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Pénurie de dermatologues : l’Ontario fait face à une « crise », selon un médecin

L’Ontario compte environ 250 dermatologues selon le ministère de la Santé.

File de personnes qui attendent devant la clinique AvantDerm à Toronto en septembre 2023.

La clinique AvantDerm est située dans le quartier de la Distillerie à Toronto. Il s'agit d'une clinique sans rendez-vous qui offrent plusieurs services en dermatologie.

Photo : Radio-Canada

L'Ontario fait face à une « crise » en raison du manque de dermatologues et l'augmentation de la demande pour ces médecins spécialisés. Voilà le constat du Dr Davindra Singh, fondateur de la clinique de dermatologie torontoise AvantDerm.

La situation à la clinique du Dr Singh, dans le quartier de la Distillerie, illustre l'enjeu. Chaque matin, des dizaines de patients attendent en file, une ordonnance en main, dans l’espoir de consulter un médecin sans rendez-vous.

Sans quoi les patients disent devoir attendre des mois avant de rencontrer un dermatologue.

La demande a toujours été présente à la clinique AvantDerm car personne ne fait ce que nous faisons, dit son fondateur. La clinique torontoise est l'une des seules au pays à offrir des services de dermatologie sans rendez-vous.

Si nous ne les voyons pas, [les patients] se retrouvent dans les services de soins d'urgence et sont ballottés d'un endroit à l'autre. Cette tendance est inquiétante, mais elle est bien réelle.

Une citation de Dr Davindra Singh, dermatologue et fondateur de la clinique AvantDerm
Le Dr Davindra Singh en août 2023.

Le Dr Davindra Singh a ouvert la clinique AvantDerm en 2010. Avant cela, il était médecin de famille dans le nord de l'Ontario, puis urgentologue.

Photo : Radio-Canada

Une file d'attente de 20 mètres

Deborah Tsagris a reçu une ordonnance en mars et a un rendez-vous pour une consultation en dermatologie en février 2024, près d’un an plus tard. C'est décevant que nous en soyons là avec la pénurie de médecins, dit-elle.

Elle s’est rendue à la clinique à 6 h 30 dans l’espoir de rencontrer un dermatologue. À 7 h 45, 15 minutes avant l'ouverture, elle est cinquième en ligne, suivie d’une cinquantaine de personnes.

Il s’agit de sa deuxième tentative pour rencontrer un spécialiste. Il y a deux semaines, elle est arrivée 30 minutes avant l’ouverture, mais il était trop tard. C’est évident qu’il y a un besoin pour plus de dermatologues, note-t-elle.

David Besant est arrivé à 7 h 30. La dernière fois je suis arrivée à 8 h 15 et lorsque j’ai vu la file j’ai abandonné tout de suite, raconte-t-il.

Selon lui, cela prendrait au moins quatre mois pour avoir un rendez-vous dans une autre clinique.

J'ai certainement besoin de soins d'urgence, dit-il. Puisqu'ici c'est ouvert au public selon le principe du premier arrivé, premier servi, j'ai décidé de me joindre à cette file d'attente, poursuit-il. Il estime que la pénurie est grave et souhaiterait que plus de cliniques comme AvantDerm existent.

David Besant devant la clinique AvantDerm en septembre 2023.

David Besant en est à son deuxième essai pour voir un dermatologue à la clinique AvantDerm. Selon lui, le temps d'attente pour obtenir un rendez-vous dans une autre clinique est d'environ quatre mois.

Photo : Radio-Canada

Oussama Tabbara est du même avis. J'ai cette chose dans le dos, je ne sais pas si c'est cancéreux ou non, confie-t-il. Il est très anxieux et croit qu’il faut plus d’options pour les patients.

Laissez-moi payer, je paierai volontiers 100 $ pour savoir si c'est cancéreux ou non, lance-t-il. Mon temps, ma journée de travail, l'anxiété. Il doit y avoir une autre option.

On dit que les soins de santé sont gratuits au Canada, mais vous les payez avec votre temps ou votre santé mentale, sans parler de vos impôts.

Une citation de Oussama Tabbara
Oussama Tabbara devant la clinique AvantDerm à Toronto en septembre 2023.

Oussama Tabbara a obtenu une référence il y a six semaines et n’a pas encore été rappelé pour un rendez-vous.

Photo : Radio-Canada

Une hausse significative de la demande

Le Dr Davindra Singh souligne que depuis quelques années et en particulier pendant la pandémie, la demande pour les services de dermatologie a augmenté de manière considérable .

Selon lui, plus de 100 personnes par jour attendent en ligne dès 5 h 30, alors que sa clinique ouvre à 8 h. Auparavant, une soixantaine de personnes arrivaient chaque jour vers 7 h 30.

L’Ontario compte environ 250 dermatologues. Selon les données les plus récentes de la province, le nombre a augmenté de 5,5 % de 2018 à 2021. La hausse est bien supérieure à la croissance de la population au cours de la même période, soutient le ministère de la Santé dans un courriel.

Le Dr Davindra Singh met un bémol sur ces chiffres. Selon lui, ce nombre n'est pas représentatif de la réalité, car plusieurs dermatologues travaillent à temps partiel et beaucoup offrent exclusivement certains types de services comme la chirurgie ou les soins esthétiques.

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Le Dr Sameh Hanna, porte-parole de l’Association canadienne de dermatologie et directeur médical à la clinique Dermatology On Bloor, souligne pour sa part que 35 % des dermatologues ontariens ont plus de 60 ans.

Si les choses ne changent pas, la situation ne sera pas meilleure dans dix ans. Ce sera pire, avertit-il.

Selon lui, la province devrait compter quatre dermatologues par 100 000 habitants alors qu’à l’heure actuelle, on en compte au moins deux fois moins.

Le modèle de la clinique AvantDerm est une bonne idée, mais n’est pas viable, affirme le Dr Sameh Hanna. Selon lui, ça ne peut pas être la solution à un problème systémique.

Clinique AvantDerm le 11 septembre 2023.

La clinique AvantDerm compte trois dermatologues et un chirurgien plastique. Le Dr Davindra Singh est le seul à y travailler à temps plein.

Photo : Radio-Canada

Nous avons de la pression des deux côtés

L'augmentation de la demande et la diminution de l'offre n'expliquent pas à eux seuls la crise. Davindra Singh note entre autres que beaucoup d’ordonnances viennent de prestataires de soins primaires qui n’ont pas beaucoup de formation en dermatologie et qui sont eux-mêmes aux prises avec une crise.

Nous voyons donc plus de patients qui devraient être pris en charge au niveau des soins primaires et nous n'avons pas assez de dermatologues pratiquant la dermatologie médicale, en particulier dans un contexte de soins aigus, indique-t-il.

Nous avons de la pression des deux côtés et c’est pourquoi ça devient une crise, soutient Davindra Singh.

Davindra Singh croit que la dermatologie doit être plus valorisée, mieux financée et rendue plus attrayante. Je pense que la dermatologie a toujours été négligée, conclut-il.

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