« Les refuges ne sont pas des logements », martèlent des personnes ayant vécu l’itinérance
Des membres du Housing Justice Project, qui a publié un rapport sur l'itinérance et l'accès au logement dans le Grand Victoria, se sont rassemblés devant l'Assemblée législative, le 7 mai 2024.
Photo : Radio-Canada / Mélinda Trochu
Un rapport du Housing Justice Project de l’Université de Victoria financé par la Vancouver Foundation compare les expériences d'itinérance à Victoria avec les normes en matière de droits de la personne. Il propose huit recommandations.
Bruce Livingstone, porte-parole du projet qui a lui-même vécu l’itinérance, explique qu'il n’y a pas assez de logements pour les personnes à revenus très faibles dans le Grand Victoria, en particulier des logements sociaux largement subventionnés.
Il y a une allocation logement de 500 $ pour les personnes handicapées ou qui bénéficient d'une aide au revenu de base et il n'y a pas d'appartements à 500 $ à Victoria. [...] Il faut reconnaître qu’il s’agit d’une urgence sociale.
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Selon lui, il faut accélérer les constructions et rattraper le temps perdu, comme il manque maintenant 30 ans de logements dans nos villes
.
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Nous luttons pour un logement pour tous et pour que le logement soit considéré comme un droit humain. Le chemin pour y parvenir est assez simple. Il faut des logements que les gens puissent payer.
Bruce Livingstone, au centre, fait partie des membres du Housing Justice Project qui a publié un rapport sur l'itinérance et l'accès au logement dans le Grand Victoria, le 7 mai 2024.
Photo : Radio-Canada / Mélinda Trochu
Dans leur rapport, explique Bruce Livingstone, les membres ont constaté de nombreuses violations inquiétantes en matière de droits de la personne
, notamment le manque d'accessibilité financière, les expulsions rendant des personnes sans-abri, l'absence de propreté et l'insuffisance de sécurité dans le Grand Victoria.
La lueur d'espoir
consisterait à construire de nombreux logements sociaux subventionnés et très abordables
.
Parmi les huit recommandations faites, les membres disent qu'il faut arrêter les longs séjours dans des refuges en transférant les personnes dans des logements permanents dans un délai de 30 jours. Ils demandent également que des services de base tels que l'eau courante, l'électricité et des toilettes soient fournis aux personnes vivant dans la rue.
Une cible « très ambitieuse »
Des membres du Housing Justice Project ont rencontré le ministre du Logement, Ravi Kahlon, avant leur rassemblement devant l’Assemblée législative mardi midi. Selon le ministre, il est toujours important de pouvoir entendre des personnes qui ont vécu [l’itinérance] et leurs propositions de solutions
.
Dans le rapport, une cible de 2000 nouveaux logements fortement subventionnés par an pendant une décennie est avancée pour réduire la crise du logement pour les personnes les plus précaires. Ravi Kahlon juge cette cible très ambitieuse
et assure que 3000 logements abordables ont déjà été construits à Victoria.
Il précise que les bâtiments construits grâce au Community Housing Fund visent à héberger des personnes ayant différents paliers de revenus et que 30 % des appartements sont à des prix à des niveaux équivalents de l'aide au revenu.
Nous avons convenu que nos principes et ce que nous essayons d'atteindre s'alignent [avec le Housing Justice Project].
Le ministre du Logement Ravi Kahlon a rencontré des membres du Housing Justice Project. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Simon Jousset
Alors que les manifestants ont scandé à plusieurs reprises les refuges ne sont pas des logements
, Ravi Kahlon considère qu’ils sont néanmoins un bon endroit pour faire du triage, pour pouvoir identifier les besoins individuels des personnes et ensuite les placer dans un logement
.
Nous qui avons l’expérience de vivre dans des refuges, essayons de dire haut et fort : s’il vous plaît, arrêtez de construire des refuges, nous avons besoin de logements.
Le ministre du Logement explique que la Colombie-Britannique continue de faire valoir [auprès du fédéral] qu’elle finance le logement à un taux disproportionné plus élevé que celui de toute autre province
et qu’elle demande au fédéral d’égaler ses investissements lorsqu'il s'agit de logement pour des Autochtones.
Les Autochtones touchés de manière disproportionnée
Cheri Jacobs, une des membres du projet, a partagé son expérience, en tant que femme Saulteaux-Ojibwé/Crie et survivante de la rafle des années 60. Beaucoup de mes problèmes de santé mentale venaient d’une maladie spirituelle due à la séparation de ma culture, de mon peuple et de ma langue
, explique l’ancienne travailleuse d’approche.
Cheri Jacobs fait partie des membres du Housing Justice Project qui a publié un rapport sur l'itinérance et l'accès au logement dans le Grand Victoria, le 7 mai 2024. Elle est venue raconter son expérience avec l'itinérance.
Photo : Radio-Canada / Mélinda Trochu
Elle se remémore avoir eu peur de mourir à Nanaimo une nuit glaciale où il s’était mis à neiger. La combinaison du froid et de [ma] détresse mentale a été dévastatrice.
Cette nuit-là, dit Cheri Jabobs, elle a été arrêtée par une policière méprisante
.
Cheri Jacobs explique faire désormais partie du Housing Justice Project pour enseigner aux gens comment le colonialisme provoque l’itinérance
.
La réconciliation et l’itinérance ne peuvent pas coexister.
Je travaillais, donc je ne pensais pas que je finirais un jour dans la rue
, se souvient Cheri Jacobs. Désormais, elle a un logement et aimerait que les gens comprennent que les refuges d’urgence ne protègent pas les personnes des dangers de l’itinérance
. Il faut, dit-elle, des logements pour tous, et maintenant
.
Ailleurs sur le web :
- Le rapport (Nouvelle fenêtre) (en anglais)
Avec des informations de Kathryn Marlow