Les faits...
En 1999, un couple construit sa maison, dans la petite municipalité
de Ste-Sabine, en Montérégie. Mais
Ce qui devait
ressembler au bonheur se transforme rapidement en cauchemar. Dans
la maison, utiliser l'eau est devenu un véritable enfer
«C'était
vraiment dégueulasse, à chaque fois qu'on avait
des invités qui venaient à la maison (
)
ça sentait, quand il faisait chaud, les odeurs étaient
encore plus fortes (
) C'est très désagréable
dans la maison : il y a la toilette qui bouche souvent
»
«On
s'est levé un matin (d'hiver) : plus rien ne fonctionnait
L'eau monte dans le renvoi principal, puis là, il n'est
plus question qu'un évier coule, qu'une toilette part
ou quoi que ce soit. Même l'eau sort par le couvert du
réservoir septique...»
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Pourtant, pour
construire leur champ d'épuration, le couple a suivi les recommandations
de leur inspecteur municipal. Ce dernier a lui-même rempli la
demande de permis, fait les croquis et pris les mesures. Bref, c'est
bien lui qui a décidé du type d'installation
L'inspecteur
avait recommandé un champ d'épuration classique, un
système parfait pour les terrains sablonneux de la région.
Coût des travaux : 4100$. Puis, un entrepreneur a effectué
les travaux sous sa supervision. Ce dernier a refusé de nous
accorder une entrevue.
Des
spécialistes se prononcent
Découragé du mauvais fonctionnement de son champ d'épuration,
le couple mandate un groupe de consultants, des spécialistes
de la qualité des sols, pour expertiser son terrain et ses
installations septiques.
*Contrairement à ce qu'avait dit l'inspecteur municipal,
les consultants découvrent que le terrain du couple
est argileux et non sablonneux. Sur un sol aussi peu perméable,
on ne doit pas construire un champ d'épuration de type
classique, comme celui qui a été suggéré
par l'inspecteur.
* Le sol argileux des propriétaires aurait plutôt
nécessité un champ d'épuration hors-sol
: c'est-à-dire un champ pour lequel on érige artificiellement
une masse filtrante.
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Puis un autre expert
Pour
en avoir le cur net, La Facture a requis, à son
tour, l'avis d'un expert. Selon lui, l'inspecteur municipal aurait
dû avoir constaté la dureté du sol : «Il
aurait dû voir ça facilement.» Même chose
pour l'entrepreneur, qui aurait dû, selon lui, s'apercevoir
des problèmes éventuels : «Il aurait dû
prévoir que c'est loin d'être un sol homogène
et qu'il aurait fallu qu'il prenne certaines précautions.»
Les
deux expertises confirment que le terrain du couple est argileux.
Alors pourquoi l'inspecteur a-t-il précisé sur
la demande de permis que la nature du sol était du sable?
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Les tests de percolations : indispensables!
Sur
les demandes de permis, on peut lire que l'inspecteur n'a pas effectué
de tests de percolation, tests qui permettent de mesurer la capacité
d'absorption du sol.
René Drouin, président de la Corporation des officiers
municipaux, dont l'inspecteur de notre histoire est membre, a
refusé de commenter le cas de Ste-Sabine. M. Drouin a confirmé
que les tests de percolation sont indispensables au bon fonctionnement
des installations septiques : «C'est la base, c'est important
que ce soit fait, puis de vérifier la profondeur de la nappe
phréatique, pour ne pas qu'on se retrouve avec des problèmes
éventuellement.»
Au Québec, ce ne sont pas toutes les municipalités
qui exigent des tests de percolation. Pour l'avocat Daniel
Chenard, c'est le début des problèmes :
«Je pense que ce qui est le déclencheur là-dedans,
c'est la municipalité, c'est l'inspecteur. Si (ce dernier)
avait demandé les informations appropriées au
début, on serait en mesure de savoir si on a un bon champ
d'épuration ou non. La personne qui l'installe doit connaître
son métier également, doit être en mesure
de connaître le sol, comment il va réagir.»
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L'entrepreneur
nous confirme avoir vérifié la capacité d'absorption
du sol. Mais selon lui, l'inspecteur n'aurait jamais demandé
à voir les résultats de ce test.
Une erreur camouflée
Le
couple nous affirme qu'un an après avoir rempli la première
demande de permis, l'inspecteur aurait tenté de camoufler son
erreur en remplissant une deuxième demande de permis modifiée
Sur la deuxième demande, on a changé la nature du sol:
le sable est devenu de la glaise
. Dans la première demande,
les travaux sont approuvés. Dans la deuxième, ils sont
refusés!
«Il nous
a dit : "Si vous voulez aller en cour contre (l'entrepreneur),
j'aurais une solution : vous allez me le remettre (le permis original),
moi je vous en ai préparé un autre (où) je change
les données, ce n'est plus du sable, c'est de la glaise. Je
le refuse, vous me le signez, vous me remettez l'original, puis après
ça si vous avez à aller en cour, je vais pouvoir aller
témoigner pour vous
"», rapporte les propriétaires.
Quant à l'inspecteur,
il n'a jamais nié avoir falsifié une deuxième
demande de permis.
Une
erreur que l'on tente de corriger
L'année
dernière, l'inspecteur municipal et l'entrepreneur tentent
de régler le problème. Ils procèdent à
l'installation d'un tuyau supplémentaire qui rejette, plus
loin, tout ce que le champ ne peut absorber.
L'inspecteur aurait
d'abord demandé la permission au couple. Une information que
l'inspecteur nie aussi : «Du tout. Comment j'aurais pu faire
ça, de dire à quelqu'un de poser un tuyau qui se rejette
dans le fossé?» L'entrepreneur nous a pourtant confirmé
que l'inspecteur était bel et bien sur les lieux au moment
de l'installation du tuyau de déviation.
Le
tuyau est-il la solution?
«Je
dirais qu'il a bouché les trous temporairement. Le champ ne
bloquait plus, sauf qu'on avait des odeurs qui sortaient. L'an passé,
c'était effrayant, à trois quatre cents pieds d'ici,
on pouvait sentir l'odeur directement d'une fosse septique (
)»,
affirme le propriétaire.
Le
tuyau évacue le trop-plein du champ d'épuration
dans le fossé : le couple contrevient ainsi aux lois
environnementales. Et comme si ce n'était pas assez
L'inspecteur municipal vient d'émettre une contravention
de 138$ pour l'installation du tuyau d'évacuation dont
il aurait lui-même supervisé la réalisation!
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«
Je reçois une amende pour me présenter en cour pour
enlever quelque chose que je n'ai même pas installé.
Et en plus, si je l'enlève, tout va bloquer! (...) Je suis
responsable de quoi? D'avoir fait confiance à des professionnels!»
- le propriétaire.
En
conclusion
Monsieur
poursuit la municipalité. Il veut être dédommagé
pour être capable de refaire ses installations septiques. Mais
ni la ville, ni l'inspecteur ne veulent attendre le résultat
de cette poursuite : la municipalité a donné 10 jours
à monsieur pour refaire en entier, et à ses frais, son
champ d'épuration. Quant à l'inspecteur, il menace monsieur
d'une amende s'il ne complète pas son terrassement.
Une histoire
que nous allons suivre!
Hyperlien
pertinent
Eaux
usées
Site du Ministère de l'Environnement
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