Émission 165

Mardi, 3 octobre 2000


Enquête exclusive!




Qu'est-ce qu'un poulet de grain?

Manger un «bon poulet de grain», c'est manger «santé» nous dit-on. Voilà pourquoi de nombreux consommateurs sont prêts à payer plus cher pour manger du poulet de grain. Mais qu'est-ce qu'un poulet de grain?

 

Le cas...

L'équipe de La Facture a décidé d'effectuer une enquête, en collaboration avec l'école de cuisine du Centre Calixa-Lavallée, à Montréal. Sept consommateurs devaient goûter puis comparer le poulet de grain et le poulet régulier. Il s'agissait d'essais «à l'aveugle» : les dégustateurs ne savaient donc jamais quel type de poulet leur était servi. Nous avons constaté que les consommateurs ne voyaient pas de différence de goût marquée entre le poulet de grain et le poulet régulier refroidi à l'air.

Mais qu'est-ce qui différencie le poulet de grain du poulet régulier?

 

Ce que La Facture a découvert...

· Tant le poulet de grain que le poulet régulier sont nourris d'environ 80 % de grains.

· C'est justement le dernier 20 % de leur alimentation qui fait la différence. Contrairement au poulet régulier, le poulet de grain doit répondre à des critères bien précis, en vertu d'un standard proposé par le gouvernement du Québec en 1993 :

- Le poulet de grain ne doit recevoir aucun antibiotique qui favorise la croissance;

- Le poulet de grain ne doit manger aucune matière grasse d'origine animale.

· Sur sept poulets que nous avons achetés, un seul avait une alimentation conforme à celle d'un vrai poulet de grain (composée de maïs-grain et de tourteau de soya donc, sans farine animale). Mais encore, l'éleveur concerné ne respecte pas complètement le standard proposé par le gouvernement, puisqu'il administre des antibiotiques à ses poulets.

· L'application du standard ne semble être ni appliquée par les éleveurs, ni contrôlée par le gouvernement. «L'inspection sur les critères d'élevage, les façons d'élever et de nourrir, n'existe pas. On ne peut donc rien garantir», affirme le Dr Robert Gauthier, spécialiste en alimentation de la volaille. Ce qui fait que l'appellation "poulet de grain" s'est répandue sans aucun contrôle.

· Le poulet régulier a mauvaise réputation. Plusieurs bouchers nous ont affirmé que le poulet régulier est nourri aux hormones, aux matières grasses et aux stéroïdes.

· «Le consommateur est mal informé», ajoute le docteur Gauthier. «Les hormones chez la volaille, ça n'existe pas. Les hormones font peur. C'est non seulement un mythe, c'est une fausseté qui est véhiculée», ajoute-t-il.

 

Retenez ceci...

* «Il n'y a aucune façon de vérifier si le poulet que vous achetez est un vrai poulet de grain. Il faut se fier à la bonne foi de ceux qui élèvent ces poulets», indique le docteur Gauthier.

* Plusieurs compagnies qui vendent des poulets réguliers, utilisent l'expression «Poulet nourri aux grains» ou simplement le mot «grain» dans le choix du nom de leur marque, pour rendre leur poulet plus attrayant. Or, ces étiquettes ne garantissent pas nécessairement qu'il s'agit d'un «poulet de grain»! Puisque plusieurs éleveurs n'appliquent pas le standard qui a été proposé par le gouvernement en 1993.

* Bientôt, un nouveau type de poulet fera son apparition sur les tablettes. Il sera certifié biologique et sera contrôlé à toutes les étapes de sa production. Évidemment, il faudra y mettre le prix!

Journaliste : François Sanche
Réalisatrice : Martine Lanctôt

 

Pour en savoir plus…

Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation http://www.agr.gouv.qc.ca/
1-888-222-MAPA ( 6272 )

Office de la protection du consommateur
www.opc.gouv.qc.ca
(514) 873-3701 (418) 643-8652 ou 1 888 672-2556

 

Un promoteur immobilier qui disparaît avec les dépôts

Le cas...

Une maison neuve. Tel était le rêve de deux consommateurs qui avaient acheté une maison qui n'était pas encore construite. L'homme et la dame ont tous deux fait affaire avec le même promoteur immobilier, qui a exigé un dépôt lors de la signature du contrat de vente : 10 000 $ dans le cas de madame et 7 040 $ dans le cas de monsieur. Un dépôt que les deux acheteurs n'ont jamais revu : le promoteur a disparu.

 

Ce que La Facture a découvert..

· Les deux acheteurs pourraient ne jamais revoir leur argent car le promoteur a fait faillite en mai 2000, sa troisième faillite en 12 ans.·

· Outre la poursuite, un autre recours se présente pour les deux clients : ils peuvent porter plainte pour fraude. Si le promoteur est reconnu coupable, il pourrait être condamné à rembourser les deux acheteurs. Une voie qui est avantageuse pour les victimes, car «elle n'implique aucun frais judiciaire de leur part, puisqu'il s'agit du domaine du droit pénal, et qu'en droit pénal, c'est un procureur de la Couronne qui agit au nom de l'État», indique Me Richard Chassé.

· Pour démontrer la fraude, les deux victimes pourraient soumettre plusieurs éléments de preuve, tels que :

1) Le promoteur ne détenait pas de licence de construction de la Régie du bâtiment du Québec. Or sans licence, il n'était pas en droit de construire ou de faire construire des maisons.

2) Puisqu'il ne détenait pas de licence de construction, le promoteur s'est servi frauduleusement de contrats de vente de compagnies de construction, sur lesquels apparaissaient les noms des entreprises et dans un cas, le numéro de licence de construction. «Si on utilise le nom d'une compagnie, si on utilise ses numéros de licence sans son approbation, il peut s'agir d'une fraude», estime Me Richard Chassé.

3) Le promoteur a fait paraître une annonce dans les journaux, en prétendant être le représentant de l'une des compagnies de construction. Or, la compagnie affirme n'avoir jamais demandé à ce promoteur d'agir pour elle à titre de vendeur ou de représentant.

· Selon Me Chassé, ces éléments de preuve sont «fort importants car ils peuvent permettre au juge de conclure qu'un stratagème a été monté dans le but de s'approprier des sommes de ces deux victimes».

 

Retenez ceci...

*Une des victimes a porté plainte pour fraude à la police alors que l'autre a préféré intenter une poursuite civile contre le promoteur.

* Si vous achetez une maison neuve, libellez toujours votre chèque au nom de celui qui possède la garantie de construction : l'entrepreneur. Ce chèque peut d'ailleurs être déposé en fiducie, le temps que la construction soit terminée.

 

Journaliste : François Dallaire
Réalisateur : Alain Abel

 

Pour en savoir plus...

Association de la construction du Québec (ACQ)
www.acq.org
(514) 739-2381 ou (418) 687-4121

Association provinciale des constructeurs d'habitation du Québec (APCHQ)
www.apchq.com
(514) 353-9960

Association des courtiers et agents immobiliers du Québec www.acaiq.com
(450) 462-9800 ou 1 800 440-7170

Régie du bâtiment du Québec
www.rbq.gouv.qc.ca
(450) 928-7603 ou (418) 643-7150

 

 

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