Il lègue tout son argent à sa fiancée qu’il n’a jamais vue, sa famille conteste en cour

La famille d’un Néo-Brunswickois conteste en Cour du Banc du Roi la validité de son testament. L’homme, qui a souffert toute sa vie de troubles mentaux, a légué son argent à sa fiancée avec laquelle il entretenait une relation à distance sans ne l’avoir jamais vue en personne.

La famille de Louis Fournier, originaire de Moncton, allègue que sa fiancée, a usé d'une influence abusive, ce qu'il l'aurait poussé à faire d'elle sa seule et unique héritière en juillet 2019, quelques mois après leurs fiançailles en témoignage de son amour et admiration.

Cette femme avec qui Louis Fournier a eu une relation pendant cinq ans, il ne l'a jamais rencontrée. Ils se parlaient plutôt par courriels, textos ou au téléphone.

L’homme de 73 ans est décédé le 25 décembre 2021. Quelques mois avant sa mort, il avait écrit à sa fille Anna, avec qui il avait perdu contact, pour la prévenir qu’il léguait tout ce qui [lui] appartient en tant de comptes de banque, coffrets de sûreté, métaux précieux à Mary Lamont.

La famille conteste aujourd’hui devant la Cour du Banc du Roi cet héritage. Le tribunal devra trancher si Louis Fournier avait des capacités cognitives suffisantes lorsqu’il a révisé son testament pour faire d’elle la seule bénéficiaire de son testament.

Car pour une grande partie de sa vie, Louis Fournier a souffert de troubles mentaux. Il se disait victime de harcèlement électromagnétique, c’est-à-dire d’une attaque ciblée au moyen de micro-ondes ou de radiations.

Une maladie qui n'est pas reconnue par la médecine et est répandue par des théories conspirationnistes. Toutefois, Louis Fournier était victime de souffrances réelles qui minaient sa qualité de vie.

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Son état l’a amené à chercher des réponses dans des forums et des blogues. C’est là qu’il a fait la connaissance de Mary Lamont. Une femme de 66 ans de la Colombie-Britannique qui se présente comme une thérapeute, soi-disant spécialiste en matière de harcèlement électromagnétique et qui se disait elle-même la cible d’un tel harcèlement.

Selon la famille, cette dernière aurait réconforté Louis Fournier dans ses convictions, ce qui a cimenté son attachement envers elle.

Appelés à la barre des témoins, le psychiatre et la médecin de Louis Fournier ont parlé d'une idée obsessionnelle qu'il était victime d'un complot, soulignant au passage sa détresse et sa souffrance.

L'avocat de Mary Lamont croit qu'il avait « la tête intacte »

C’était une personne qui avait quand même des troubles mentaux, certaines obsessions. Ce qui est ressorti, c’est qu’il avait quand même la tête intacte. Il pouvait fonctionner. Il avait le pouvoir de léguer ses biens comme il voulait, croit Jonathan Martin, l’avocat de Mary Lamont.

Dans le mémoire préalable à l'audience, il indique que la famille veut que les modifications au testament soient jugées non conformes, car elle se sent lésée financièrement. Selon le document, l'un des demandeurs aurait le droit à plus de 60 000 $ si le testament était annulé, un autre à 25 000 $.

Les avocats des demandeurs n’ont pas voulu émettre de commentaires.

La présentation des preuves va se poursuivre jeudi matin avec des témoignages clés : celui du frère de Louis Fournier ainsi que celui de sa fiancée et bénéficiaire, Mary Lamont.

Les avocats présenteront ensuite leurs arguments pour permettre à la juge de rendre une décision, au plus tard, vendredi.

D’après un reportage de Louis-Philippe Trozzo