L’appel à l’aide de Deanna Stellato-Dudek

Champions du monde le mois dernier, à Montréal, les patineurs artistiques Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps voient leur rêve olympique être coincé dans les dédales administratifs du ministère canadien de l’Immigration.

Stellato-Dudek, native de Chicago, vit au Canada depuis 2019. Elle a déjà obtenu son Certificat de sélection du Québec (CSQ) et sa résidence permanente, mais elle doit être citoyenne canadienne afin de représenter le pays à Milan-Cortina, en 2026, selon la règle 41 de la Charte olympique.

La trop récente obtention de sa résidence permanente met en péril cet objectif, qui pourrait bien être une chance unique pour la patineuse de 40 ans, revenue à la compétition en 2016 après 16 ans d’absence. Une exemption discrétionnaire du ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, est la seule avenue envisageable.

Je suis très stressée. J’habite ici depuis 2019, mais les délais d’attente pour les examens, la citoyenneté et le passeport sont longs. J’ai besoin d’aide. Je ne veux pas priver Maxime des JO. Je veux la citoyenneté bientôt, a-t-elle déclaré sur le plateau de Tout le monde en parle, dimanche.

Leur prestation a charmé Montréal aux mondiaux. Le total de 221,56 points obtenu à l’épreuve en couple représente un sommet pour le duo cette année. Le premier ministre avait pris soin de souligner l’exploit.

Je remercie M. Trudeau pour ce message, mais j’ai besoin de la citoyenneté. Bonjour M. Trudeau, j’adore le Canada, je parle français!

Cet appel au premier ministre, devant 742 000 téléspectateurs, n’est pas passé sous silence. Lundi, une pétition a été lancée par une citoyenne et comptait 2400 signataires en date de mercredi. Un geste parmi tant d’autres qui pourrait permettre à Stellato-Dudek de renforcer une candidature relevant d’une contribution extraordinaire selon son avocat, Me Patrice Brunet.

Elle est un modèle d’inspiration pour les jeunes et les moins jeunes que lorsqu’on se fixe un rêve, on est capable de l’atteindre quand on se donne les moyens, souligne-t-il. On demande au gouvernement canadien de le reconnaître. Ça concorde avec les valeurs canadiennes de se dépasser, de se fixer un rêve et de l’atteindre. En ce sens, si on peut démontrer au ministre que la population est derrière elle, ce sera un élément de plus pour l’aider.

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Une première demande, jugée trop hâtive, avait été envoyée au ministère il y a six mois. Maintenant que le duo est champion du monde, Me Brunet a cru bon de la réitérer, plaidant que pour assurer la paix d’esprit pendant leur préparation pour les JO, le processus doit aboutir un certain temps avant l’arrivée à Milan-Cortina. Il rencontrera Marc Miller vers la fin de la semaine à cet effet.

La paix d’esprit est aussi importante que la performance. En fait, elle est associée à la performance. Et la performance, ce n’est pas une fois par année ou une fois aux quatre ans, c’est tous les jours à l’entraînement, soulève l’avocat.

La réitération de la demande après la conquête du titre mondial, admet-il, n’est pas un hasard.

C’est un élément déterminant qui est important pour démontrer que ce ne sera pas donné à quelqu’un qui ne sera pas performant par la suite, dit Me Brunet. [Stellato-Dudek et Deschamps] ont prouvé qu’ils pouvaient être performants au plus haut niveau. Et tous les acteurs du patinage artistique professionnel s’entendent pour dire qu’ils sont un espoir de médaille.

Contacté par Radio-Canada Sports, le ministère de l'Immigration a indiqué ne pas pouvoir commenter de cas spécifiques en raison des lois sur la protection de la vie privée.

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Des enjeux d’immigration ont déjà compromis la participation d’autres athlètes d’ici aux JO. La bobeuse native de Calgary Kaillie Humphries avait obtenu sa citoyenneté américaine moins de trois mois avant les Jeux de Pékin et après plus de deux ans d’activité dans ses nouvelles couleurs.

De son côté, le clan de la surfeuse Erin Brooks avait, comme celui de Stellato-Dudek, fait appel au ministre canadien de l’Immigration afin d’accélérer le processus dans le but de participer aux Jeux de Paris. La surfeuse de 16 ans est née au Texas et a grandi à Hawaï, mais son grand-père a vécu à Montréal et son père Jeff a la double nationalité américaine et canadienne. Brooks a finalement obtenu sa citoyenneté en janvier, mais n’a pas réussi sa qualification deux mois plus tard.