Émission 203

Le mardi 13 novembre 2001


Une clause brise son rêve

 




Depuis la réforme du code civil, les promoteurs immobiliers sont obligés de faire signer des contrats préliminaires à leurs acheteurs potentiels. Ces contrats contiennent des dizaines de clauses écrites en lettres minuscules. Il faut les lire, sinon on peut voir son rêve se briser. C'est ce qui est arrivé récemment à un citoyen de Saint-Eustache.

La maison de ses rêves

Au printemps dernier, cet homme trouve la maison de ses rêves dans un nouveau développement à Deux-Montagnes.

Il dépose une offre d'achat chez le promoteur immobilier et signe deux documents.

L'un des documents, appelé A.P. 703, porte la mention «contrat préliminaire». Il indique le prix de vente, qui est fixé à 195 999,99 $, et il est contresigné par le directeur des ventes du promoteur immobilier.

L'autre document se présente aussi comme un «contrat préliminaire». Il indique les conditions rattachées à l'achat de la maison.

L'acheteur y fait inscrire que l'achat de la maison de Deux-Montagnes est conditionnel à la vente de sa maison de Saint-Eustache. Cette clause doit arriver à échéance le 31 décembre 2001.

Ce document-ci n'est pas contresigné par le directeur des ventes. Après la signature, ce dernier demande à l'acheteur de verser un dépôt de 2500$.

L'acheteur met son bungalow en vente tout aussitôt.

Le rêve vole en éclats

Un mois plus tard, un coup de téléphone fait voler son rêve en éclats. Le directeur des ventes lui annonce que quelqu'un d'autre a fait une offre ferme pour la maison de Deux-Montagnes et qu'il va la lui vendre parce qu'il a assez attendu.

Ironie du sort, deux jours plus tard, notre acheteur reçoit une offre d'achat pour son bungalow de Saint-Eustache.

Il s'empresse de rappeler le directeur des ventes, mais il est trop tard : la maison de ses rêves est vendue.

L'acheteur lui demande pourquoi il n'a pas respecté les conditions de son offre d'achat.

La clause qui brise le rêve

Le directeur des ventes répond que son offre conditionnelle n'a jamais été approuvée par le président de la compagnie. Une condition qui est inscrite dans le document, à la clause 19. À cause de cela, son offre d'achat n'est pas valable.

L'acheteur reconnaît qu'il n'a pas remarqué cette clause au moment de la transaction.

Il l'a lue plus tard, mais il n'en a pas tenu compte, pensant que le promoteur immobilier contresignerait le document quand il aurait vendu son bungalow.

Sauf que ce n'est pas la façon de fonctionner du promoteur immobilier.

D'habitude, quand il accepte une offre recueillie par son vendeur, il la signe et en envoie un exemplaire signé à l'acheteur.

Selon le directeur des ventes, l'acheteur a été avisé que son offre était en suspens tant et aussi longtemps que son bungalow n'était pas vendu.

L'acheteur le reconnaît, mais il ne pensait pas que le promoteur profiterait de la période de suspension pour vendre la maison de ses rêves à quelqu'un d'autre.

L'analyse d'un spécialiste

Un avocat spécialisé en droit commercial et immobilier, Richard Chassé, a analysé les documents de l'acheteur.

Selon lui, le deuxième document, que l'acheteur est le seul à avoir signé, n'a aucune valeur. Mais ce n'est pas le cas du formulaire A.P. 703, contresigné par le directeur des ventes.
«Quand à moi, précise-t-il, il y a un acheteur, un vendeur, un prix et un objet qui est la maison, alors c'est un contrat valide.»

Le directeur des ventes ne voit pas les choses du même œil. Selon lui, le formulaire A.P. 703 est une simple annexe.

Me Chassé souligne que «naturellement le tout devra être plaidé devant un juge, (qui) devra procéder à l'interprétation de ce contrat-là.»

L'acheteur poursuit le promoteur

L'acheteur a intenté une poursuite de 44 000 $ contre le promoteur immobilier parce qu'il considère qu'il a fait une grave erreur, qu'il refuse de l'admettre et de la réparer.





