Émission 233

Le mardi 7 janvier 2003



U
n couvreur qui disparaît
avec ses dépôts



Les citoyens de souche étrangère sont des cibles faciles pour des commerçants ou des entrepreneurs sans scrupule. Souvent, les nouveaux arrivants n'ont pas envie de se plaindre lorsqu'ils se sentent lésés. Voici l'histoire de quatre Montréalaises d'origine vietnamienne qui ont décidé, après cinq mois de silence, de révéler le sort que leur a réservé un couvreur qui ne respecte pas ses engagements.



Les faits

Ces quatre femmes d'origine vietnamienne avaient en commun de vouloir refaire leur toiture. Heureuses d'avoir déniché un entrepreneur bon marché, elles confient à celui-ci d'importantes sommes d'argent en guise de dépôt.


«Je lui ai donné 7 500$ en 2 chèques. Le premier 1 500$, et le deuxième 6 000$, en cash.»

«Moi, 14 000$…»


«J'ai donné un chèque de
1 500$ et ma sœur, un chèque de 1 000$.»

Chez deux de ces femmes, l'entrepreneur a débuté les travaux de toiture mais sans jamais les compléter. Quant aux deux autres, il n'a jamais commencé les travaux. Dans tous les cas, les dames ont payé leur dépôt en argent comptant ou par chèque avec la mention «cash». Pour toutes sortes de raisons, le couvreur ne se présente plus chez ces dames qui ne cessent de l'appeler. Il remet toujours ses rendez-vous à plus tard. Une situation qui dure depuis cinq mois déjà…

La Facture enquête

Nous avons demandé à Jean-Guy Léger, un spécialiste en toiture, de vérifier si les travaux du toit de l'une des dames ont été faits correctement. D'abord, il fait une première inspection visuelle des lieux; puis, il effectue une coupe dans les membranes du toit. Le spécialiste conclut que le travail est loin d'être parfait : «Si le drain bouche, l'eau peut refouler à l'intérieur des plafonds et causer des dégâts majeurs.»

Pour une xième fois, la dame appelle l'entrepreneur et lui demande de compléter les travaux. Encore une fois, il promet un rendez-vous. Encore une fois, il brille par son absence.

Une compagnie qui a plusieurs adresses

La Facture a voulu en savoir plus sur la compagnie pour laquelle le couvreur prétend travailler :

La compagnie...


- A été radiée au mois de mai 2000;

- Pourtant, comme en témoigne une annonce dans les pages jaunes, le siège de la compagnie semble être bien établi : elle a une adresse, dans le quartier Vimont, à Laval. Rendus sur place, nous constatons qu'il ne s'agit en fait que d'un bloc d'appartements. Bref, rien à voir avec l'annonce. À l'intérieur de la bâtisse, personne n'a d'ailleurs entendu parler de cette compagnie;

- La compagnie déclare plusieurs adresses mais elles sont toutes fausses ou inexactes;

- En téléphonant au numéro de la compagnie indiqué dans les pages jaunes, nous obtenons… une autre adresse. Bien caché au fond d'une cour, nous découvrons finalement le vrai siège social de la compagnie. Un voisin nous informe que l'homme que nous cherchons est absent;

- Puis, La Facture découvre le nom du propriétaire de cette compagnie radiée. Celui-ci serait aussi derrière une autre compagnie radiée depuis 2001. Nous tentons de le joindre. Il ne retourne pas nos appels;

Curieusement, ces compagnies s'annoncent dans les pages jaunes même si elles n'existent
plus légalement et qu'elles ne possèdent aucun permis de la Régie du bâtiment du Québec.

- Afin démêler toute cette confusion, nous décidons de prendre contact avec le couvreur: encore une fois, celui-ci promet un rendez-vous. Encore une fois, il brille par son absence… La Facture l'a finalement retracé: mais celui-ci refuse de nous accorder une entrevue.


Un couvreur au lourd passé

* Au total, le couvreur a reçu 23,500 dollars des quatre femmes de notre histoire.

* Et ces dames ne sont pas les seules à courir après celui-ci :

- Il est poursuivi aux petites créances par d'autres consommateurs mécontents;
- Il a aussi été reconnu coupable en septembre 2001 d'avoir fraudé 20,000$ à des banques. Résultat : 14 mois de prison avec sursis à condition de rembourser ses victimes. Des victimes qui attendent encore…;
- Il opère sans aucun permis d'entrepreneur. La Régie du bâtiment du Québec l'a poursuivi en 2001;
- Enfin, la Commission de la construction du Québec le poursuit actuellement pour plusieurs infractions;
- Il ne possède aucune carte de compétence.

En conclusion…

Les quatre femmes ont déposé des requêtes contre le couvreur à la Cour des petites créances. Avant de donner un contrat ou de l'argent à un entrepreneur, prenez soin de vérifier s'il possède un numéro d'enregistrement à la Régie du bâtiment du Québec et contrevérifiez auprès de la Régie : c'est votre droit. Vérifiez aussi s'il a une adresse. Enfin, il est toujours imprudent de laisser un trop gros dépôt sur un travail à venir. Surtout, ne faites pas de chèque de type «au comptant» ou «cash».

 

Hyperliens

Formulaire de plainte de la Régie du bâtiment du Québec (Format PDF)

Cour des petites créances



 


 

 

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