Création de la Zone bleue : « Il manque des conditions », dit le ministre Fitzgibbon

Le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie (MEIE), Pierre Fitzgibbon, a affirmé que les conditions nécessaires à la création d'une zone d'innovation bleue à Rimouski et à Grande-Rivière ne sont pas encore réunies.

C'est ce qu'il a répondu la semaine dernière lors de l'étude des crédits budgétaires à Québec à une question posée par la députée libérale de Jeanne-Mance–Viger, Filomena Rotiroti, sur l'avancement du processus de création de cette zone.

C'est une zone qui pourrait devenir potentiellement une zone d'innovation. Il manque des conditions.

On a un chef de projet, Martin Beaulieu, qui travaille avec les forces vives académiques de l'Université du Québec à Rimouski. On a une notoriété dans le domaine halieutique au Québec, dont on veut en profiter. On a un ou deux projets sur lesquels on travaille, des projets privés. Et, si les projets privés se matérialisent, effectivement, il pourrait y avoir une zone d'innovation, a poursuivi le ministre.

Pierre Fitzgibbon a aussi affirmé qu'en 2024, deux zones d'innovation devraient être annoncées, sans vouloir préciser lesquelles.

Dans des documents obtenus par la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics, Radio-Canada a appris que la confirmation de deux investissements, l'un international et l'autre régional, est requise pour la création d'une zone d'innovation. Ces investissements doivent toucher l'une ou l'autre des thématiques visées, soit les bioressources marines et le génie océanique.

Le président-directeur général de la Zone bleue et de Novarium, Martin Beaulieu, a confirmé en entrevue qu'il s'agit là de la recette pour la création d'une zone d'innovation.

Il y a comme une recette idéale où oui, ça prend un investissement direct étranger. Donc, des gens hors Québec qui viennent investir. Des investisseurs québécois du privé et de l'académique aussi. Ils veulent un mélange de ça, explique M. Beaulieu.

Dans le pipeline de projets qui sont relativement prêts, on répond, à la compréhension que j'en ai, à ces critères-là.

Martin Beaulieu se fait rassurant et soutient qu'à son avis, le projet de zone d'innovation progresse bien.Nous, le signal qu'on a, c'est que les devoirs des promoteurs de la zone et des partenaires de la zone sont faits.

Développement d'une expertise en drones sous-marins

Dans les documents qu'elle a obtenus, Radio-Canada a aussi appris qu'un Centre d'innovation en spécialités de drones sous-marins est aussi en cours d'élaboration, en lien avec la création probable de la zone d'innovation bleue.

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C'est l'un des volets. [...] Tout ce qui est relié à la navigation intelligente et au génie océanique. Il y a effectivement une thématique, au niveau du génie océanique, qui porte sur les drones de surface, les drones sous-marins, confirme Martin Beaulieu.

Il ajoute que des partenaires ont démontré de l'intérêt à venir tester leurs équipements dans la région. C'est une thématique extrêmement porteuse pour laquelle on a l'expertise, pour laquelle les gens veulent venir nous voir parce qu'on a beaucoup de données historiques. Puis, on a un terrain de jeu exceptionnel. Donc, ils peuvent tester leurs équipements l'été, l'hiver, précise-t-il.

La situation à la SOPER et à Novarium pourrait-elle nuire à la création de la Zone bleue?

La Ville de Rimouski et la MRC de Rimouski-Neigette ont dénoncé, dans une lettre envoyée en février à la Commission municipale du Québec (CMQ), des « actes potentiellement répréhensibles » qui auraient été commis à la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER) et au Novarium. Cette dénonciation fait suite à une enquête de la Ville et de la MRC sur les dépenses et la gouvernance des deux organismes. De leur côté, les représentants de ces organismes se sont défendus d'avoir commis quelque manquement.

La SOPER est majoritairement financée par la Ville et la MRC. En échange, elle agit pour elles en matière de promotion économique et touristique. Le Novarium est un organisme fondé par la SOPER qui travaille au développement de l'économie bleue.

Les activités et les finances des deux organismes ont été séparées au début de 2024.

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En entrevue à l'émission Même Fréquence la semaine dernière, le maire de Rimouski et président du C. A. de la SOPER, Guy Caron, a soutenu que les ministères de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie et des Affaires municipales ont été tenus au courant du processus de séparation des deux entités puisqu'ils ont tous deux offert des aides financières pour le développement de Novarium et de la zone d'innovation.

On les a tenus informés du fait qu'on a fait une dénonciation [à la CMQ], effectivement. Et, en ce sens-là, on a vraiment voulu leur dire : "Écoutez, on sait que ça peut nous nuire, pour la zone d'innovation, mais vous avez besoin de le savoir. On ne veut pas vous surprendre avec ça". Alors, on les a tenus au courant et je pense que c'est un geste qui a été apprécié de leur part, a affirmé Guy Caron.

Lorsqu'on a des situations comme la Commission municipale qui est interpellée sur une situation de gouvernance, bien ça peut rendre quelqu'un frileux.

Le maire de Rimouski indique que le projet de zone d'innovation reste souhaitable et désiré. Il espère voir sa création annoncée prochainement.

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De son côté, Martin Beaulieu voit d'un bon œil la séparation de Novarium et de la SOPER en vue de la création de la zone d'innovation.

Je pense que ça aide que Novarium soit maintenant complètement indépendant. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'avais quitté [la direction de la SOPER] aussi en juin [parce que] Novarium et la Zone sont des mandats nationaux. Ça peut faire un peu désordre, quand j'étais PDG de la SOPER [qui a un mandat plus local], de travailler avec la contrepartie gaspésienne [Grande-Rivière]. Donc, je pense qu'à terme, c'est positif. Ce n'est pas négatif, explique M. Beaulieu.

Cela dit, messieurs Caron et Beaulieu s'entendent pour dire que l'annonce officielle de la création de la Zone bleue est très attendue dans la région.

Tout semble positif. J'ai entendu dire qu'il y a certains investisseurs qui vont venir ici au moins de juin. Est-ce que ça va être l'annonce? On ne le sait pas, mais [selon] des contacts qu'on a avec des gens responsables des zones d'innovation au gouvernement du Québec, Rimouski figure encore avantageusement dans les plans pour l'attribution des zones d'innovation, affirme Guy Caron.

Joint au téléphone, le maire de Grande-Rivière, Gino Cyr, a lui aussi indiqué que les préparatifs en vue de la création de la Zone bleue vont bon train.