Émission 196

Le mardi 25 septembre 2001


Portrait d'un vendeur pas très sympathique

Depuis quelques années des centaines de petits commerçants sont victimes d'un individu qui vend de la publicité dans de petites publications.

Ces journaux ont en commun de traiter d'un sujet qui éveille la sympathie du public.

Trois commerçants de la région de la Montérégie se sont laissés prendre au jeu du fraudeur.

La fraude commence par un coup de téléphone. Le fraudeur offre au commerçant de passer une annonce dans un petit magazine qui, dit-il, est distribué dans des lieux publics, comme les caisses populaires et les CLSC, partout dans sa région.

Le problème, c'est que personne n'a vu les publications dans la région de la Montérégie.

Une entreprise lucrative

Le fraudeur est à la tête d'une entreprise lucrative.

Il produit au moins une quinzaine de petits magazines.

Chacun renferme une douzaine de publicités vendues à quelque 200 $ pièce.

Le fraudeur n'a pas de journalistes à payer : il se contente de photocopier des textes glanés à gauche et à droite. Donc, il évite aussi les frais d'imprimerie.

Quant aux frais de distribution, ils sont probablement minimes.

Un homme connu des policiers

Un enquêteur de la Sûreté du Québec, Bernard Caron, précise que l'entreprise pour laquelle travaille le fraudeur a un chiffre d'affaires de 7000 à 10 000 $ par semaine.

Car l'homme est bien connu des corps policiers : il a deux faillites et trois condamnations pour fraude à son actif.

Bernard Caron ajoute qu'il a fait l'objet de 11 enquêtes policières dans plusieurs régions du Québec, entre 1989 et 2000.

Joint au téléphone, le fraudeur refuse de rencontrer La Facture.

Mais, grâce à un numéro inscrit sur les factures des commerçants floués, La Facture découvre que la compagnie pour laquelle il travaille appartient à une femme.

La Facture se rend à Le Gardeur pour la rencontrer, et découvre que le fraudeur est le mari de la présidente de l'entreprise.

La technique du fraudeur

Le fraudeur a tout un système de persuasion pour convaincre ses clients potentiels.

Bernard Caron explique une de ses techniques: «L'individu se présente au téléphone en disant : Vous avez déjà accepté de prendre de la pub il y a trois semaines. On s'est parlé au téléphone, vous vous souvenez? Et votre pub est prête. Les clients ont un doute, mais ils paient pour ne pas avoir de problème avec l'individu.»

Une autre des techniques du fraudeur, c'est de publier l'annonce commandée dans plusieurs magazines, sans prévenir le commerçant. Puis il le met devant le fait accompli pour le forcer à payer.

Une troisième technique de son système de vente, c'est l'usurpation d'identité. Notre fraudeur a utilisé jusqu'à six noms de famille différents, sans jamais fournir de prénom.

Sa compagnie a 24 noms et plusieurs adresses.

Cette multiplication des identités lui permet de vendre de nouveau une annonce à un commerçant qu'il a déjà floué, sans que ce dernier s'en aperçoive.

Un vieux routier

C'est que le fraudeur n'est pas un débutant : il vend de la publicité sympathique pour des petits journaux depuis 30 ans.

Il a déjà été condamné trois fois pour fraude et a dû payer deux amendes de 3500 $.

Le 23 mai dernier, il répondait à 27 nouveaux chefs d'accusation pour fraude, au Palais de justice de Joliette.

Il était passible d'une peine de 10 ans de prison, il s'en est tiré avec une amende de 3500 $ et 18 mois d'emprisonnement avec sursis.

Autrement dit, il peut purger sa peine à la maison et il a le droit de travailler.

Ce type de fraude s'appelle de la publicité sympathique.

Plusieurs corps policiers ont publié un guide sur Internet, à l'intention des commerçants.

On y trouve des conseils pour ne pas se faire prendre.

 

Hyperliens pertinents

La publicité sympathique
Explications et détection
Site de la Ville de Charlesbourg

Publicité sympathique
Conseils de la police de Brossard

 



 

Terrain inondé : tout le monde s'en lave les mains


 

La cour arrière d'une résidence est inondée chaque printemps depuis trois ans. Au désespoir de son propriétaire, tout le monde semble s'en laver les mains.

En avril 1998, un citoyen de Lac-Saint-Charles, en banlieue de Québec, prend possession d'une maison construite sept ans auparavant dans la rue des Érables. À la fonte des neiges, l'eau suit la pente naturelle du terrain et s'écoule vers le terrain vacant situé derrière.

Un mois plus tard, ce terrain vacant est remblayé pour permettre la construction d'un projet résidentiel sur une nouvelle rue, la rue de l'Épilobe.

