Même si Internet
est de plus en plus utilisé, on achète peu par Internet.
Les Canadiens se montrent encore prudents face au commerce électronique.
Mais il y a des secteurs qui gagnent en popularité. C'est le
cas de l'industrie du voyage. Un couple de l'ouest de l'île de
Montréal a acheté son voyage sur Internet. Ils y ont trouvé
une aubaine dont ils n'ont jamais pu profiter.
Un
voyage à prix d'aubaine ou une erreur?
En
novembre dernier, un couple de Montréal n'avait qu'une seule
idée en tête : partir dans le Sud dès la première
semaine de janvier. Et, comme le font de plus en plus de gens, ils décident
de s'acheter un voyage par Internet. En naviguant sur le Web, ils peuvent
se choisir un hôtel, voir les prix et connaître les disponibilités.
Le couple finit par choisir la même destination que l'année
précédente, soit la République dominicaine. Il
s'agit d'un forfait voyage quatre étoiles d'une semaine tout
inclus. Le prix d'un voyage semblable est d'environ 1500 $ par
personne, donc près de 3000 $ pour le couple. Mais une surprise
attendait le couple sur le site du grossiste en voyages.
Selon
l'information publiée sur le site, il est indiqué, à
la première étape de la transaction, que le prix est de
1499 $ par personne, mais à la toute fin de la transaction,
le prix est de 599 $ par personne, soit un rabais de 900 $.
Le couple est emballé par le prix offert et achète le
forfait. Un voyage au soleil d'une valeur de 1500 $ par personne,
au prix dérisoire de 600 $. Le couple réalise un
rabais de 900 $ par personne. La transaction par Internet rend
le couple fou de joie. Mais cet état d'esprit, malheureusement,
ne durera pas longtemps.
Cette
différence de prix de 900 $ par personne, selon le grossiste,
est attribuable à une erreur liée à un problème
informatique dans son tout nouveau site Internet. Le grossiste ne veut
pas vendre des forfaits à un prix aussi dérisoire. Il
offre au couple 50 $ de rabais par personne sur le prix total du
forfait. Le couple refuse l'offre. Selon Option consommateurs, c'est
le montant inscrit sur le reçu officiel des voyageurs qui importe.
Toute autre somme contrevient à la politique des prix affichés
de la Loi sur la protection du consommateur. Jannick Desforges, porte-parole
d'Option consommateurs : « Il y a une disposition
qui dit que le prix affiché doit être le prix payé,
donc on ne peut pas charger un prix supérieur au prix affiché ».
L'Office
de la protection du consommateur a une position similaire. Georges-André
Levac, porte-parole de l'OPC : « L'impression
générale était donc que le prix X était
celui-là, et que c'était sérieux, valable et crédible.
Le consommateur poursuit sa démarche en respectant honorablement
toutes les étapes. À ce moment-là, le commerçant
devient engagé face au consommateur par rapport à sa propre
publicité ».
Chez Option consommateurs,
on précise qu'un contrat sur Internet est tout aussi valable
qu'une autre forme de contrat, et qu'une erreur commise dans la transaction
ne peut entraîner l'annulation du contrat. Mme Desforges, d'Option
consommateurs : « Si l'erreur a été
commise sur la valeur du bien ou du service vendu, ça ne correspond
pas à l'annulation de la vente et ça ne remet pas en doute
les consentements qui ont été échangés lors
de la formation du contrat ».
Mme Desforges :
« C'est la même chose si je fais un paiement
par chèque pour un achat et que la personne garde le chèque
dans ses poches. Il peut décider de l'encaisser le lendemain
ou il peut prendre quelques mois avant d'aller l'encaisser. Il n'en
demeure pas moins que le contrat est valablement formé, puisqu'il
y a eu une offre de paiement qui a été faite ».
Pour
le grossiste, l'affaire est close
Mais
Mme Desforges est catégorique. Le commerçant devrait
honorer le contrat qui a été conclu, même s'il
perd de l'argent. Le commerçant, lui, croit qu'il devra fermer
ses portes si chaque fois qu'il y a une erreur sur Internet il doit
encaisser l'erreur. De son côté, le couple réalise
que ce voyage vaut plus, mais il se dit qu'il était là
au bon moment et il veut profiter de cette aubaine. Jannick Desforges :
« Même si le consommateur savait qu'il y avait
erreur, [
] il n'en demeure pas moins que ce n'est pas lui qui
a commis l'erreur. Il n'avait pas une intention malicieuse ou l'intention
de frauder. Il a tout simplement profité d'un bas prix qui
était affiché ».