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Près de 2 M$ pour transporter des dépouilles du Nord-Ouest à Toronto en 2022

Un corps nu recouvert d'un drap blanc dans le réfrigérateur d'une salle d'autopsie.

Alors que 306 autopsies ont pu être faites en 2022 à Thunder Bay ou à Kenora, elles auront toutes lieu à Toronto dès juin 2023. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Darrin Klimek

En 2022, la province a réglé une facture de près de 2 millions de dollars pour transporter des dépouilles nécessitant une autopsie médico-légale de Thunder Bay ou Kenora jusqu'à Toronto, affirme Stephanie Rea, gestionnaire des enjeux au Bureau du coroner en chef et Service de médecine légale de l’Ontario.

Le coût d’un aller-retour entre Thunder Bay ou Kenora et Toronto? En moyenne, entre 4 000 $ et 7 000 $, indique Mme Rea dans un courriel.

Ainsi, la province aurait déboursé environ 1,5 million de dollars pour les transports de Thunder Bay et environ 400 000 $ pour ceux de Kenora, précise-t-elle.

Les transferts du Nord-Ouest à Toronto sont effectués par une ligne aérienne commerciale, Air Canada Cargo, qui confirme assurer le transport de dépouilles mortelles, et parfois par des avions des services policiers ou des vols privés, selon les besoins, explique Mme Rea.

Un montant troublant, s’exclame la députée provinciale de Thunder Bay—Supérieur Nord, Lise Vaugeois. Ça coûte trop d’argent pour [transporter] les cadavres à Toronto et le résultat est que cela entraîne des délais trop [longs].

Un portrait de Lise Vaugeois.

La députée néo-démocrate de Thunder Bay - Supérieur Nord, Lise Vaugeois

Photo : Avec la permission du bureau de la députée Lise Vaugeois

Lorsque questionnée sur ce sujet, Mme Vaugeois remet de l’avant l’importance de mettre en place une unité de médecine légale à Thunder Bay comme l'a recommandé en 2018 le rapport du Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police.

La pointe de l’iceberg

Cette somme pourrait être plus élevée, avance Mme Rea, car toutes les dépenses ne sont pas prises en compte. Il faudrait notamment ajouter des frais associés à l’achat de sacs mortuaires très solides ou de caisses de transport, lorsque nécessaire, nuance-t-elle.

Et puisque toutes les autopsies médicolégales du Nord-Ouest de l’Ontario seront effectuées à Toronto dès juin 2023, ce montant risque fort d’augmenter.

En effet, toujours en 2022, 148 autopsies médicolégales ont pu être menées à Thunder Bay et 158 à Kenora, selon les données transmises par Mme Rae et Charlene Kissick, planificatrice des projets communautaires et directrice de gestion de marque à l’Hôpital Lake of the Woods District de Kenora.

Un rapide calcul permet d'établir que ces 306 autopsies auraient pu coûter entre 1 224 000 $ (306 x 4 000 $) et 2 142 000 $ (306 x 7 000 $) exclusivement en frais de transport si elles avaient été menées dans la Ville Reine.

Plus tôt cette année, le Centre régional des sciences de la santé de Thunder Bay a exprimé son intention de cesser la tenue de toutes les autopsies médicolégales dès juin 2023.

À l'hôpital de Kenora, les autopsies ont cessé fin 2022 en raison du départ à la retraite de deux pathologistes, explique Charlene Kissick.

Pour le moment, l’hôpital n’a pas été en mesure de recruter un nouveau pathologiste pour les remplacer.

Facture salée pour la police

L’envoi des dépouilles mortelles à Toronto ralentit le déroulement des enquêtes, note l’inspecteur de l’unité des enquêtes du Service de police de Thunder Bay (SPTB), Jeremy Pearson, mais a aussi un impact sur le budget du SPTB.

Jeremy Pearson donne un point de presse.

Pour l'inspecteur Jeremy Pearson du Service de police de Thunder Bay, le véritable coût est celui de perdre l'expertise d'agents qualifiés sur le terrain alors qu'ils sont à Toronto. (Photo d'archives)

Photo : Avec la permission du Service de police de Thunder Bay

En 2022, 16 scènes de crimes ont dû être maintenues plus longtemps pendant que les corps étaient à Toronto, soutient Scott Paradis, responsable des relations avec les médias au SPTB.

Par ailleurs, il ajoute que 14 de ces enquêtes ont nécessité qu’un agent de police technique, membre de la division d’identification judiciaire, accompagne le corps afin de documenter l’autopsie et de saisir les éléments de preuve.

Que la tenue d’autopsies médicolégales prenne encore plus de temps, c’est vraiment ajouter de l’huile sur un feu qui brûle déjà.

Une citation de Lise Vaugeois, députée provinciale néo-démocrate de Thunder Bay—Supérieur Nord

Ces opérations ont engendré des coûts totalisant 305 525 $ :

  • 258 461 $ en heures supplémentaires pour la retenue des scènes de crime;
  • 47 064 $ en frais de voyage pour les agents de police technique.

L'inspecteur Jeremy Pearson affirme que ces sommes sont essentielles afin de ne pas compromettre l'intégrité des enquêtes menées par son service, mais concède que le SPTB débourse des sommes importantes pour préserver les lieux de crime.

Si les autopsies médicolégales avaient lieu ici [à Thunder Bay] ou étaient conclues plus rapidement, ces coûts seraient moins élevés.

Une citation de Jeremy Pearson, inspecteur à l'unité des enquêtes du SPTB

Et 2023 ne s’annonce guère mieux. M. Pearson s’attend à ce que ces frais soient semblables, sinon plus élevés [...] notamment parce qu’il n’y en aura plus [d’autopsies réalisées localement].

Si les autopsies médicolégales étaient faites à Thunder Bay, les agents pourraient consacrer le reste de leur temps de travail à traiter les pièces à conviction, à écrire des rapports et à accomplir toutes les tâches que nous leur demandons d’accomplir.

Une citation de Jeremy Pearson, inspecteur à l'unité des enquêtes du SPTB

Les coûts cachés sont ainsi ceux qui l’inquiètent le plus.

Les agents [qui accompagnent les corps à Toronto], même s’ils ne font pas d’heures supplémentaires [...] ils ne sont pas disponibles pour les autres tâches, se désole-t-il.

Il s’agit d’un trou béant pour notre service lorsqu’on doit envoyer à Toronto des agents de police techniques hautement qualifiés, ajoute l'inspecteur.

Le ministère du Solliciteur général nous a invités à diriger toute question en lien avec ce sujet au Bureau du coroner en chef et Service de médecine légale de l’Ontario.

Une fois les chiffres obtenus de la part de ce dernier, aucune réponse à nos demandes d’entrevue n’avait été reçue au moment de publier.

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