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Un projet de recherche pour mesurer la santé mentale des pêcheurs

Une pancarte sur laquelle est écrit : mort de la pêche et des villages côtiers lors d'une manifestation de pêcheurs de crevette à l'hiver 2024.

Les résultats du projet de recherche pourraient améliorer la résilience des communautés touchées. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Un projet de recherche de l’Université Laval est en cours pour évaluer l'effet des changements climatiques et des contraintes liées au métier sur la santé mentale des pêcheurs de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.

Les chercheurs feront bientôt parvenir à ces derniers un questionnaire pour mesurer leurs connaissances sur les changements climatiques et comment ceux-ci les touchent.

Les chercheurs de l'Université Laval ont aussi assisté ces derniers mois à des groupes de discussion et à des ateliers sur la résilience aux Îles-de-la-Madeleine et à Rivière-au-Renard, à Gaspé, où les pêcheurs de crevettes font face à une crise sans précédent en raison de la diminution des stocks et la hausse des températures de l’eau.

L’impression qui se dégage des entrevues qu’on a faites pendant ces premiers mois de collecte, c’est que personne ne sait où on s’en va. Il y a beaucoup d’incertitudes. La science n’est pas exacte en matière de changements climatiques et d’évolution de la biodiversité dans le golfe [du Saint-Laurent] et il se dégage une impression d’improvisation, explique Isabelle Goupil-Sormany, professeure à l’Université Laval en médecine sociale et préventive et chercheuse principale du projet.

Isabelle Goupil-Sormany accorde une entrevue à Radio-Canada à l'extérieur, sur le campus de l'Université Laval, en automne.

La Dre Isabelle Goupil-Sormany (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Mme Goupil-Sormany ajoute que beaucoup de pêcheurs sentent aussi que leur expertise du monde maritime et des mouvements d’espèces ne sont pas pris en compte par les instances gouvernementales.

Ils ne savent pas s’ils sont écoutés et ça, ça joue beaucoup sur la santé mentale, dit-elle. J’ai eu 16 pêcheurs en entrevues et ils me disent tous : "C’est moi qui est sur l’eau", ajoute la chercheuse.

Ils aimeraient ça contribuer à la connaissance et on leur dit, non, vous êtes biaisés. C’est comme si on n’accordait pas de crédibilité à leur expertise, et ça, ce n’est pas bon pour la santé mentale.

Une citation de Isabelle Goupil-Sormany, chercheuse principale

Elle note également une vaste préoccupation pour le futur des métiers de la pêche et le manque de reconnaissance de leur importance culturelle et économique.

Des contraintes multiples

En plus de se concentrer sur l’effet des changements climatiques, le projet de recherche compte aussi mesurer l’effet sur la santé mentale des problèmes d’accès à la ressource et les risques de blessures et traumatismes sur les bateaux, notamment le bris de matériel et les enjeux liés à la sécurité.

Il y a énormément d’éléments de contrainte qui ne sont pas forcément liés aux changements climatiques et qui nécessitent qu’on en discute, lance Isabelle Goupil-Sormany.

Un crevettier au soleil couchant.

Un crevettier au large (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté : Martin Elément

L’impact des importantes contraintes financières sur les pêcheurs qui doivent souvent faire des prêts de plusieurs millions de dollars et l’effet des contraintes psychosociales, comme de ne pas se sentir écouté, font aussi partie des sujets à l’étude.

On a les contraintes psychosociales à l’intérieur des bateaux, mais aussi avec les autorités, que ce soit Pêches et Océans Canada ou le MAPAQ. Des fois, ce sont des relations favorables, mais on sent que toute la question de la réglementation des quotas, la gestion des pêches est aussi un fardeau très important, explique Isabelle Goupil-Sormany.

Les permis sont aussi de plus en plus complexes, de plus en plus difficiles à faire respecter. Il y a de plus en plus de mesures de contrôle, ajoute la chercheuse.

Une première du genre

La chercheuse précise qu’il s’agit d’une des premières études du genre pour le secteur des pêches au Québec.

Mme Goupil-Sormany fait un parallèle avec les études ces dernières années dans le secteur agricole qui ont permis de mettre en lumière la détresse profonde de nombreux agriculteurs et de mettre en place des moyens de s’y attaquer, alors que le phénomène avait longtemps été passé sous silence.

Mon but est de mettre des faits mesurés et mesurables sur un ressenti bien réel, ajoute Isabelle Goupil-Sormany.

Le fait de le documenter, de le publier et de le diffuser, ça accorde une crédibilité, précise la chercheuse.

Elle estime aussi que d’avoir un observateur neutre, ça aide à nommer les enjeux sans que des intérêts soient en cause.

Prochaines étapes

Une fois les entrevues terminées, Mme Gouil-Sormany compte diffuser une partie des résultats préliminaires d’ici l’été.

À partir de cette première série d’entretiens, on va faire des constats et observations, et on va retourner valider auprès des pêcheurs s’ils sont d’accord avec les constats, s’ils font la même lecture, mais aussi quels genres de solutions ou d’activités d’animation dans la communauté, ils aimeraient voir.

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