Terrain
privé en zone inondable:
qui est responsable?
«Je
subis des inondations régulièrement, deux
ou trois fois par année, dues au mauvais écoulement
des eaux. Automne, hiver et même en plein été».
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Lorsqu'on
décide de s'installer sur les bords de la rivière
Richelieu, ce n'est pas seulement une maison qu'on achète.
C'est aussi un environnement, un mode de vie.
Or, depuis dix ans, un citoyen de St-Charles-sur-Richelieu
vit dans la hantise des inondations. Dans son histoire
il y a un voisin, un conseil municipal, la municipalité
régionale de comté, le ministère
de l'Environnement et
un profond sentiment d'injustice.
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Les
faits...
En 1988, un homme achète la propriété parfaite
pour bien profiter de sa retraite à St-Charles-sur-Richelieu,
en bordure de la rivière. Mais la quiétude et le repos
recherchés n'auront duré que quatre petites années
«Ça
inonde à aller jusqu'à la base des arbres, ce qui
donne environ
18 à 24 à 30 pouces d'eau sur mon chemin d'accès
de ma propriété...»
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Les
problèmes de ce citoyen commencent en 1992. Ils n'ont rien à
voir avec le débordement de la rivière Richelieu, mais
plutôt avec l'arrivée de nouveaux voisins : ceux-ci se
seraient servis d'une flottille de pelles mécaniques et de camions
de terre pour surélever le niveau de leur terrain.
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1-
L'écoulement naturel des eaux se fait des montagnes
et des champs agricoles avoisinants vers la propriété
de monsieur et celle de ses voisins, puis se termine
dans le Richelieu;
2- L'eau se jette finalement dans le Richelieu;
3- En élevant le niveau de leur terrain, les
voisins bloquent l'écoulement naturel de l'eau qui
s'accumule sur le terrain de monsieur et l'inonde.
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La
dernière inondation remonte au 28 mars 2002 : «Il a
fallu que je sorte en marchant le long du Richelieu
(Que je) me
rende jusqu'au troisième voisin, et après ça, aller
prendre ma voiture que j'avais laissée au bord du chemin des
Patriotes. (
) T'as le goût de pleurer quand tu vois ça,
surtout quand ça fait dix ans que ça dure, ça devient
complètement intolérable
»
Les
voisins : ont-ils fait des efforts?
Les voisins
ont fait une canalisation, mais au contraire de ce qu'ils croyaient,
ils n'étaient pas sur leur terrain : une nouvelle délimitation
des propriétés a en effet démontré que les
travaux ont plutôt eu lieu chez le citoyen de notre histoire.
Quant à lui, il estime que ses voisins ont agi sans obtenir sa
permission.
La
qualité des travaux
Est-ce que les voisins ont choisi la bonne canalisation, les bons tuyaux?
Non, nous répond monsieur : «Mes experts me disent que
les tuyaux sont trop petits, que la pente d'écoulement n'est
pas bonne.»
* La Facture a tenté d'obtenir des explications des
voisins, mais ils ont refusé de nous rencontrer.
* La canalisation qu'ils ont faite sur le terrain du résidant
de notre histoire est à ce point mal exécutée
qu'un peuplier de 15 centimètres de diamètre pousse
à travers
* L'eau des terrains voisins emprunte la canalisation inadéquate
installée sur le terrain de monsieur, puis emprunte une
autre canalisation en direction du Richelieu. Cette autre canalisation
serait tout aussi inadéquate que
la première et créerait un refoulement
sur le terrain de monsieur.
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La
municipalité
Le citoyen de notre
histoire estime que la municipalité n'a rien fait dans ce dossier.
Pendant trois ans, il presse les dirigeants municipaux d'agir pour corriger
la situation. Le maire actuel de la ville, qui était inspecteur
de voirie à l'époque, prétend le contraire : «Il
y a eu des travaux qui ont été fais, portés à
notre connaissance et on a arrêté les travaux immédiatement
dans les quelques jours qui ont suivi. On a même remercié
le propriétaire d'avoir cessé les travaux
»
Faux, estime le citoyen : les travaux se sont étendus sur une
période d'au moins trois ans, de 92 à 95
Une
zone inondable
En 99, monsieur découvre
que son terrain, de même que celui de ses voisins, sont situés
dans une zone inondable vingtenaire, c'est-à-dire avec un risque
d'inondation à tous les 20 ans. Or au ministère de
l'Environnement, on nous explique que dans un tel cas, c'est la
municipalité qui devient responsable :
«Lorsque
l'on fait référence à une activité
de nature privée, que ce soit au niveau urbanisme, de construction
de maison, au niveau de remblaiement comme c'est le cas du dossier
qui nous concerne, la responsabilité relève depuis
plusieurs années de la municipalité, qui elle, doit
adopter un règlement à l'intérieur du schéma
d'aménagement qui a été adopté par
la MRC»,
- Pierre-Hugues Boisvenu, ministère de l'Environnement.»
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* Ces mesures de protection des zones inondables
existent depuis 1989.
* Pourtant, les voisins de monsieur ont effectué l'aménagement
de leur terrain trois ans plus tard.
* Du côté de la municipalité, on affirme pourtant
«qu' en général, on ne peut pas effectuer
de travaux dans une zone inondable, soit un remblai ou du creusage
ou des
choses comme ça».
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Puisque le ministère
de l'Environnement a établi que la zone inondable existait, monsieur
exige que la réglementation à ce sujet soit appliquée.
De plus, un rapport d'inspection du ministère de l'Environnement
donne raison à la plainte du citoyen dans cette affaire.
Jusqu'à présent, le ministère a rencontré
la municipalité à quelques reprises pour l'inciter à
appliquer son règlement.
On
se renvoie la balle
Le ministère de l'Environnement
attend que la municipalité de St-Charles-sur-Richelieu
fasse respecter sa réglementation.
La municipalité
dit
attendre de récentes cotes d'élévation de
terrain du ministère de l'Environnement, que le ministère
n'a pas.
Bref, tout le monde attend et
rien de concret
n'est fait dans le dossier du citoyen.
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«Faut pas
être un génie pour savoir que depuis 10 ans, mon terrain
inonde deux ou trois fois par année, que son terrain est complètement
sec. Bon dieu, qu'ils s'ouvrent les yeux!»
Le
citoyen entame des poursuites
Le citoyen intente des poursuites contre ses voisins pour lui avoir
causé des dommages, des poursuites également contre la
municipalité pour ses fautes et négligences dans ce dossier.
Après dix ans de tracas et une dépense de 60 mille dollars,
il demande en tout dernier recours à la municipalité régionale
de comté de la Vallée du Richelieu d'intervenir, en appliquant
la réglementation sur la zone inondable.
Monsieur peut bien
déployer tous les efforts inimaginables pour se trouver des alliés,
mais la MRC, elle, refuse d'intervenir. Il se retrouve donc seul
«Si
monsieur était venu nous voir dès le départ
avant d'intenter des poursuites, à ce moment-là,
le portrait aurait été très différent
et les possibilités pour la MRC d'intervenir sans danger
de se mettre en contradiction avec des jugements éventuels
n'auraient pas été là».
- Pierre Bourbonnais, préfet, MRC de la Vallée du
Richelieu.
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En
conclusion
La saga de ce citoyen est loin d'être terminée. La poursuite
pour dommage intentée contre ses voisins sera entendue en mai
2003. La poursuite contre la municipalité sera, elle aussi, portée
en justice l'an prochain. Entre-temps, il risque de devoir affronter
d'autres inondations