Hyperlien pertinent

Association de la construction du Québec

 




Un crédit d'impôt qui coûte cher à certains retraités



Le gouvernement du Québec accorde un crédit d'impôt aux personnes âgées qui demeurent dans leur logis

Il rembourse 23 % de leurs frais de service pour, par exemple, les soins du corps et l'entretien ménager.

Depuis le 1er janvier dernier, la mesure s'applique aussi aux personnes vivant en résidence, qui achètent certains services. Un couple a voulu s'inscrire au programme, mais une mauvaise surprise l'attendait.

Disqualifié avant d'être inscrit

Ce couple de retraités habite une résidence de Sherbrooke depuis 10 ans.
Il paie un loyer de 1548 $ par mois, incluant les repas.

En février dernier, le couple rencontre l'administratrice de la résidence pour obtenir son crédit d'impôt.

Elle refuse de le lui accorder parce que, dit-elle, il ne paie pas assez cher pour ses repas. Pour inscrire le couple, l'administratrice exige de rouvrir son bail et d'augmenter son loyer de 300 $ par mois.

Les retraités refusent la hausse parce qu'ils ne comprennent pas pourquoi on les augmente : leur bail porte sur un montant global, incluant tous les services.

Le cas n'est pas unique

Ils ne sont pas les seuls. Une autre locataire de la résidence de Sherbrooke ne comprend pas que, pour obtenir son crédit d'impôt, elle ait dû accepter une hausse de loyer de 20 $ par mois.

Elle ne comprend pas parce qu'elle ne reçoit pas plus de services qu'avant.

À cela, la gestionnaire réplique que le prix des services est ajusté chaque année.

En temps normal, c'est au moment du renouvellement de leur bail que des locataires sont informés d'une hausse des prix. Dans le cas présent, ils l'ont appris plusieurs mois avant la fin de leur bail respectif.

Un bail, c'est un contrat, et un contrat ça se respecte



Au Québec, il y a un organisme qui réglemente les loyers : la Régie du logement.

Maître Chartrand, de la Régie, souligne l'obligation qu'ont les parties de respecter la durée d'un contrat.
«Mais, poursuit-elle, les deux parties peuvent convenir d'un commun accord de mettre fin à ce contrat et d'en conclure un nouveau. Seulement, les parties doivent être consentantes toutes les deux et avoir bien compris ce qui se passe.»



Les locataires de la résidence de Sherbrooke ont tenté de comprendre ce qui se passait, ils ont posé des questions à l'administratrice.

Mais cette dernière s'est emportée, et la dame seule a signé un nouveau bail.
Le couple, lui, a résisté.

Le ministère du Revenu reçoit des plaintes

Le ministère du Revenu du Québec a reçu nombre de plaintes concernant des hausses de loyer dues au programme.

«Le ministère du Revenu, dit Manon Tremblay, s'occupe de l'aspect fiscal du crédit d'impôt. On ne peut pas se prononcer sur la question de la réouverture des baux.»

L'explication de la hausse de 300 $ par mois

La compagnie qui gère la résidence de Sherbrooke explique la hausse de 300 $ par une erreur administrative qui remonte à 1993. Le couple de retraités paie pour deux repas par jour tandis qu'il en consomme quatre.

Finalement, le mari se rend à la compagnie de gestion et finit par obtenir une explication de l'augmentation du loyer.

La compagnie a refusé de montrer à La Facture le document dans lequel le couple avait pris l'engagement de prendre deux repas par jour.

Le couple de retraité retrouve la paix

Malgré tout, le couple accepte un compromis : son loyer mensuel augmentera graduellement sur une période de deux ans jusqu'à concurrence de 300 $.

Entre temps, le ministère du Revenu est en train de réviser ce programme de crédit d'impôt.

Quant au protecteur du citoyen, il recueille les plaintes des personnes âgées qui auraient maille à partir avec le programme.


Hyperliens pertinents

Régie du logement

L'impôt des particuliers, personnes âgées
Site du ministère du Revenu du Québec


 

 

Vos commentaires et suggestions

 
     
Vos commentaires et suggestions