtout un mari attentionné, un père de famille dévoué, drôle, généreux et à l'écoute, et un grand amoureux du Québec et de la langue française.

Il ne manque d'ailleurs aucune occasion de communiquer cet amour de sa patrie à ses enfants et sa famille. Amateur de randonnée et de culture, il aime voyager à travers le monde, savourant les grands et petits bonheurs de la vie. Sa famille en garde des souvenirs merveilleux, a ajouté la famille Pelletier.

Il laisse dans le deuil son épouse, Danièle Goulet, et ses quatre enfants : Florence, Françoise, Jean-Christophe et Mathilde.

On ignore toujours la cause de son décès.

Un grand intellectuel

Benoît Pelletier s’établit dans la région de l’Outaouais en 1983, après avoir fait des études de droit à l’Université Laval, à Québec.

Il pratique au ministère de la Justice et au Service correctionnel du Canada, à Ottawa, pendant quelques années, avant de se consacrer entièrement à l’enseignement, à compter de 1990, à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.

À 30 ans, Benoît Pelletier est déjà un professeur prolifique et un spécialiste des questions constitutionnelles, qui publie des ouvrages et organise des conférences. Il est aussi très apprécié de ses étudiants, qui lui décernent, en 1998, le Prix d’excellence en enseignement de l’Université d’Ottawa.

Benoît Pelletier dans le studio de l'émission Sur le vif à Ottawa.

Benoît Pelletier, professeur à l'Université d'Ottawa et expert en droit constitutionnel. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Manon Bouvier-Nerbonne

François Rocher, professeur à l’École d'études politiques, connaît Benoît Pelletier depuis son entrée à l'université. Il note deux qualités remarquables chez lui. D'abord, son collègue était un homme rigoureux qui pouvait discourir des heures sur le droit constitutionnel ou sur la procédure de la modification de la Constitution sans s'essouffler.

Ensuite, Benoît Pelletier était excessivement généreux de son temps et très ouvert d'esprit. Ce n’est pas un hasard s’il a obtenu ce prix en enseignement, soutient M. Rocher. Il était capable d’écouter et de manifester une empathie envers les idées des autres.

J’ai beaucoup de respect pour la profondeur de sa réflexion de juriste.

Une citation de François Rocher, École d’études politiques, Université d’Ottawa

Benoît Pelletier semblait destiné à une brillante carrière universitaire lorsque Jean Charest, alors chef du Parti libéral du Québec (PLQ), le recrute dans sa formation politique. Il est élu député de la circonscription de Chapleau, en Outaouais, lors des élections du mois de novembre 1998, et il est successivement réélu en 2003 et en 2007.

Benoît Pelletier et Jean Charest.

Benoît Pelletier et Jean Charest. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Clement Allard

Après la prise du pouvoir par le Parti libéral en 2003, le premier ministre Jean Charest n’hésite pas à lui confier différentes responsabilités en lien avec ses champs d’expertise. Le député de Chapleau a notamment été ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, de la Francophonie canadienne, des Affaires autochtones et de la Réforme des institutions démocratiques.

C’est Benoît qui a écrit la plateforme du PLQ sur la place du Québec au sein du Canada , rappelle M. Rocher. Cette plateforme a été la ligne de conduite du gouvernement Charest.

L’esprit de non-confrontation qui a si bien servi Benoît Pelletier lors de ses années d’enseignement à l’université s’avère un réel outil sur la scène publique. Même s'il défend une démarche qui favoriserait le maintien du leadership du Québec dans le Canada, et ce, dans un esprit de cogestion et de codécision intergouvernementales, Benoît Pelletier gagne le respect de ses plus farouches adversaires.

Je suis un fédéraliste, mais très sensible à l'affirmation identitaire du Québec.

Une citation de Benoît Pelletier, 8 septembre 2012

Il avait une très grande crédibilité, reconnue et rarement remise en question, à la fois au sein des partis de l’opposition et de ses vis-à-vis au fédéral et au provincial, relève M. Rocher. Sur la scène publique, il n’était pas arrogant ni condescendant. Ça l’a aidé à être bien perçu par les gens avec qui il devait travailler.

Benoît Pelletier a réussi d’une manière exceptionnellement heureuse son passage [de la vie universitaire à la vie publique], poursuit le professeur Rocher. Il n’a pas juste une démarche intellectuelle ou académique – et c’est là que ça devient remarquable –, c'est quelqu’un qui n’a jamais hésité à s’engager sur la scène politique.

Benoît Pelletier dans son bureau à l'Université d'Ottawa.

Benoît Pelletier a quitté la vie politique, mais est demeuré bien présent sur la scène publique. (Photo d'archives)

Un retour à l'université

En 2008, Benoît Pelletier prend tout le monde par surprise : il annonce qu’il ne se représentera pas aux élections générales de décembre pour des raisons familiales.

Après 10 ans de vie politique, dont 6 années à titre de ministre, il retourne à l’enseignement du droit, en 2009, à l’Université d’Ottawa.

Même s'il n’est plus député, il demeure engagé sur la scène publique en participant, entre autres, aux travaux du comité fédéral externe sur l’aide médicale à mourir et en faisant part régulièrement de ses opinions à la télévision ou à la radio sur des sujets d’actualités.

Ses commentaires étaient lumineux et souvent percutants.

Une citation de Daniel Bouchard, chef d’antenne à Radio-Canada et professeur au département de journalisme à l’Université d’Ottawa

Ses vastes connaissances en matière de droit constitutionnel et de politique canadienne faisaient de lui un expert très recherché des médias, allègue le chef d’antenne à Radio-Canada, à Ottawa, Daniel Bouchard, qui ajoute : Ses interventions médiatiques étaient toujours riches et ont eu un impact certain sur la société.

Benoît Pelletier au micro dans une station de radio.

Benoît Pelletier donnait régulièrement ses opinions sur différents sujets d'actualités. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Il est demeuré une référence, reconnaît d’emblée le titulaire de la Chaire de recherche en droit et enjeux linguistiques à l'Université d’Ottawa, François Larocque, qui a travaillé avec M. Pelletier dans le cadre de travaux portant sur les droits linguistiques.

Il possédait une connaissance encyclopédique de la constitution, de la jurisprudence constitutionnelle. Il avait un niveau d’érudition épatant, une culture générale et un sens de l’histoire du Canada qui n’étaient pas communs, relate-t-il.

Il était capable de prendre des enjeux complexes et de les contextualiser, mais aussi – et c'était ça, sa grande force – de les vulgariser d’une manière qui interpelle les gens.

Une citation de François Larocque, de la Chaire de recherche en droit et enjeux linguistiques de l'Université d’Ottawa

Accueillant. Chaleureux. Toujours souriant. Un juriste chevronné. Un orateur extraordinaire. Les épithètes de M. Larocque sont nombreux, mais ils ne sont pas gratuits, dit-il.

J’ai énormément d’admiration pour Benoît comme chercheur, comme universitaire et comme enseignant, soutient-il. C’était un intellectuel public comme on n’a plus tendance à en voir de nos jours.

Bataille contre la COVID-19

Benoît Pelletier avait contracté la COVID-19 en 2021 et avait failli y laisser sa vie. L'ex-ministre a vécu des complications de la maladie qui l'ont plongé dans un coma de 56 jours.

Il s'était confié sur les séquelles à long terme du syndrome de la détresse respiratoire aiguë qu'il avait contracté au même moment.

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