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L’ajout de messages dissuasifs sur les cigarettes commence aujourd’hui

Photo d'un paquet de cigarettes portant des messages.

Le Canada est le premier pays à exiger l'impression d'avertissements contre le tabac sur chaque cigarette. Le Canada fut aussi le premier à obliger les fabricants à ajouter des avertissements et des photos sur les paquets et cartouches de cigarettes.

Photo : Health Canada

Stéphane Bordeleau, journaliste à Radio-Canada.ca
Stéphane Bordeleau

Après les avertissements et les photos peu ragoûtantes sur les paquets de cigarettes, les fumeurs canadiens verront à compter d’aujourd’hui des messages dissuasifs imprimés sur chaque cigarette long format (king size). Le format régulier héritera des mêmes messages d’ici janvier prochain.

D’ici au 31 juillet prochain, toutes les cigarettes grand format vendues chez les détaillants devront porter l’un de ces messages sur leur filtre :

  • Du poison dans chaque bouffée
  • La cigarette endommage vos organes
  • La cigarette cause le cancer
  • La fumée du tabac nuit aux enfants
  • La cigarette cause l’impuissance
  • La cigarette cause la leucémie

Premier pays dans le monde à avoir exigé l’impression d’avertissements et de photos sur les paquets de cigarettes – une mesure adoptée par 130 pays –, le Canada récidive cette fois en portant l’information sur les méfaits du tabac sur chaque cigarette.

Plusieurs gouvernements, dont celui de l’Australie, ont démontré de l’intérêt pour cette nouvelle arme de la santé publique canadienne contre le tabagisme décrétée en août 2023 (nouvelle fenêtre).

Quelques exemples de messages ou de couleurs censés dissuader les fumeurs, proposés par l'Université d'Otago, en Nouvelle-Zélande.

Quelques exemples de messages ou de couleurs censés dissuader les fumeurs, proposés par l'Université d'Otago, en Nouvelle-Zélande.

Photo : Radio-Canada

Mais à quoi bon imposer cette mesure supplémentaire alors que la publicité du tabac est déjà interdite partout au pays et que la totalité des paquets et cartouches de cigarettes sont déjà recouverts de mises en garde et de photos de maladies liées au tabagisme?

Les jeunes fumeurs

Cette mesure est en fait destinée aux jeunes, explique le Dr Mathieu Simon, pneumologue, intensiviste et chef des soins intensifs à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ).

Ça vise essentiellement les jeunes qui commencent à fumer des cigarettes qu’ils empruntent, a expliqué le médecin au micro de l’émission Tout un matin, sur les ondes d’ICI Première.

C’est rare qu’un jeune de 13 ou 14 ans va aller s’acheter un carton de cigarettes au dépanneur. Ils vont avoir une cigarette d’un de leurs amis, d’un de leurs proches et, de cette façon-là, ils évitent les messages pour le moins rébarbatifs qui sont sur les paquets.
Une citation de Dr Mathieu Simon, pneumologue, intensiviste et chef des soins intensifs à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec

Or, en inscrivant les messages directement sur les cigarettes, tous les fumeurs, sans exception, pourront les voir.

Questionné sur l’efficacité de la mesure, le Dr Simon explique que ce n’est pas une panacée en soi, mais que son efficacité réside dans l’ensemble des mesures et restrictions qui entourent l’usage du tabac au pays.

Je pense que c’est une bonne mesure. Est-ce que ça va changer complètement la donne? Par cette mesure-là uniquement, non, mais ça s’inscrit dans un plan qui, jusqu’à maintenant, semble produire ses effets.

Des gains importants

À la fin des années 1990, le Canada comptait près de 26 % de fumeurs âgés de plus 15 ans. Cette proportion est aujourd’hui de 12 %, soit tout de même 4 millions de personnes au pays.

C’est immense comme accomplissement et ça ne s’est pas fait avec juste une modalité, estime le médecin.

C’est long 25 ans pour couper de moitié le tabagisme au Québec et au Canada. Mais c’est quand même gigantesque quand on considère qu’à peu près 25 % des morts au Québec sont dépendants d’une façon ou d’une autre de la cigarette, souligne le Dr Simon.

L’objectif de la santé publique canadienne est à l’avenant avec une cible de 5 % de fumeurs d’ici 2035.

Même s’il perd du terrain, le tabagisme demeure l’une des causes les plus importantes d’hospitalisation au Canada. Au Québec seulement, le tabac représente une dépense de 2,5 milliards de dollars par an en soins de santé.

Plan rapproché de la main d'un fumeur tenant une cigarette allumée.

Les fumeurs accumulent des mutations dans les cellules de leurs poumons à un rythme 3 fois plus élevé que les non-fumeurs.

Photo : getty images/istockphoto / Zhang Rong

Il y a 65 % des fumeurs qui vont mourir d’une maladie liée au tabac.
Une citation de Dr Mathieu Simon, pneumologue, intensiviste et chef des soins intensifs à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec

En ce qui a trait au vapotage qui gagne du terrain chez les jeunes, le Dr Simon invite à la prudence tout en soulignant que vapoter, même si la pratique semble moins nocive que la cigarette, n’enraye pas les effets de la dépendance.

Le vapotage, c’est relativement récent, médicalement parlant. On ne sait pas quelles en seront les conséquences à long terme. À court terme, on sait que c’est très irritant pour les bronches. Ça ne semble pas en ce moment être associé à des cancers, mais on ne sait pas ce que ça donne sur le reste de la santé cardiovasculaire, prévient-il.

Le médecin ajoute que d’induire des comportements de dépendance à un jeune âge prédispose les fumeurs ou les vapoteurs à d’autres types de dépendances plus tard dans leur vie.

Stéphane Bordeleau, journaliste à Radio-Canada.ca
Stéphane Bordeleau

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