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Reportage au Point
Le jeudi 15 mai
Celui qui a battu le champion du monde aux 100 mètres
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Nicolas Macrozonaris est un sprinter de 22 ans. Le 3 mai, il a fait la course de sa vie à Mexico. En 10 secondes et 3 centièmes, Nicolas passe de l'anonymat à la célébrité. Il réussit à battre par un centième de seconde le détenteur du record du monde, l'Américain Tim Montgomery. Ce n'est pas exactement le scénario qu'avaient envisagé les organisateurs de l'événement. Montgomery est payé des dizaines de milliers de dollars pour participer à la course et les 55 000 spectateurs espèrent le voir établir un nouveau record du monde.


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Qui gagne? Un certain Canadien du nom de Nicolas Macrozonaris dont on n'a jamais entendu parler. Nicolas avait reçu la maigre somme de 1000 dollars pour agir en quelque sorte comme figurant dans la course. Nicolas est arrivé à Mexico tout à fait seul, sans entraîneur, sans physiothérapeute. Il surprend tout le monde, fonce comme un désespéré et gagne la course. Après avoir connu la gloire à Mexico, Nicolas a besoin de s'isoler un peu et de reprendre progressivement l'entraînement. C'est pour cela qu'il se retrouve à Miami où il participe à un camp d'entraînement organisé par Bruni Surin, son ami, idole, entraîneur à l'occasion et agent au Canada.


Nicolas a même eu le bonheur de devancer Bruni Surin à Victoria à l'été 2000 lors des épreuves de qualifications qui mènent aux Jeux Olympiques de Sydney. Mais avant Bruni Surin, la première, grande, véritable inspiration de Nicolas, a été Donovan Bailey. Bailey et sa fameuse course à Atlanta aux Jeux Olympiques de 1996. 9 secondes 84 centièmes, une médaille d'or pour le Canada et un nouveau record du monde. Nicolas habitait la rue Blériot à Laval quand Bailey a gagné sa course. On imagine la scène : Nicolas a 16 ans et n'a jamais fait d'athlétisme. Il regarde la course avec sa famille et ça change sa vie. Ce soir-là, Nicolas prend une grande décision : il va devenir sprinter comme Donovan Bailey. Nicolas sort dans la rue, mesure 100 mètres avec un galon, marque le départ et l'arrivée et s'élance. Quelques jours plus tard, le jeune Nicolas déménage sa piste de cent mètres dans la rue voisine parce qu'il a trouvé un trou dans la chaussée. Ingénieux, le trou va lui servir de bloc de départ. Le soir de la course de Donovan Bailey, Nicolas fait aussi une prédiction à sa famille qui en reste bouche bée. Il dit: «Dans quatre ans, c'est moi qui vais aller courir aux Jeux Olympiques de Sydney.» Rien de moins.

À sa première véritable séance d'entraînement, au Complexe sportif Claude Robillard, Nicolas court vite, mais il court mal, la technique n'y est pas. Au fil des mois, il s'améliore avec un entraînement soutenu et gagne toutes sortes de petites compétitions. Ce sont des années difficiles côté financier. Nicolas vit seulement des quelques milliers de dollars de subventions accordés par les gouvernements. Comme plusieurs athlètes, il a choisi d'abandonner les études et n'a pas complété le secondaire V. La course, c'est toute sa vie et l'effort porte fruit. Il l'avait prédit : en 2000, Nicolas participe aux Jeux Olympiques de Sydney. Il s'agit d'une participation limitée par contre, car il souffre d'une blessure. Nicolas n'ira pas plus loin que la première ronde aux 100 mètres. Il participe aussi au pied levé au relais 4 fois 100 mètres. Encore là, sa présence se limite à la première ronde. Totalement seul à Sydney, sans médaille, Nicolas trouve l'expérience difficile.

Il ne se décourage pas, gagne des compétitions importantes, égale des records en salle de Ben Johnson. En juin 2002, c'est le couronnement: Nicolas devient champion canadien, comme l'ont été successivement avant lui Ben Johnson, Donovan Bailey et Bruni Surin. Et puis voilà que le petit gars de Laval se permet maintenant de battre le détenteur du record du monde. Il n'a pas du tout la stature de certains gros sprinters. Quand Nicolas a gagné à Mexico, il s'est permis un geste controversé. Devant la caméra, il enlève son chandail, fait le signe «zéro» et dit «zéro muscle».

Nicolas revient à Montréal après sa victoire à Mexico et il est accueilli par des joueurs de football des Alouettes de Montréal. Aujourd'hui, Nicolas prétend qu'il voulait simplement dire par sa déclaration «zéro muscle» qu'il est possible d'être le meilleur sans avoir une gigantesque masse musculaire. D'autres ont plutôt compris son geste comme une dénonciation des athlètes qui se donnent des corps de gladiateurs hypertrophiés en s'empiffrant de stéroïdes anabolisants. Son entraîneur au Québec, Daniel Saint-Hilaire, est un vieux routier de la compétition. Il a gentiment suggéré à son jeune athlète d'éviter les gestes et les déclarations qui portent à controverse. Une chose est certaine, Nicolas lui-même va gagner du poids au cours des prochaines années. Ses entraîneurs disent qu'il doit absolument augmenter sa masse musculaire et devenir plus fort s'il veut atteindre de nouveaux sommets.

Nicolas aimerait bien aussi augmenter sa masse salariale et il pourra y parvenir en gagnant des courses importantes. En plus, le sprint est aujourd'hui dominé par les athlètes noirs. Il n'y a par exemple jamais eu de coureur blanc qui ait réussi à courir le 100 mètres en moins de 10 secondes. Bruni Surin dit que les athlètes noirs sont aussi bons que les blancs mais il pense que Nicolas pourra attirer des gros commanditaires s'il devient le premier Blanc à courir sous les 10 secondes. Nicolas, comme Bruni, n'aime pas, par ailleurs, ces distinctions douteuses basées sur la race.


Plus jeune, Nicolas est allé plusieurs fois en Grèce et il accorde beaucoup d'importance aux Jeux Olympiques de 2004 qui auront lieu à Athènes. Il a du sang grec dans les veines. Son père, qui habite Laval, est d'origine grecque et il est certain que Nicolas va remporter l'or à Athènes grâce au soutien des milliers de spectateurs dans le stade.

 

 

 

 


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