Émission 222

Le mardi 1er octobre 2002


ONTARIO :
Voitures d'occasion accidentées :
non déclarées!





«On est tombé en amour avec ce véhicule tout de suite en le voyant (…) Quatre portes, il y avait l'air conditionné, le "cruise control", les vitres électriques aussi…»


Au Québec, on est de mieux en mieux informé sur l'historique des voitures d'occasion vendues par les commerçants. Mais, encore faut-il que la voiture soit «québécoise d'origine», si on peut dire…

Un couple de Ste-Julienne avait opté pour l'achat d'une voiture de seconde main et trouvé la perle rare chez un vendeur d'autos d'occasion à Rawdon. Mais une mauvaise surprise les attendait…




Les faits...

Le 31 décembre 2001, un couple décide d'acheter une Honda Civic 97 pour 11,050 dollars. Pendant plusieurs semaines, tout allait bien jusqu'au jour où… :
«En utilisant le véhicule pendant l'hiver, moi j'ai commencé à être insatisfaite. Je n'aimais pas la conduite du véhicule.»

Décidée à s'acheter un nouveau véhicule, madame se présente chez un concessionnaire Volkswagen de Mascouche, afin de faire évaluer la valeur de sa voiture. Convaincu d'obtenir un prix similaire à ce qu'elle avait payé, une mauvaise surprise l'attend : «On me donnait $5,500 pour, parce qu'il avait été repeinturé au complet et accidenté…» Tout un écart avec les 11,050 dollars payés il y a quelques mois!


L'avis d'un spécialiste


«
On voit facilement qu'il y a des marques un peu partout. Ça a frotté. Il a été "accoté" (…) Cette "tab" là est encore croche. Il y a dû y avoir un impact assez important pour (crochir) cette "tab" là", parce que c'est assez rigide»

La Facture a demandé à Bernard Séguin, un garagiste spécialisé dans les produits HONDA, d'inspecter le véhicule. Son constat est clair : le véhicule a subit d'importants dommages.

Les antécédents du véhicule :
le couple a-t-il vérifié?


Le couple affirme avoir demandé au vendeur, juste avant la signature du contrat, si le véhicule était accidenté: «Non», leur a répondu le commerçant, «On a la preuve ici : c'est de l'usure normale».


Au cours de cette même journée, le vendeur fait évaluer le véhicule. Le rapport d'évaluation démontre que le véhicule est en bon état. Il rassure d'ailleurs le couple en disant qu'il s'agit d'une évaluation faite par un professionnel. De plus, en lisant le rapport, le couple remarque qu'il s'agit d'une compagnie d'évaluation enregistrée. Confiants, les clients signent et achètent la voiture.


* Malheureusement pour ce couple, ce document n'est autre chose qu'une formalité dans le but d'établir la valeur marchande d'un véhicule pour la taxe de vente.

* En effet, car la compagnie d'évaluation n'avait pas à établir les dommages antérieurs du véhicule sauf si les dommages avaient été apparents au moment de l'inspection.



À la recherche des antécédents…

Aujourd'hui, le couple décide d'aller jusqu'au bout de leurs recherches pour savoir d'où vient leur véhicule. Ils s'adressent à Honda Canada. En peu de temps, ils obtiennent les informations voulues : le document confirme que la Honda est classée détruite par le fabricant et de plus, elle origine de l'Ontario. Après avoir découvert la province d'origine, le couple découvre le nom du premier propriétaire. La Facture a retracé celui-ci, qui habite Bond Head, en Ontario. Il nous a confirmé au téléphone qu'il a eu un accident pendant une tempête de verglas…


«Pour la repeindre en totalité c'est parce qu'il devait y avoir des marques un peu partout», estime M. Séguin. «Je suis curieux de voir la photo de l'assureur à la réclamation,
l'état du véhicule»
.

La Facture a justement obtenu cette photo… Bilan des dommages: $11,000 sur une valeur totale de $15,000 au moment de l'accident…

«Si on avait su que le véhicule avait été détruit, accidenté, on ne l'aurait jamais acheté».

Le couple aurait-il pu éviter cette situation??

Pas si simple. Au Québec, par le biais de la SAAQ, il est possible de connaître les anciens propriétaires du véhicule, grâce à son historique auquel tout le monde a accès. Malheureusement, si le véhicule origine de l'Ontario, il est impossible, par ce document de la SAAQ, de connaître les propriétaires ontariens. Un document qui a ses limites selon Bernard Séguin : «C'est très utile. Je constate seulement que ça pourrait être mieux fait. On a tourné les coins ronds quand on l'a fait». Quant à la SAAQ, elle a refusé de commenter ce dossier.

Par ailleurs, les compagnies d'assurances ontariennes ne sont pas tenues de déclarer les véhicules gravement accidentés. Contrairement au Québec, où la mention «reconstruit» doit obligatoirement apparaître sur
le certificat d'immatriculation.


«Je ne veux pas rester avec un véhicule accidenté reconstruit (…) Les coussins gonflables sont-ils conformes? J'en ai aucune idée. J'ai un enfant, un autre qui s'en vient (…) Je veux un véhicule sécuritaire. Je ne veux pas avoir de soucis en conduisant mon véhicule».



La version du commerçant

La Facture a tenté d'avoir la version des faits du vendeur, également propriétaire du commerce. Il a refusé de nous accorder une entrevue à la caméra. Aujourd'hui, le couple demande l'annulation de la vente.

Coup de théâtre…

Après avoir pris connaissance de notre enquête, le vendeur révise sa position et décide de régler : il remet un chèque de 11 768$, soit la totalité du prêt bancaire au couple, et reprend la voiture.…

Le couple a enfin pu se racheter une nouvelle voiture. Entre-temps, leur ancienne voiture est à la recherche d'un nouveau propriétaire pour $8 900..!

En conclusion…

Dans le dossier ontarien du véhicule de ce couple, rien n'indique que la Honda a fait l'objet d'un accident grave. Mais, au début de l'an prochain, une nouvelle loi sera promulguée à Toronto, une loi qui obligera les assureurs à déclarer tous les véhicules gravement accidentés.

Cela permettra aux futurs propriétaires de mieux connaître l'histoire du véhicule qu'ils achètent. Reste à voir si ces informations seront récupérées par la SAAQ et bien inscrites sur les documents québécois!



Hyperliens pertinents

Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ)

Ministère des Transports de l'Ontario



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