Projet de mini-hôpitaux privés : Québec opte pour les soins gériatriques

Les deux mini-hôpitaux privés promis par le gouvernement Legault pour contribuer à désengorger les urgences des hôpitaux seront construits ou aménagés dans des locaux existants dans l'est de Montréal et la région de Québec sous la forme d'urgences spécialisées en gériatrie.

Promis lors de la dernière campagne électorale, ces deux premiers mini-hôpitaux, dont la construction et la gestion seront entièrement confiées au secteur privé, seront destinés exclusivement aux aînés. En raison du vieillissement de la population et de la surreprésentation des personnes âgées dans les urgences des hôpitaux, ce choix tombait sous le sens pour le gouvernement.

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Un des enjeux, c’est l’accès à nos urgences, particulièrement avec le vieillissement de la population, donc c’est une action qui est très ciblée vers la clientèle vieillissante.

Selon Youri Chassin, adjoint parlementaire du ministre de la Santé, ces mini-hôpitaux constitueront un tout nouveau modèle de soins et de services spécialisés pour les patients qui ont des urgences mineures ou qui doivent être hospitalisés pour des séjours de courte durée. On veut que la qualité des soins [aux aînés] soit nettement meilleure, souhaite le député caquiste de Saint-Jérôme.

L'état de santé des personnes âgées a tendance à se détériorer rapidement dans les urgences bondées des hôpitaux en raison des conditions d’hospitalisation difficiles et des longues heures d’attente.

À ce moment-là, on se retrouve à devoir attendre une place en hébergement pour eux. On va les garder à l’hôpital même si ce n’est plus nécessaire qu’ils y soient, en attente d’une place. Tout ce processus-là, on veut l’éviter aux aînés, a expliqué M. Chassin lors d'une entrevue accordée à l'émission Tout un matin, sur les ondes d'ICI Première.

On va diriger les aînés avec des urgences mineures vers ces mini-hôpitaux spécialisés qui vont pouvoir traiter spécifiquement cette clientèle-là […] qui dans le fond ne devrait pas se diriger vers l’hôpital, mais qui le fait parce que c’est la porte d’entrée qui leur reste.

Totalement gratuit pour les patients

Selon le modèle mis au point par Québec, les patients qui seront admis dans ces mini-hôpitaux n’auront strictement rien à payer. Tous les frais seront assumés par la Régie de l'assurance maladie du Québec.

C’est un peu le même principe qu’on a avec les GMF ou avec les pharmacies. La propriété de l’immeuble la plupart du temps est privée. Mais pour le patient, il ne voit pas la différence, il paie avec la carte d’assurance maladie, a expliqué le ministre de la Santé, Christian Dubé, en point de presse.

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Les patients devront quant à eux être au préalable dirigés vers les mini-hôpitaux par des professionnels de la santé, par le Guichet d'accès à la première ligne, par le 811, le 911 ou par les services ambulanciers.

Ces mini-hôpitaux ne seront pas que des cliniques, promet Québec. Ils devront aussi être équipés afin de prendre en charge des cas plus complexes.

Les équipes disposeront des outils requis, allant des tests diagnostiques sur place à la possibilité de garder des patientes et des patients en observation pour de courts séjours, même la nuit. Les mini-hôpitaux seront donc en activité 24 h par jour, tous les jours, et les nouveaux patients pourront être accueillis de 7 h à 22 h. Des chambres avec lits d'observation seront disponibles pour les personnes qui nécessitent un court séjour avant de rentrer chez elles, peut-on lire dans un communiqué publié par Québec.

Quant à l'avancement des projets, un appel d'intérêt a été lancé par le gouvernement en mars 2023. Au moins deux entrepreneurs s'étaient alors montrés intéressés.

Le mot privé résonne sur les bancs de l'opposition

Dans les rangs de l’opposition, le recours au privé en santé par le gouvernement en fait sourciller plus d’un. Notamment le député solidaire de Rosemont, Vincent Marissal qui constate que le réseau de la santé bascule de plus en plus vers le privé alors que les besoins sont importants dans le système public.

Moi, je ne peux pas croire qu'il va aller nous faire construire un hôpital privé ou une super mégaclinique gériatrique privée à côté de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont qui tombe en ruines.

Ça fait 10 ans qu'on en parle, puis, dans 10 ans, cet hôpital-là ne sera même pas encore construit. Alors, priorités aux bons endroits, on a besoin de monde dans le réseau public, le ministre l'a dit lui-même. Je lui demande d'arrêter de parler des deux côtés de la bouche puis de faire les efforts pour amener notre monde dans le réseau public.

Au Parti québécois, le député Joël Arseneau s’étonnait qu’il faille construire des hôpitaux privés pour prendre soin des personnes âgées au Québec.

Le secteur public s'est toujours occupé des personnes âgées et je pense que nous devrions investir. Si nous voulons investir dans des mini-hôpitaux, des cliniques ou autres, nous devons le faire avec des fonds publics pour le système public, a-t-il déclaré.

Pourquoi voulez-vous que les gens fassent des profits dans le domaine des soins de santé et des soins aux personnes âgées?

Au Parti conservateur du Québec, on se désole au contraire que le gouvernement ne soit pas allé de l’avant avec l’ouverture de nouveaux hôpitaux privés qui seraient de surcroît appuyés par des cliniques gériatriques du genre de celles qui ont été annoncées ce matin.

Pourquoi la CAQ s’acharne-t-elle à ne pas s’inspirer des meilleures pratiques internationales, incluant de multiples pays européens et d’Asie développés, demande le porte-parole en matière de Santé du Parti conservateur du Québec, le Dr Karim Elayoubi, dans un communiqué.