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La marine canadienne projette le déploiement de navires de guerre sans équipage

Un navire de guerre amarré à un quai.

La marine américaine a déployé ses premiers navires à équipage facultatif de type Sea Hunter en 2016.

Photo : Associated Press / Julie Watson

Radio-Canada

Alors que les États-Unis mettent à l’essai des « flottes fantômes » de navires robotisés sans équipage, le Canada est à évaluer le type de navires de guerre sans équipage dont il aura besoin dans ce nouvel environnement technologique où les armes s'opèrent de plus en plus à distance.

Selon le vice-amiral Angus Topshee, interviewé par CBC News, les marines auront toujours besoin de grands navires de surface et de sous-marins de combat, mais elles auront aussi besoin de navires automatisés et de drones navals, des engins qui ont changé la donne en matière de guerre navale en Ukraine.

En mer Noire, la flotte russe a déjà perdu plusieurs bâtiments de surface coulés par des embarcations robotisées remplies d’explosifs.

Des soldats inspectent un drone marin.

Les forces ukrainiennes attaquent régulièrement de gros bâtiments russes en mer Noire à l'aide de meutes de petits drones commandés à distance et chargés d'explosifs.

Photo : Associated Press / Evgeniy Maloletka

La marine américaine teste des navires de surface sans pilote (USV) depuis plusieurs années déjà, et le concept s'est avéré suffisamment concluant pour que les Américains créent une flottille de bateaux sans équipage dans le Pacifique.

Une deuxième unité du genre, qui opérera en tandem avec des navires de guerre conventionnels, devrait être prête d’ici la fin du mois.

Au Canada, on commence à peine à étudier le concept.

Nous n'avons pas encore déterminé le pourcentage [de navires sans équipage] que nous voulons, a indiqué Angus Topshee.

Le vice-amiral Angus Topshee lors d'un discours.

Le vice-amiral Angus Topshee lors d'un discours, en octobre 2023 (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Selon lui, les planificateurs navals qui mènent une nouvelle étude sur la composition de la flotte se posent un certain nombre de questions lorsqu'ils examinent les différents types de navires autonomes qui pourraient bientôt être disponibles.

Quelle est la bonne combinaison pour l'avenir, lorsque nous remplacerons nos navires de défense côtière?, s'interroge-t-il. Quelle est la bonne capacité dont nous devons disposer? Comment enrichir le navire de combat de surface canadien [la prochaine génération de navires de guerre] avec la bonne combinaison de capteurs?

L'étude ne se limite pas aux vedettes rapides télécommandées et bourrées d'explosifs que l'Ukraine utilise en mer Noire. Elle s'intéresse à des navires plus grands, tels que le dragueur de mines Sea Hunter de 145 tonnes de la marine américaine.

Un bateau de guerre amarré au quai.

Un dragueur de mines américain robotisé Sea Hunter, amarré à San Diego.

Photo : Associated Press / Julie Watson

Des ordinateurs pilotent et contrôlent le navire, tandis qu'un humain à bord d'un autre navire observe en permanence les opérations, prêt à prendre les commandes à distance, si nécessaire. Le navire peut patrouiller sans humain à la barre, en utilisant son système de guidage optique et son radar pour rester à l'écart des autres navires et des obstacles.

Dans sa récente étude sur l'avenir de sa marine, l'Australie a déclaré qu'elle augmenterait le volume de sa flotte en y ajoutant des navires sans équipage destinés à assister les navires conventionnels.

Le plan de renforcement de la flotte australienne comprend 20 destroyers et frégates sans équipage et six grands navires de surface à équipage optionnel (LOSV), qui peuvent opérer avec des marins à bord ou de manière autonome en tant que drones. Des changements majeurs quand on pense que tous les bâtiments devaient auparavant être opérés par des équipages formés et rompus à l’art du combat naval.

Une chose est certaine, ces navires ont suscité l'intérêt du vice-amiral Topshee.

Je regarde cela de très près, car je pense que c'est quelque chose que nous pouvons intégrer dans le programme canadien de combat de surface. Nous devons le permettre, non seulement avec les petits véhicules autonomes – sur et sous l'eau – mais aussi avec des plateformes plus grandes qui pourraient être dotées d'un équipage la plupart du temps.

Une citation de Angus Topshee, vice-amiral de la Marine royale canadienne

Le U.S. Naval Institute News a récemment rapporté que la marine avait soumis une demande révisée au Congrès, demandant un mandat pour étendre la flotte jusqu'à 381 navires habités d'ici les années 2050, contre 299 à l'heure actuelle. La flotte globale serait renforcée par 150 navires de surface et sous-marins sans équipage.

La guerre navale en évolution

L'historien naval Marc Milner, de l'Université du Nouveau-Brunswick, a déclaré que la prolifération des navires sans équipage sera particulièrement importante pour les opérations navales à proximité des côtes. Selon lui, les marines habitées ont du mal à faire face à la guerre non conventionnelle en mer Rouge et en mer Noire, au large de l'Ukraine et de la Russie.

Ce qui s'est passé au cours de la dernière décennie, en particulier la prolifération des systèmes de missiles basés sur les côtes, comme ceux utilisés par les Houthis, mais aussi les systèmes de drones, a rendu les eaux littorales de plus en plus difficiles pour les marines, explique M. Milner.

Verrons-nous bientôt des flottes entières commandées à distance, voire entièrement autonomes?

Pour l'instant, d'après ce que je vois, nous n'avons pas affaire à des essaims de drones, a déclaré M. Milner, faisant référence à la tactique qui consiste à utiliser plusieurs drones pour cibler un seul navire de surface ou un sous-marin habité.

Devant des jeunes, un homme barbu porte une casquette, à l'extérieur.

Le professeur Marc Milner (Photo d'archives)

Photo : UNB / Gregg Centre

La marine américaine travaille sur ce concept. Elle a expérimenté ses USV de moyenne et grande taille pour perfectionner ce que l'on appelle l'attaque hellscape, qui consiste à utiliser des essaims de plateformes sans pilote pour attaquer des cibles ennemies.

Selon M. Milner, les menaces auxquelles les marines conventionnelles sont confrontées dans les eaux côtières sont pour l'instant gérables.

Mais le danger dans les eaux littorales s'est accru tout au long du 21e siècle, principalement à cause des systèmes de missiles terrestres bon marché, et l'on craint de plus en plus qu'ils ne submergent les défenses des navires individuels, a-t-il déclaré.

Avec les informations de Murray Brewster

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