Voilà que commencent les problèmes.

Le remblayage du terrain de la rue de l'Épilobe a formé un mur derrière la résidence de la rue des Érables.

Depuis, à la fonte des neiges, l'eau s'accumule dans la cour de la résidence, jusqu'à atteindre parfois plus d'un demi-mètre. Commence alors un jeu de chaise musicale.

Tout le monde se renvoie la balle

Le constructeur affirme qu'il devait remblayer le terrain de la rue de l'Épilobe, sinon les nouvelles maisons se seraient retrouvées sous le niveau de la rue.

Il ajoute que c'était à la municipalité de prévoir le problème d'inondation.

Le directeur général de la municipalité de Lac-Saint-Charles rejette la responsabilité sur le promoteur du projet résidentiel. C'est à lui, dit-il, de respecter le drainage et le voisinage parce qu'il est sur les lieux lors de la construction et que ce sont ses terrains et ses rues.

Le promoteur avait effectivement la responsabilité de construire les rues du nouveau quartier avant de les céder à la Ville. Il croit que le propriétaire de la résidence de la rue des Érables devrait remonter son terrain pour que l'eau aille s'égoutter vers l'avant.

Mais un ingénieur en géotechnique n'est pas de cet avis.

Selon Marius Roy, professeur au département de Génie civil de l'Université Laval, le propriétaire du terrain inondé n'a rien à se reprocher. «Par le positionnement des arbres, on voit le profil naturel du terrain qui se draine vers l'arrière, ce qui est tout à fait normal pour une propriété.»

 

Le constructeur suggère lui aussi au propriétaire de remblayer son terrain. Mais le directeur général de la municipalité y voit un danger : le problème d'inondation pourrait se déplacer vers d'autres terrains.

Un arbre est menacé

De plus, ce remblayage aurait un autre inconvénient. Marius Roy souligne qu'au moins un arbre risque de se retrouver avec un demi-mètre de terre sur les racines.

«À long terme, on sait que les arbres d'un certain âge ne supportent pas la pression sur les racines. Donc, avec le temps, le propriétaire risque de perdre un bijou qu'il a sur sa propriété», dit-il.

Le propriétaire en est conscient. Or cet arbre, qu'il estime avoir 50 ans, est une des raisons qui l'ont incité à acheter la maison.

L'ingénieur en géotechnique soutient que la municipalité et le promoteur auraient dû prévoir le problème d'inondation. Il précise: «En général, les rues sont développées par le promoteur et c'est lui qui fait l'aménagement du drainage et c'est lui qui doit prévoir cet aménagement à la base. Avec la municipalité, bien sûr.»

Mais le promoteur décline toute responsabilité.

La municipalité aussi. Elle croit que c'est un problème entre deux voisins.

Malgré tout, la municipalité de Lac-Saint-Charles a tenté de trouver une solution avec les parties impliquées au dossier. Mais, selon la Ville, elles refusent de bouger.

Ce qui forcera sans doute le propriétaire de la maison de la rue des Érables à passer par les tribunaux.


 

Ouvrez l'oeil à l'épicerie

En février 2001, le gouvernement du Québec a modifié la loi qui touche l'affichage des prix.

Depuis, les commerçants ne sont plus obligés d'inscrire le prix sur chaque article vendu, mais Ils doivent l'afficher sur la tablette.

 

La loi oblige aussi le marchand à dédommager le consommateur si une erreur se produit à la caisse.

Par exemple, si le lecteur optique ou le vendeur demande plus cher que le prix affiché, le commerçant doit donner l'article au consommateur s'il vaut moins de 10 $. S'il vaut plus de 10 $, il doit lui accorder un rabais de 10 $ sur son prix réel.

Mais encore faut-il se souvenir du prix lorsqu'on arrive à la caisse.

La Facture a organisé un petit concours de mémoire.

Nous avons accompagné quatre consommateurs qui faisaient leurs emplettes.

Ils ne savaient pas au départ qu'on allait leur demander, en passant à la caisse, de se souvenir du prix des produits.

Leur taux de bonne réponse s'est élevé à environ 20 % en moyenne. C'est sans doute le résultat auquel chacun d'entre nous serait arrivé dans les mêmes circonstances.

Ce qui veut dire que la modification apportée à la Loi sur la protection du consommateur a rendu un grand service aux commerçants, mais sûrement pas aux consommateurs.

À nous d'avoir de la mémoire si on ne veut pas se faire avoir.

Car, si on ne connaît pas le prix d'un article, comment peut-on dire à la caissière qu'il y a erreur?

Alors, ouvrez l'oeil.

 

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