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réclamations = plus assuré?
Depuis
le printemps dernier, une mère de famille roule avec une voiture
de 25 000$, sans assurance. Depuis que
son assureur l'a laissée tombée, chaque fois qu'elle prend
sa voiture, elle joue donc avec le feu... Mais celle-ci n'a pas le choix
: son travail exige l'utilisation de son véhicule.
Son
assureur lui refuse en fait pratiquement tout comme protections : le
feu, le vol, le vandalisme, les accidents sans collision bref, tout,
sauf
100,000$ de responsabilité civile.
Une situation tout à fait déplorable aux yeux de Georges
Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes
(APA), qui juge que madame risque de «Tout perdre si son
véhicule est volé ou déclaré perte totale».
Mais pourquoi cette conductrice est dans une si mauvaise posture? Simplement
parce qu'au cours des cinq dernières années, elle a présenté
quatre réclamations à son assureur
Ses
réclamations
Il y a d'abord eu, en 97 et 98, deux petites réparations
de pare-brise d'une valeur de quelques 80 dollars chacune. En
avril 2000, un premier accident puis, à l'automne 2001,
un petit accrochage.
Le total des réclamations en cinq ans s'élève
à 4574 dollars. C'est moins que le montant des primes
qu'elle a payées depuis qu'elle est avec cet assureur.
Mais pour lui, c'est trop
«J'ai
reçu cette lettre qui disait que, à cause de ces
réclamations, je n'étais plus assurable. Ma première
réaction a été de téléphoner
à mon assureur et de lui demander "c'était
quoi l'affaire". C'est là que j'ai su qu'effectivement,
étant donné que j'avais eu deux collisions dans
les cinq dernières années, que j'étais
maintenant considérée comme une conductrice à
très haut risque et que je n'étais plus assurée
».
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Bref,
pour l'assureur de madame, deux accidents et deux réclamations
mineures ont suffit pour justifier la résiliation de la police.
Un
nouvel assureur pour madame? Loin d'être facile
Madame n'a donc eu d'autre choix que de se trouver un autre assureur.
Mais la chose est loin d'être facile : «Et là
tu dois tout dire : "Donc, est-ce que vous avez déjà
été refusée par une compagnie d'assurance?"
J'ai été obligée de dire oui, ma propre compagnie
avec laquelle je suis depuis neuf ans, vient de me refuser. Immédiatement,
je suis refusée partout
»
Selon
Georges Iny, dans un tel cas, magasiner ailleurs devient beaucoup plus
difficile que de rester avec son propre assureur, car les compagnies
d'assurance vont se fier sur la lettre d'annulation de l'assureur et
ne regarderont pas plus loin. Celui-ci se dit toutefois convaincu que
l'APA puisse trouver un nouvel assureur à la conductrice.
Mais surprise
Malgré son réseau de contacts, le
président de l'APA ne parvient pas à dénicher une
bonne couverture à prix abordable. Les réclamations de
madame n'ont pourtant jamais dépassé les 4000$!
«Ce
n'est pas le montant payé qui compte, c'est la fréquence
des réclamations (
) C'est ça l'industrie des
assureurs. Deux accidents responsables en trois ans, ils ne veulent
rien savoir»,
affirme une courtière, rejointe par l'APA.
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La courtière
déniche finalement une assurance, mais avec une compagnie à
très hauts risques : franchise de 1000 $, couverture contre la
collision, le feu et le vol, au montant de
2,727$.
Et
si madame payait une franchise de 3 ou 5,000$, aurait-elle plus
de chances d'obtenir une assurance collision, tout risque, et
d'une compagnie régulière?
Négatif, nous répond la courtière :
«J'ai fait le tour du marché, ils m'ont tous déclinée.
Et ce, à cause des fréquences : deux réclamations
et plus, ils ne veulent rien savoir.»
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La Facture a
tenté d'obtenir une entrevue avec l'assureur de madame, ce qu'il
a refusé. Celui-ci nous a plutôt référé
au Bureau d'Assurances du Canada, où l'on nous a confirmé
«qu'à partir de deux accidents en cinq ans (
)
un assureur va examiner un dossier de plus près».
Une
information «cachée» par les assureurs?
Selon le BAC, les assureurs évitent généralement
de véhiculer ce genre d'information, question de se protéger
contre la concurrence. Un silence qui est inacceptable, selon la dame
de notre histoire : «D'après vous, est-ce que j'aurais
réclamé ma dernière collision si j'avais su que
j'allais être refusée comme ça? Non. Je trouve que
c'est d'abuser de l'ignorance des gens».
L'assureur n'est-il pas tenu de nous aviser?
«Je pense que dans une institution financière, tout
comme dans une compagnie d'assurance, il y a (différents) départements.
Donc, je pense qu'une réclamation est traitée par le département
des réclamations, et que le renouvellement fasse plutôt
partie de la souscription. (
) C'est donc deux évènements
dans la vie de la police qui sont traités par des gens différents»,
affirme Louis H. Guay, Bureau d'Assurances du Canada (BAC).
Un conseil : ne réclamez jamais
en bas de 1000$
«Opter
pour une franchise de 1000$, négocier auprès de
plusieurs compagnies d'assurances (pour essayer de trouver le
meilleur prix) et surtout, éviter de réclamer
pour des petits dommages, car c'est justement la fréquence
des réclamations qui fera augmenter votre prime d'assurance.
Bref, deux incident de 20 000$ auront la même incidence
sur votre prime que deux incidents à 10$».
- Michel Girard, chroniqueur au quotidien La Presse et
spécialiste des finances personnelles.
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Attention
Si vous ne réclamez pas, vous devez quand même
déclarer les incidents. La loi exige que vous déclariez
tous les incidents qui peuvent influencer de façon importante
le risque que vous représentez.
Et si on ne déclare pas?
«Quant on ment à son assureur, on s'expose à
être pénalisé sévèrement,
on peut perdre le droit à l'indemnité et l'assureur
peut simplement résilier la police»,
- Louis H. Guay, Bureau d'Assurances du Canada (BAC).
Le texte
de l'article 2466 du Code civil est clair :
"L'assuré est tenu de déclarer (...) les
circonstances qui aggravent les risques (...) si elles sont
de nature à influencer de façon importante un
assureur dans l'établissement du taux de la prime (...)
ou la décision de maintenir l'assurance".
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Une
étoile dans un pare-brise, un petit accrochage
Doit-on déclarer les incidents mineurs?
«Cela dépend des assureurs, ça dépend
des politiques», indique le porte-parole du BAP.
«Totalement ridicule», estime le chroniqueur Michel
Girard. «Pourquoi aller affirmer que vous avez fait un accident
si c'est un incident mineur? (
) Y'a des courtiers qui m'ont déjà
dit de ne pas déclarer ce genre d'incidents mineurs. Pourquoi
donc aller se tirer dans le pied si le courtier le conseille?»
Si vous décidez de ne pas déclarer un sinistre,
sachez que vous jouez peut-être avec le feu.
Votre assureur pourrait découvrir que vous lui avez caché
quelque chose et refuser de vous indemniser lors d'une prochaine
réclamation
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En
conclusion...
Pour l'instant, madame n'a toujours pas d'assurance pour son véhicule,
sauf l'assurance obligatoire pour responsabilité civile. Elle
a donc réduit au maximum ses déplacements avec sa voiture.
Alors rappelez-vous
: si vous êtes responsable de deux accidents, votre compagnie
renouvellera sans doute votre assurance. Mais s'il y a deux autres incidents
en plus, même mineurs, comme des pare-brises, alors le risque
d'être refusé augmente.